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Diane de Margerie
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(Texte provisoire) Les éléments essentiels à la littérature et à la peinture japonaises sont le sentiment de l'impermanence des choses - l'aware - qui correspond à peu près à ce que nous appelons mélancolie ; le yügen, ce sentiment ineffable de l'insaisissable, du subtil, du voilé, que nous pourrions nommer la nostalgie, si sensible dans le théâtre Nô du Moyen Âge comme dans la poésie et la peinture où le vide est plein de ce qui, quelque part, existe, mais ici et maintenant n'existe pas.
Les oiseaux et leurs chants liés au passage des saisons, les oies sauvages et leurs envols dans les cieux, les lucioles incarnent ce sentiment de l'éphémère qui aurait pu durer mais qui n'est déjà plus.
On ne peut mieux dire les livres de Diane de Margerie qu'en la citant tant son intelligence de la vie, sa liberté de penser, sa passion de l'énigme se retrouvent en toutes choses, dans le brin d'herbe le plus délicat de ce bestiaire japonais comme dans le cri strident de l'oiseau qui s'enfuit. C'est, dans ces pages où s'entrelacent la méditation de Diane de Margerie sur le monde animal japonais, estampes et haïkus du patrimoine classique, la même élégante et surprenante énergie de vie intense, lucide et enchantée. -
«Elle n'est jamais la même. Je l'ai vue transparente, son toit vert suspendu dans le givre ; je l'ai vue luisante et noire et nue comme le dos d'un dauphin bondissant ; je l'ai vue poreuse, ravagée, grise de bruine, comme une série de cavernes grignotées par la mer ; je l'ai vue telle une pieuvre lumineuse, les bras prédateurs, avide et blanche de soleil ; je l'ai vue droite et pure comme une falaise à pic. Peut-être est-ce à cause de ces incessantes métamorphoses que je me suis laissé prendre.»Diane de Margerie.
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Quelques instants et voilà que la vie craque sous son écorce de mensonges. Duplicités raconte ces failles révélatrices : quinze vignettes, quinze coups de couteau : une petite fille découvre sa vérité en d'étranges rites ; un amant arrive en retard : tandis que grince l'ascenseur, la femme est lassée de son amour. Un homme ment sur son âge et perd ainsi la passion qu'il aurait pu inspirer. Un maître d'hôtel pervers et menteur initie une jeune fille au monde ambigu du regard : une complicité naît entre eux, faite d'amour et de haine. La volière reprend le thème des rapports de force : une femme se languit en province d'avoir dû quitter son premier amour : qui donc lui a volé sa jeunesse et sa vie ? Fort bien accueillis par la critique, ces récits témoignent de la passion portée par Diane de Margerie au texte court et visuel.
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« Immuable ? Qui a dit immuable ? Elle n'est jamais la même. Je l'ai vue transparente, son toit vert suspendu dans le givre ; je l'ai vue luisante et noire et nue comme le dos d'un dauphin bondissant ; je l'ai vue poreuse, ravagée, grise de bruine comme une série de cavernes grignotées par la mer ; je l'ai vue telle une pieuvre lumineuse, les bras prédateurs, avide et blanche de soleil ; je l'ai vue droite et pure comme une falaise à pic. Peut-être est-ce à cause de ces incessantes métamorphoses que, sans pouvoir en préciser l'instant, je me suis laissé prendre. Parce qu'elle n'est jamais la même. Seuls les lieux ne cessent de changer. Les êtres ont beau avoir des facettes multiples, si bien qu'il leur arrive de ne pouvoir s'y reconnaître eux-mêmes, ils ne sont pas, à chaque instant du jour, capables de changements qui ont la force, la durée, la légèreté et la violence des métamorphoses séculaires. Le seul fait de savoir que, sans erreur possible, la Femme en pierre me survivra, me rassure ».
Diane de Margerie écrit dans un éblouissement sa passion pour la cathédrale de Chartres. La pierre ici est métaphore de vie.
Ce livre fut le premier de la collection "L'un l'autre" de J.-B Pontalis.
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«Sur la plage, à Cargèse, le temps ne cesse de changer. Des vagues se forment et se brisent avec fracas. Des enfants ont pris trente-quatre méduses qu'ils vont faire sécher au soleil en poussant des glapissements de joie. Il est déjà cinq heures du soir. Le soleil est plus fort que jamais et je réfléchis à mon texte:quel titre employer:Enquête? Énigme? Ce n'est pas la même chose; la première exige l'investigation, la seconde sous-entend le goût du mystère, mais je n'ignore pas combien les contradictions se complètent.» Diane de Margerie.
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À travers les visions de l'enfance, la découverte des sens, des paysages, de l'exotisme, à travers deux mariages, les enfants et les livres écrits, une existence se cherche et s'interroge sur la vérité de l'amour, la nécessité de créer, les mécanismes de la mémoire, la présence des morts.«Il faut partir en quête, si l'on veut parvenir à la vérité, vers ces associations mystérieuses qui dépendent à peine de nous-mêmes mais où réside notre secret - qui ont tissé notre amour, mais aussi qui l'ont défait. Qu'une plus grande clarté soit notre bien le plus précieux, qu'elle vaille la peine de tout risquer.»
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« Je me demande si vous avez besoin de vos lecteurs ? Recevez-vous des lettres de prostituées, de bourgeoises, de meurtriers en puissance, de femmes agressées, de filles qui ont échappé au triste sort de votre héroïne ? Ou bien vous suffit-il de mijoter dans votre sombre fait divers, d'imiter devant votre glace le geste de l'étrangleur, de rêver devant la vitrine d'un bijoutier pour décrire l'orient des perles ? Où est votre vraie vie ? Dans votre vie quotidienne que j'ignore ou dans celle de l'assassin avec le récit achevé, publié, qui circule à présent - je vous le souhaite - chez les libraires ?
Je sens que ma lettre sera longue : j'avoue qu'elle me sert à préparer nos retrouvailles. J'aurai lu votre roman, vous aurez lu ma lettre ; nous serons à égalité. Et puis je vous ai prévenu, je suis votre lectrice mais vous devenez mon lecteur. »
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«Réunis, ces deux récits que cinq ans séparent dessinent toute une trajectoire.Dans la spirale, écrit tantôt à Chartres, tantôt aux Antilles, véritable dialogue avec les morts, retrace l'image du couple parental disparu : on oublie trop souvent qu'un père et une mère ont été, eux aussi, des enfants. Des scènes insolites et décapantes, empreintes d'humour et de compassion, évoquaient les difficultés du deuil, le besoin d'exprimer la douleur liée à son ambiguïté, le désir de quitter la fiction pour l'autobiographie qui, seule, délivre, sans tabous ni transposition romanesque.Quête-enquête qui se poursuit dans Maintenant, avec la rupture d'un amour qui pourtant perdure au-delà des obstacles, la joie réparatrice que procure la vie à travers ses facettes : enfants, jardins, renaissance de la nature ; avec, aussi, l'importance de la nuit d'où naît une vie seconde.Parler de soi et des autres par petites touches, capter la vérité vécue sans vouloir l'étouffer, tel est le mouvement de ce diptyque qui traverse le temps pour tenter d'apprivoiser, par étapes, la sérénité intérieure. Deux livres ouverts, loin des certitudes, sur l'amour et la mort.»Diane de Margerie.
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à la recherche de Robert Proust ; qu'est donc devenu ce petit frère de Marcel encore en jupe de dentelles ?
Diane de Margerie
- Flammarion
- Litterature Francaise Flammarion
- 14 Septembre 2016
- 9782081342163
Une lecture de l'oeuvre de M. Proust à la lumière de sa relation avec son frère cadet, Robert. D. de Margerie perçoit, malgré une absence totale de ce frère dans l'écriture, sa présence comme un double qui guette sans cesse le narrateur.
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Sommes-nous attirés par les îles parce qu'elles sont des parcelles flottantes dans l'océan ou à cause de la mer qui les entoure ? Parce qu'elles nous initient aux délices ambigus de la solitude ou parce qu'elles nous fascinent lorsque, désertes, elles nous inquiètent ?Au retour des Galapagos, Diane de Margerie raconte son voyage, ses rencontres avec des paysages fabuleux, des animaux d'un autre âge - tortues, iguanes - qui rappellent les origines. Elle restitue ici le journal qu'elle a tenu à Puerto Ayora, île de Santa Cruz, au large de l'Equateur, prétexte à dire non seulement les beautés d'une nature sauvage mais également les aventures rocambolesques, souvent tragiques, des pionniers. Ce carnet de voyage et les réflexions qui l'encadrent font appel aux amoureux de l'errance comme Conrad et Melville ou, encore plus près de nous, Michel Tournier et Nicolas Bouvier. Poème en prose, texte nostalgique non dépourvu d'ironie, petite chronique, Isola est aussi une étude de ce désir que nous éprouvons de partir, toujours partir, vers un ailleurs mythique.Romancière, critique littéraire, nouvelliste, ayant vécu en Chine et en Italie, Diane de Margerie continue ici son oeuvre autobiographique dont le premier volet (Le Ressouvenir, Flammarion, 1985) a reçu le prix Marcel Proust. Après la parution de Maintenant (Mercure de France, 2001) elle a reçu le prix prince Pierre de Monaco pour l'ensemble de son oeuvre. Elle vient de traduire La séquestrée, de Charlotte P. Gilman (Phébus, 2002) et a publié une biographie d'Edith Wharton chez Flammarion. Elle est membre du jury du prix Fémina.
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Autour de Gustave Moreau, la maison danaïdes
Diane de Margerie
- La Simarre
- 28 Août 1998
- 9782868081278
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«Au cours des derniers mois de sa vie, ma mère avait placé un portrait d'elle, petite fille, en face de son lit : Comme c'est étrange de s'aimer à nouveau à travers un portrait de soi enfant, disait-elle, rejoignant ainsi, dans ce tête-à-tête, le dialogue de l'écrivain avec ce qu'il était.» La mort rapproche de l'enfance : elle est, dans ce livre, le grand révélateur.Dans l'éclat d'une série de scènes insolites et décapantes, où l'humour se mêle à la compassion, Diane de Margerie se livre à une enquête sur les siens, sur les «mots» du père, sur les frustrations et les désirs des femmes de la famille dont elle se voudrait le scribe. Écrit dans la solitude, mais en compagnie des documents et photographies qui ressuscitent le passé et dont elle n'a pu se séparer, l'auteur recompose les vies dont elle est issue. Loin du non-dit et des tabous, elle accepte d'affronter ici une recherche presque violente de la vérité.Si Pierre Loti, dans un étrange lapsus, écrivait : «Ma mère vient de m'ouvrir», au lieu de : «Ma mère vient de mourir», à travers la blessure d'un triple deuil, Diane de Margerie accomplit son trajet : il faut comprendre, pour sortir de la spirale, que les parents, eux aussi, ont été des enfants. Alors s'abolit ce qui sépare les vivants et les morts.
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Étonnante destinée que celle d'Edith Wharton, Américaine qui a choisi de vivre en France au début du siècle, partagée entre le souvenir du Vieux New York et son pays d'adoption, sa vie de femme et celle d'écrivain célèbre. Diane de Margerie plonge dans la vie et l'oeuvre de la romancière, démasque les points de rencontre entre une existence multiple, menacée par les tabous de l'époque, et ses récits ou romans, tour à tour émouvants et sarcastiques. Edith Wharton nous en apprend bien plus sur elle à la lecture de son oeuvre qu'à l'étude des péripéties de son existence. Cet ouvrage remarquable donne une autre portée aux événements qui ont jalonné sa vie : une enfance à jamais marquée par la froideur d'une mère, un mariage désastreux qui étouffe ses aspirations, une liaison passionnée mais si brève, des relations fécondes avec le monde littéraire, une amitié profonde avec Henry James qui se révèle pourtant d'une grande ambivalence. De ses frustrations transformées en oeuvres romanesques se dégage ainsi une image nouvelle : celle d'un être déchiré depuis le plus jeune âge entre le désir de dire la vérité et la culpabilité qu'elle engendre. Première femme à recevoir le prix Pulitzer, Edith Wharton, à l'abri du paravent des honneurs, capte le réel, le dénonce tous les jours et dénude ainsi la cruauté du monde.
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Tous les personnages de ces nouvelles rêvent de devenir quelqu'un d'autre dans un ailleurs luxuriant, végétal, musical, où ce qui les mutile et les tient prisonniers est enfin totalement écarté. Ce sont ici surtout des femmes qui cherchent à débusquer, derrière les apparences, la richesse de ces domaines inconnus. : il y a celle qui est fascinée par les secrets de la photographie ; celle qui vit en symbiose avec son enfant mort-née ; celle qui voit les horreurs qui se trament sur une plage un jour d'été ; celle pour qui la musique prend le visage de l'amour ; ou bien, il y a ces amants qui s'abusent à travers l'absence et leur correspondance, ou encore cet homme qui cherche la paix dans l'abolition stridente du silence absolu. : tous se nourrissent d'illusions qui chantent les fastes de l'imaginaire.
Mais, tout à coup, de façon cruelle, rapide et insidieuse, le chant s'étrangle, le voile se déchire et le rêveur, pris au piège qu'il s'est lui-même tendu se trouve confronté à une vérité bien plus étonnante, tragique et complexe que celle qu'il avait imaginée.
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Qu'une petite fille soit fascinée par l'univers pervers d »un vieux maître d'hôtel ; qu'un homme prenne peur d'être envoûté par un appartement où rôde la folie ; qu'une hirondelle incarne une soif d'amour désormais inextinguible ; qu'un ascenseur symbolise le poid des ruptures. Hommes et femmes se débattent, confrontés par l'hypocrisie ou l'inévitable duplicité des situations. L'ambiguïté est logée dans ces petits drames quotidiens comme le ver dans le fruit ; la pureté, refusée même à l'enfant puisqu'il rêve d'être un autre ; refusée aux amants que l'expérience sépare au lieu de rapprocher. Quinze failles, autant de cruelles vignettes qui laissent entrevoir les contractions et les blessures d'une vérité implacable, multiple, parfois meurtrière.
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Quoi de plus lancinant que ce qui aurait pu être ? Comment la mémoire peut-elle guérir la déchirure ?
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À travers les visions de l'enfance, la découverte des sens, des paysages, de l'exotisme, à travers deux mariages, les enfants et les livres écrits, une existence se cherche et s'interroge sur la vérité de l'amour, la nécessité de créer, les mécanismes de
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Avec le recul que donne le temps, Diane de Margerie achève ici son enquête autobiographique ; la mort d'un ami aimé, qui ravive les deuils précédents, suscite de nouvelles interrogations : comment intégrer la mort d'un amour dans la vie ? Qui fut vraiment l'élément marquant du couple parental ? Lequel des deux a eu plus d'influence, par identification ou défi ? L'enseignement d'une croyance en un seul Dieu peut-elle engendrer une soif d'absolu destructrice ? Où vont nos morts, où se réfugie notre sens du divin ? Ponctué de rêves et de lectures, ce récit tend vers une sérénité lucide où le tissu déchiré de la vie se répare enfin.