L'histoire se déroule au Chili. Soledad a quinze ans, Ricardo 18. C'est elle qui raconte. Il est membre du Mir, mouvement de la gauche révolutionnaire, elle est membre d'une fratrie de neuf frères et soeur issue d'un couple de paysans pauvres. Ils se rencontrent en août 1970 sur le campamento Rigoberto Zamora. Il est responsable de la toma, une occupation illégale de terrain sur laquelle se sont installées 360 familles dans l'espoir d'obtenir une maison. Elle fait partie des sin-casa, 60 000 familles vivant sous des tentes de fortune dans la périphérie de Santiago. Ils se marieront, auront deux enfants, s'impliqueront jour après jour dans les espoirs et les luttes de l'Unité populaire, mettant tout en oeuvre pour défendre ce bref interstice conquis par les humbles. Leur histoire d'amour, portée par l'enthousiasme des mille jours de la présidence de Salvador Allende, prendra tragiquement fin avec elle.
Maryse, une jeune lycéenne de 17 ans, décide de participer avec ses copains de lycée à une manifestation contre le fascisme et pour la paix en Algérie. Nous sommes à Paris, en 1962.
Après 8 ans de guerre, l´indépendance de l´Algérie devient inéluctable. L´OAS, regroupant dans ses rangs les fervents défenseurs du dernier bastion d´un empire colonial agonisant, multiplie les attentats à la bombe sur la capitale. Le 8 février, après 14 attentats, dont un blessant grièvement une petite fille de quatre ans, des manifestants se regroupent dans Paris aux cris de « OAS assassins », « Paix en Algérie ». La manifestation organisée par les syndicats est interdite par le préfet Maurice Papon. La répression est terrible. La police charge avec une violence extrême. Prise de panique, Maryse se retrouve projetée dans les marches du métro Charonne, ensevelie sous un magma humain, tandis que des policiers enragés frappent et jettent des grilles de fonte sur cet amoncellement de corps réduits à l´impuissance. Bilan de la manifestation : 9 morts, dont un jeune apprenti, et 250 blessés.
50 ans plus tard, Maryse Douek-Tripier, devenue sociologue, profondément marquée par ce drame dont elle est sortie miraculeusement indemne, livre son témoignage à Désirée Frappier. C´est une véritable histoire dans l´Histoire à laquelle nous invite l´auteur, restituant ce témoignage intime dans son contexte historique et tragique, tout en nous immergeant dans l´ambiance des années soixante : flippers, pick-ups, surboums, Nouvelle Vague, irruption de la société de consommation.
« Rien ne se passe jamais comme je l'imagine.
Sans doute parce que ma pre mière erreur fut une erreur de parcours. À 18 ans, « je suis montée à Paris» et Paris n'est pas Hollywood. » La vie sans mode d'emploi - Putain d'années 80 !, c'est la vie d'une fi lle qui se trompe de parcours, persuadée qu'une pluie de roses va tom ber du ciel le soir de l'élection de François Mitterrand.
Une fille qui, devenue mère, met de côté ses rêves pour créer une entreprise.
Une fille dont les espoirs se heurtent à la réalité du « tournant de rigueur » imposé par la gauche dès 1983.
La vie sans mode d'emploi, c'est aussi un clin d'oeil à Georges Perec pour une décennie qui s'écoule dans un immeuble parisien où chacun cherche son futur et se désole de son passé. « Nous vivons dans la brume, aux rythmes d'excellentes cassettes audio. Joe Jackson, Eurythmics, Ian Dury, The Clash, The Pretenders, Prince. se succè dent à toute vapeur, sonorisant notre quotidien en nous don nant la certitude de vivre dans un bio pic. Même si cette certitude n'est qu'une im pres sion, née dans la confu sion des sens.» Dans cette histoire faussement légère dont les véritables héroïnes sont ces Putain d'années 80, porteuses de tant de promesses qui fi niront par se vendre au plus offrant, Désirée et Alain Frappier mon trent une fois encore leur talent d'écri vain et de dessinateur.
Comme ils l'ont fait pour les années 60- 62 dans leur précédent livre Dans l'ombre de Charonne, ils ont puisé dans les archives des années 80 aussi bien pour les textes que pour les dessins.
Là où se termine la terre, c'est l'histoire de Pedro.
Là où se termine la terre, c'est l'histoire du Chili.
À travers l'enfance et l'adolescence de Pedro, on revit le bouillonnement d'un quart de siècle d'histoire chilienne, rythmé par la Guerre froide, la révolution cubaine et les espoirs qui accompagnent l'élection de Salvador Allende.
Avec tendresse et nostalgie, Désirée et Alain Frappier dressent le portrait d'un héros fragile et de sa terre du bout du monde.
A l'occasion des quarante ans de la loi Veil encadrant la dépénalisation de l'avortement, ce roman graphique traite du droit des femmes à disposer de leur corps et du libre choix de la maternité.