« La France filtre. Elle reçoit et elle tamise. De tous les côtés, elle est pénétrable. Ses ouvriers, sûrs d'eux-mêmes, se servent à droite et à gauche, comme si tout leur appartenait de droit. En art, il n'y a jamais lieu d'établir des factures et de s'inquiéter de ses dus. On va de l'avant, outil en main. Cette démarche est constante dans le pays composite et riche de contraires qu'est la France. Si on la néglige, si on cherche une définition de l'art français en dehors de ces mouvements d'acquisitions et de filtrage, on n'arrive qu'à une notion pauvre et plutôt décevante, qui s'épuise vite dans la célébration de la finesse et de la clarté. » Si le temps a manqué à André Chastel pour achever son introduction à l'Art français, son manuscrit, qui nous est parvenu sous la forme de fragments et de notes, constitue une contribution irremplaçable à notre connaissance de l'art français et, en dépit de son inachèvement, un des ouvrages les plus accomplis et peut être les plus novateurs du grand historien.
Le Tableau dans le tableau réunit deux des plus importants textes d'André Chastel publiés dans le célèbre Fables, Formes, Figures. André Chastel nous invite à une véritable enquête à travers l'histoire de l'art, qui s'ouvre au XVe siècle et se termine au XXe siècle. Il s'interroge sur la présence du cadre qui délimite aussi bien l'existence d'une oeuvre, que la présence d'un être, et qui devient «motif» chez Rembrandt, Vermeer, Velazquez ou Magritte. À travers une analyse passionnante, Le Tableau dans le tableau et La Figure dans l'encadrement de la porte chez Velazquez nous suggèrent une nouvelle manière de regarder la peinture.
Une synthèse de toutes les formes d'art de ce pays, y compris le cinéma et la photographie. Un ouvrage de référence avec de nombreux renseignements pratiques pour le visiteur.
Le sac de Rome n'étudie pas l'expédition guerrière du connétable de Bourbon qui a ravagé Rome, dernière manifestation des grandes razzias médiévales; ce qui intéresse André Chastel, professeur d'histoire de l'art au Collège de France, décédé en 1990, ce sont les retentissements de l'événement et ses significations symboliques, le bouleversement des esprits et de la production artistique. Pour la première fois dans l'histoire, au lendemain de l'invention de l'imprimerie, une «presse à sensation» intervient avec l'explosion des libelles, des estampes, des feuilles volantes répandus en France et en Allemagne, la diffusion dans le Nord germanique des pamphlets de propagande, qui dénoncent la Babylone diabolique de la Chrétienté. Toutes ces données qu'on avait jusqu'ici négligé de regrouper commandent la nouvelle étude du drame militaire, politique et religieux qui aboutit à la catastrophe sanglante de mai 1527. Vasari enregistrait comme un fait remarquable la dispersion des peintres, graveurs, architectes frappés par l'invasion de Rome et obligés de fuir à Gênes, à Sienne, à Venise ou même, comme le Rosso, en France. Et à sa suite, la tradition voulait que l'événement marquât le passage, en Italie, de la haute Renaissance au Baroque. Pour André Chastel, ce que le sac a tué, c'est plutôt la première naissance du maniérisme:une quantité d'oeuvres d'art ont été pillées, brisées, souvent perdues. Un style original et élégant se manifestait, dès 1525, dans les oeuvres de Pierino dei Vaga, de Peruzzi, de Polidoro, du Parmesan ou du Rosso, style clémentin inspiré d'un retour à l'antique et brisé en plein essor. La rentrée à Rome, en 1528, d'un pape qui porte la barbe pénitentielle marque le temps des réconciliations et des mesures expiatoires parmi lesquelles, à certains égards, Le Jugement dernier de Michel-Ange, conclusion riche en interprétations multiples sur la catastrophe. Statues, médailles, fresques et tombeaux:les oeuvres d'art révèlent la sanction durable du drame restitué dans sa complexité.
Dans les années 80, André Chastel s'attelle à l'étude du retable italien à travers une centaine de chefs-d'oeuvres, dispersés dans les musées du monde entier, souvent en plusieurs morceaux. À partir de cette étude, il dégage le rôle et l'influence du tableau d'autel durant les trois siècles les
plus éclatants de la peinture italienne. Parmi les grands maîtres évoqués : Masaccio, Mantegna, Bellini, Carpaccio, Titien... Un apport fondamental pour l'histoire de l'art italien.
Commentaires iconographiques : Christiane Lorgues, Marie-Geneviève de La Coste-Messelière avec la collaboration de Cécile Maisonneuve. Coordination scientifique : Gennaro Toscano
Il nest pas une place, pas une église, pas un coin de rue qui en Italie ne cache une uvre dart, dun grand maître ou dun obscur disciple. Qui aime à parcourir les ruelles de la péninsule a souvent limpression de flâner dans un musée à ciel ouvert André Chastel en fait ici une analyse fine et érudite, éclairée par lhommage quil rend au père des historiens de lart de la Renaissance italienne, Giorgio Vasari, digne précurseur quil semploya à faire découvrir en France.
Le génie de Léonard de Vinci, celui de Michel-Ange ressortent mieux sur le fond révélateur de l'Académie de Careggi, où Marsile Ficin règne en maître, évoquant sinon invoquant Platon. La culture platonicienne entretenue par Ficin - mais Cristoforo Landino ou Ange Politien sont tour à tour convoqués - délimite le contour d'un nouvel ordre artistique dont André Chastel, dans un travail de jeunesse qui engage déjà ses subtiles analyses d'histoire de l'art et des idées, rend raison avec passion. En quelques pages lumineuses, Jean Wirth donne à ce maître livre sa juste place dans une tradition historiographique qu'il a contribué à renouveler.
De 1945 à sa disparition, l'historien d'art André Chastel a été l'un des chroniqueurs du journal Le Monde les plus influents dans les domaines artistiques. Chacun de ses articles savait créer l'événement. Au fil des années, on y lit l'engagement d'un homme pour le patrimoine - n'est-il pas à l'origine de l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France en 1964 - mais aussi un homme qui vit avec son temps et s'engage en 1959 pour la sauvegarde de la villa Savoye, dès 1963 pour l'avenir des Halles, ou en 1985 pour l'installation du musée Picasso à l'hôtel Salé. À l'heure du centenaire de sa naissance, chacun de ses articles est un repère, toujours d'actualité. "L'amour [du patrimoine] se manifeste de façon instinctive dans la conscience des terroirs et de façon éclairée dans la démarche du savoir" écrivait-il...
La volonté réformatrice, qui se manifeste vers 1770-1780 chez les peintres et les architectes, se formule [...] avec bonheur à la veille de la Révolution ; elle lui fournit un cadre formel, et même ses arguments originaux. Des motifs, des manifestations, des fictions et des créations visionnaires naissent à la faveur des circonstances, mais à l'intérieur d'un système fortement établi. Avec des colorations diverses, cette orientation, cette doctrine vont se prolonger et s'accomplir dans l'art de l'Empire. À travers les formidables péripéties de l'époque, subsiste dans une continuité singulière une seule et même force organisatrice, qui impose son style au grand spectacle historique. André Chastel
Du Pré-Moyen Age à 1825, une histoire de l'art français dont chaque volume est agrémenté de notices biographiques des artistes : peintres, sculpteurs, architectes, graveurs, orfèvres, etc.
L'art français aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Une vision globale de l'époque, embrassant les conditions économico-sociales, politiques et intellectuelles et une analyse des créations artistiques françaises.
De la Révolution à l'Empire, l'art se veut sublime et vertueux. Il sert une France en soif d'absolu, où les formes de pouvoir s'abreuvent aux sources anoblissantes de l'Antique. Surgit ensuite une France "gothique" qui, confrontée à sa propre évocation, se prend elle-même au piège de l'éloquence.
Charmant, généreux, fastueux, tel nous est décrit ce prince de la Renaissance, membre de la famille royale de Naples, cardinal à vingt ans, proche collaborateur de deux grands papes: Jules II et Léon X.Louis d'Aragon se passionnait pour la chasse et la musique. Il avait aussi de grands desseins, dont celui d'obtenir de Charles de Habsbourg le retour des Aragon sur le trône de Naples d'où les avait chassés Ferdinand le Catholique. C'est sans doute l'un des objectifs de son voyage de dix mois en Europe pendant l'année 1517-1518, voyage dont il nous reste le journal rédigé par son secrétaire, le chapelain Antonio de Beatis. C'est à partir de ce document exceptionnel qu'André Chastel nous invite à suivre ce voyageur princier d'Italie en Allemagne, des Pays-Bas en France. On y visite les banquiers Fugger à Augsbourg, le futur Charles Quint à Middlebourg, François Ier à Rouen, Léonard de Vinci à Amboise. Les motivations du voyage sont les contacts avec les puissants, les plaisirs mondains, les pèlerinages et la visite des reliques, mais aussi l'observation précise des moeurs et des coutumes des peuples des pays traversés.André Chastel a, dans ce livre, magnifiquement réussi le portrait d'un Italien de la Renaissance, en même temps qu'il nous donne, en historien de l'art érudit, un état du développement de l'art européen au début du XVIe siècle, années qui vont marquer un changement complet du cours de la culture en Occident.André Chastel, membre de l'Institut, a été élu professeur au Collège de France en 1970 à la chaire d'Histoire d'art et de civilisation de la Renaissance en Italie. Parmi ses nombreux ouvrages: La Crise de la Renaissance, Le Mythe de la Renaissance, Le Sac de Rome.
Une étude sur les peintures et les écrits de Léonard de Vinci. Texte en Allemand.