Entre la mort et moi, un barrage : l'écriture , Brigitte Fontaine Aujourd'hui, Brigitte Fontaine a 84 ans. Son corps ne suit plus, le temps des concerts est passé, mais l'écriture, elle, subsiste. Entre la mort et moi, un barrage : l'écriture , écrit-elle dans Fatrasie. Et quel panache ! Elle fait avec ce nouveau livre ce qu'elle fait depuis toujours, elle dit l'amour, la vie, la mort et leurs dérivés (couple, sexe, chats, corps, et aussi ce truc qu'on appelle parfois l'Unique ). Son monde poétique résiste à la peur et à la douleur. Et il reste à découvrir, toujours aussi déconcertant et sans doute trop libre et drôle pour qu'on s'arrête à son tragique. Voici comme elle conclut son recueil : Elle, elle ne mourut pas, elle ne mourra pas, car elle est le prophète dressé en figure de proue sur la barque d'Isis, aussi vaste que les univers. Ô le secret des mystères ! À qui protesterait devant le non-sens de son verbe, Brigitte répond : les expliqueurs et les expliqueuses de textes devraient tous être passés par les armes . Elle a raison.
Dans « sa carapace de confiserie à deux étages », petit nom qu'elle donne à son appartement au coeur de l'île Saint-Louis, à Paris, Brigitte Fontaine livre un texte aussi puissant que poétique sur la vieillesse et la sensation d'être confinée dans son propre corps. Lire La Vieille prodige, c'est plonger dans l'univers fantasque et dans l'intimité de cette artiste performeuse aux multiples facettes.
Je ne comprends pas la raison Je ne comprends que la passion Un recueil de poèmes de Brigitte Fontaine, plus libre que jamais.
Quand un journaliste l'interroge en 2021 sur ce qu'elle écrit, Brigitte Fontaine répond : Je n'en sais rien. Des poèmes tordus, un peu loufoques, un peu jolis et un peu sinistres. Car je suis paradoxale. Je suis un oxymore, je suis baroque et un peu rock.
Les Poèmes arlequins en sont la preuve émouvante. Dans ce recueil de poèmes en vers, Brigitte Fontaine décrit sa volonté d'être toujours la plus libre possible, de vivre sans temps mort, de jouir sans entrave, sans égard pour les épreuves de l'existence. C'est aussi loufoque que lyrique, drôle que profond. Friandises et souvenirs d'enfance, premier smack et affaires de coeur, squelette tordu et vieillesse...
Les Poèmes arlequins nous emportent dans une ode à la vie qui demeure, malgré tout.
La Reine du Mardi-gras était à la fois une mégère douteuse et une fée de soie. [...] C'était une souillon miraculeuse qui faisait éclore dans ses doigts bagués d'éblouissantes écharpes d'Isis et de merveilleuses chemises de Venus... » Comment ne pas voir dans ce conte philosophique plus qu'une histoire pour enfants peu sages ?
Brigitte Fontaine nous livre une nouvelle quasi autobiographique où l'icône punk et poète se dévoile autant qu'elle se cache. Avec toujours la même fougue de vivre et la même créativité fantasque qu'on lui connaît sur scène comme à la ville.
Les papes font des bulles, Brigitte Fontaine aussi : un recueil déjanté de visions sur notre époque.
« Messieurs-dames, prenez place si vous en trouvez.
Cet ouvrage de dame est consacré à l'intronisation des nouveaux temps modernes, de la nouvelle condition humaine, à la vie entre la naissance et la mort, à l'autre également, aux tics cliniques programmés plouc-chics, à l'éthique, au fantôme des idéologies antiques, au fric et à ses envoûtements, bref toutes ces sortes de choses auxquelles on ne comprend rien. Cet ouvrage est donc consacré à rien.
Il est brodé à la main par une michetonneuse planétaire jamais devenue adulte, par une vulgaire lumpen SDF, une femme de lettres bretonne fière de l'être.
On l'appelle Bridinette mais en vrai elle s'appelle Brigitte et c'est une créature vénale appartenant à la Mafia des trafiquants de Vérité ; mais comme il n'y en a pas, elle n'a pas un rond.
Cet ouvrage n'est pas un manifeste terroriste. »
Vous allez me brûler encore une fois.
Je vais vous dire des choses étonnantes.
Il n'y a que des trous partout.
Nous sommes tous des monstres, des gouffres, des insectes, chasseurs et gibiers, machines et dieux, aveugles et inertes, panoramas, siècles muets, neiges, magiciens.
C'est moi qui ai créé la désolation quotidienne où je rampe, où je frime sans espoir de retour.
Ils me reprennent toujours là où ils m'ont plantée.
Je leur ai permis de le faire.
Promis de le faire.
Sans me mettre en colère.
Et toujours la même scène livide qui ne déborde jamais de son vase.
Pourtant, tout doit être simple comme bonjour.
Mais pour ce bonjour, il faut du génie.
Ou un coeur sincère.
Immobilisée depuis plusieurs mois en raison d'une blessure à la colonne vertébrale, Brigitte Fontaine écrit. Elle convoque les «dieux» de la poésie, ceux de son panthéon personnel, sur lequel règne Arthur Rimbaud, qu'elle vénère depuis toujours. Elle s'adresse à Arthur dans un poème fleuve, qui reprend l'ordonnancement d'une composition musicale ; Prélude, Adagio et gloria, Leçon de ténèbres et Fugue.
Fontaine en appelle à la suprématie de la poésie sur la grisaille des vies ordinaires, dans un style échevelé, et baroque. Elle prouve, si besoin est, qu'elle est d'abord et avant tout un poète.
Roman d'aventures ordinaires et extraordinaires, dans le Très-Haut encore, le Très-Bas encore et le mitan, des temps et des univers, L'onyx rose est une chimère. Écrit par la lumpen B.C.B.G. de la littérature, la lanterne rouge du Tour de France et d'ailleurs, le serpent noir luisant ressuscité des morts, Brigitte Fontaine, chantre et écrivain, pas vaine, tragicomique, le poison de vie, le pouët-pouët qui se la pète, qui vous souhaite bon voyage, bonne année et qui vous embrasse, bande de ploucs comme elle, à tire-d'aile et à tire larigot allegro !
B. F.
« Je me suis fait chier toute la journée. Les heures s'enfuient sans m'apporter le minimum vital. Les jours passent sans que je puisse toucher la profondeur terrible et superbe de la vie.
Je vis pour rien, pire qu'un chien. Pourtant, j'aime. Je ne dirai pas qui ni quoi pour l'instant. Cependant je ne dois pas aimer assez pour être près du coeur des choses.
Je pressens l'essentiel et il m'échappe ; j'ai soif, mon âme, mon âme a soif.
Je rêve encore de la mer, du vent de la mer, des étendues lunaires laissées par la marée. Je rêve encore de retrouvailles émouvantes, de pleurs de joie et de fêtes. Je rêve encore d'elle, qui m'échappe comme une truite.
Je suis un feu sans cesse recouvert par la terre, ou l'eau. Je brûle en vain et si je me suis retranché dans l'appartement de Georges, au vingtième étage, seul pour le temps qu'il faudra, c'est par dépit, par rage, par soif de voir le fond, le haut, de voir je ne sais quoi.
J'ai décroché le téléphone, j'ai décroché les tableaux, les photos, j'ai jeté les cigarettes dans le vide-ordure, vidé le vin dans l'évier, je traque une nudité que je dois confondre, à tord ou à raison, avec la virginité.
Naturellement personne ne sait que je suis là. »
« Dans la petite capitale toute brillante, ils déambulèrent et trouvèrent assez rapidement ce qu'ils cherchaient : un hôtel, palace de glace. Dans la chambre éblouissante, ils se promenèrent vêtus de fourrures et dégustèrent avec délice des harengs transparents, des sorbets au gingembre et de l'aquavit. Ils dansèrent en riant de soulagement, de joie et d'amour au son de quelques grandes valses de Frédéric Chopin, puis ils se dévêtirent, s'admirant mutuellement au milieu de ces grands bijoux gelés, puis plongèrent sous la peau d'ours et fêtèrent dignement leur libération. » Entre polar, rigolade et poésie, les folles aventures de Viandox et Spontex sont suivies de quinze histoires dont Brigitte Fontaine a le secret.
Vous allez me brûler encore une fois.
Je vais vous dire des choses étonnantes. Il y a des trous partout. Nous sommes tous des monstres, des gouffres, des insectes, chasseurs et gibiers, machines et dieux, aveugles et inertes, panoramas, siècles muets, neiges magiciens. C'est moi qui ai créé la désolation quotidienne où je rampe, où je frime sans espoir de retour. Ils me reprennent là ou ils m'ont plantée. Je leur ai permis de le faire. Promis de le faire.
Sans me mettre en colère. Et toujours la même scène livide qui ne déborde jamais de son vase. Pourtant, tout doit être simple comme bonjour. Mais pour ce bonjour, il faut du génie. OU un coeur sincère.
Pas la peine de se forcer.
Les autres s'en chargent. Ils sont là pour ça. Moi j'ai assez à faire avec tous ces inconciliables qui m'embrassent ou qui me battent. Si quelqu'un connaît un remède, qu'il traverse les murs, qu'il vienne vers moi. Mais le seul remède est en moi, celui qui traverse les murs parce qu'il est déjà là. Je n'en peux plus. Que les masques tombent en poussière, que le jour se lève enfin. Je paierai ce qu'il faut.
Pas la peine de s'inquiéter pour moi, d'ailleurs qui peut s'offrir ça ?
«Tous les temps et tous les univers. Le Nord, le Sud, les galaxies givrées lointaines, le sable et la neige, les ruelles puantes, les avenues spacieuses, le début des printemps, les renaissances, les décadences, les ruines et les broussailles, les dômes luisants, les minarets, les porches écroulés, la liberté, la loi et la contrainte, les terreurs, les souffrances humaines, la détresse animale, la foi, la gnose et l'ignorance, l'insouciance, l'inconscience, le rire, les hospices peut-être, les caniveaux, les banquises, les villes de la nuit, les villes de l'astre ardent, les odeurs fines ou les fumées des sardines, on pourrait continuer tout le jour, toute la vie, tout, tout vous dis-je, tout ce qui est oublié, tout ce qui est à inventer, à découvrir, à venir, à revenir, à maudire et à bénir, à blâmer, à louer ; tout, les apparences et l'unique, le début et la fin, pas de début pas de fin, l'infini intérieur, extérieur, oh que cela fait peur, oui tout fait peur et tout est amour...»
«Je vais vous entretenir des anciennes communiantes, des musettes, des guinguettes, des robots de ménage qui cassent tout dans les taudis surchargés, de l'ombre qui règne dans les petites pièces sales et tristes et, oui, de la tristesse, du désespoir, de la rage et de la mort qui ne vient pas malgré tout ce qu'on fait pour elle. J'aimerais mieux vous entretenir de tapis cramoisis et de lustres, de statues qui portent des torches, de jardins d'hiver pleins de mimosas et de jasmin, de rocking-chairs moelleux avec le bruit délicat de la fontaine entre les vitres, de précieux joyaux qui ruissellent, de Jaguar luisantes glissant la nuit dans les capitales luxueuses, de voitures volantes pour les gros en haut-de-forme ; vous entretenir de luxe et de volupté, de joie, d'allégresse, de brouhahas où les rires aigus tintent au milieu des rires graves animés, mais ce n'est pas à l'ordre du jour.»
Roman qui raconte les aventures de la belle Judith, héroïne fantasque tout droit sortie d'un film d'Almodovar.
Parmi les nombreux sujets qui nourrissent l'oeuvre de Brigitte Fontaine. on retiendra plus particulièrement l'amour baroque des paradoxes. le goût (les oxymores. la conscience joyeuse ou inquiète du phénomène de la vie. la peur féroce de la mort, la tension entre l'intérieur et l'extérieur, la colère contre les séparations de toutes sortes, le rejet de la violence patriarcale sous toutes ses formes, la haine des aliénations imposées au none de la morale, de l'ordre ou de l'économie. l'espérance mystique mais aussi un audacieux sens du cornique où l'autodérision tient une place de choix. Ce livre présente une véritable anthologie de textes choisis par l'auteure elle-même. qui a souhaité glisser au fil des pages quelques poèmes inédits.
" Un petit arc-en-ciel, des histoires courtes, des moments que vivent ces gens, Arsinoë, Noëmie. Hugo et les autres... même une mouche, en exil elle aussi, des choses qui arrivent dans la vie ou dans les délires d'une gaieté sans raison, d'une angoisse bien normale, d'une mauvaise foi crasse, d'un désir fou pour tout et d'une émotion, vous savez bien, qu'on peut saluer par une petite larme, voire un sanglot qui se changera en rire quand on sentira le frôlement d'aile de l'Ange du bizarre qui survole souvent ces villes, ces mers, ces têtes de cochon, de chats, de dragons, ces gens, quoi, tous ces gens que vous aimerez d'un amour fraternel, même si vous avez le coeur dur comme la pierre. Il est recommandé de lire à haute voix. "
«Sa tête est une tête d'épingle, son cou long, fragile et déglingué. Son corps est ondulant, ses jambes n'en finissent jamais. C'est une dingue de fringues et dans un naufrage, elle sauverait d'abord ses fringues, avant elle-même.
Elle adore le thé, les cigarettes anglaises, le champagne. Les chats, les amis. Elle aime aussi hurler comme une maudite dans ses déferlements de théâtre, ou alors caresser les gens avec une voix douce et brisée qui les fait pleurer.
Elle est très câline, mais faut pas l'emmerder parce que ça barde. Elle ne s'aime pas beaucoup mais les autres semblent l'aimer et elle se demande pourquoi.» De qui s'agit-il ? La réponse se trouve dans cette Galerie d'art à Kékéland, hilarants portraits d'une cour musicale et déjantée où l'on peut croiser Françoise Hardy, Jeanne Moreau, Etienne Daho, Jacques Higelin, Serge Gainsbourg et beaucoup d'autres...
Ce livre, aussi précis que précieux, est l'occasion de percer le mystère d'une diva pas comme les autres qui, depuis plus de vingt ans, fait souffler un vent de folie sur la chanson française.