La directrice du lycée de Beer Sheva eut ce jugement définitif sur le petit Elie : « Ah, celui-là, c'est un bon à rien ! Il faudra lui dénicher une institution à poigne, sinon ça finira mal pour lui... » . Le « bon à rien », né dans l'immédiat après-guerre et dans une configuration tragiquement exemplaire de l'époque, s'est forgé la plus magnifique des existences.
Son père, Michaël Yhiel Shkolnik, est né en 1910 en Bessarabie, qui faisait alors partie de l'empire russe, puis de la Roumanie, puis de la Moldavie. Officier dans l'Armée Rouge, il participera aux grandes batailles du front de l'Est (Leningrad, Moscou, Stalingrad.) Sa mère a survécu à la déportation mais y a perdu deux enfants et y laissera sa santé mentale...
Le jeune Elie nait à Bucarest en 1946. C'est là qu'il apprend le français. Son père ne songe qu'à fuir la Roumanie communiste et à gagner Israël . Un jour il disparait, enlevé par la Securitate et emprisonné trois mois à cause de ses demandes répétées de visa. En 1961 leur parvient enfin un « certificat de voyage », Israël « achetant » à l'époque des Juifs à l'Etat roumain (« notre meilleur produit d'exportation avec le pétrole » dixit Ceaucescu). Au sein de la « drôle de famille » qui accueille les arrivants en Terre promise, l'oncle Avi exercera une profonde influence sur l'adolescent, d'où le choix d'un nouveau patronyme : Barnavi.
Après un séjour d'un an dans un kibboutz au nord du Neguev, les retrouvailles avec ses parents sont douloureuses : son père sera plus tard placé dans un Ehpad, et sa mère internée pour démence. Elie travaille pour payer ses études au collège français Saint-Joseph de Jaffa. Incorporé dans Tsahal, parachutiste volontaire, bientôt officier, il participe à la Guerre des Six Jours puis comme réserviste à la première guerre du Liban et à l'opération « Paix en Galilée ».
A Jérusalem puis à Tel Aviv, des études de sciences politiques et d'histoire le font se passionner pour la séquence historique qui va de la fin du Moyen Age à la Révolution française.
La France devient sa « seconde patrie intellectuelle et affective ». Il part faire sa thèse de Doctorat à La Sorbonne et c'est à Paris que se font les rencontres essentielles pour la suite de sa carrière intellectuelle : Roland Mousnier, Pierre Chaunu, Pierre Nora, Jacques Revel, François Furet, Jacques Le Goff...
La politique va prendre une grande importance, parallèlement à son activité d'historien : enseignant en Allemagne, à Montréal, à l'ENS d'Ulm, à Limoges, à Reims, il retournera vivre à Tel Aviv avec sa nouvelle épouse Kirsten rencontrée à Francfort. Membre du comité central du parti travailliste, il décline le poste de chef de cabinet de Shimon Peres pour apporter son appui à Shlomo Ben-Ami. L'assassinat de Rabin met fin au processus de paix auquel il avait oeuvré sans relâche.
Ambassadeur d'Israël en France de 2000 à 2002, il décrit ici l'envers des coulisses tout en brossant mille portraits de ses interlocuteurs à Paris (Lanzmann, Sarkozy, Chirac, Villepin, Jospin, Régis Debray, Edwy Plenel, Jean Daniel, DSK...).
Débarqué de son ambassade par Shimon Peres, il prend une année sabbatique pour proposer la création d'un musée de l'Europe à Bruxelles et consacrera de longues années à cette passion européenne tout en reprenant son enseignement d'histoire à l'université de Tel Aviv et la direction scientifique de la Maison de l'histoire européenne à Bruxelles.
Plutt que de faire une histoire de facture classique de l'tat d'Isral, j'ai voulu en brosser larges traits, travers les problmes qu'il a eu affronter depuis sa venue au monde, le profil historique. Il est assurment difficile de condenser en si peu de pages une histoire aussi pleine que celle de l'tat juif. Il est encore plus difficile, sinon parfaitement absurde, de prtendre la froide objectivit sur un sujet aussi brlant, aussi passionnment disput que celui-l. Mais si l'on fait grce l'historien de l'impartialit de l'entomologiste, on est en droit d'attendre de lui une rigoureuse honntet intellectuelle, sans laquelle il sera peut-tre un excellent pamphltaire, mais srement un excrable historien. Je me suis par consquent efforc de respecter scrupuleusement le prcepte que Cicron propose l'historien : ne rien oser dire qu'il sache faux, oser dire tout ce qu'il croit vrai.
L'historien et ancien ambassadeur d'Israël en France explique les ressorts du terrorisme à fondement religieux resitué dans le contexte historique et culturel de la religion politique en général. Il entend faire comprendre pourquoi la tentation fondamentaliste révolutionnaire est plus forte aujourd'hui dans l'islam et propose des moyens pour la combattre.
«J'ai toujours été fasciné par le mystère fondamental que, me semble-t-il, la guerre recèle. Ces Dix thèses sur la guerre constituent un exercice d'écriture singulier:je ne suis pas un spécialiste d'histoire militaire. Ma légitimité vient d'ailleurs:la guerre fait partie de mon expérience de citoyen et de soldat. Elle a accompagné toute ma vie, et pénétré ma façon de m'exprimer et de penser. Historien de formation et universitaire de métier, je tente ici d'oublier ce que j'ai lu afin de poser sur le phénomène de la guerre un regard neuf, aussi innocent que possible. Partir non des livres, mais de l'expérience. ,j'aimerais croire que, nourrie de la réflexion, l'expérience (le la guerre m'a au moins apporté un surcroît de lucidité. Mais l'intellectuel dans la guerre est-il mieux armé pour l'appréhender que Monsieur Tout-le-Monde? Peut-être...»
Une guerre de religion, c'est une guerre pour la religion; autrement dit une guerre dont le principal objet est la relation des hommes à Dieu. Depuis le XVIe siècle, c'est aussi la contestation violente de la séparation du politique et du religieux, autrement dit de ce qui fonde l'Etat moderne. Ce n'est pas seulement une question de violence , paroxystique contre un ennemi dont seuls sont concevables l'anéantissement ou la soumission-les Etats-Unis de Bush pour Ben Laden aujourd'hui, les protestants de l'amiral de Coligny pour les Ligueurs de Paris hier; c'est une guerre totale dont le salut de la communauté des croyants est le but, la guerre civile le moyen, la dislocation de la nation et la ruine de l'Etat les effets. Du VIIe siècle à l'attentat du 11 septembre 2001 contre les Twin Towers, de la fièvre des croisés aux guerres de Religion en France, de l'Allemagne à l'Angleterre et aux Balkans, Elie Barnavi et Anthony Rowley éclairent quelques-uns des conflits religieux majeurs qui ont déchiré l'Europe.
Affaire du voile à l'école, scandale du mariage annulé, discours de nos dirigeants sur la foi... Un siècle après la loi sur la séparation de l'Église et de l'État, la République semble empêtrée dans sa relation avec les religions. Hésitant entre la reconnaissance des cultures pour favoriser l'intégration et l'attachement à un modèle rassembleur au-delà des particularismes, elle émet des signaux contradictoires et les crispations de l'opinion publique se multiplient. Le modèle même d'intégration à la française serait-il menacé par le relativisme culturel ? Lorsque les identités religieuses influencent l'échiquier politique mondial, quel dialogue reste possible ? Nous avons interrogé trois personnalités sur ce thème : Elie Barnavi, essayiste israélien et laïc ; Monseigneur di Falco, évêque de Gap et enfin, l'islamologue Tariq Ramadan.
À l'occasion de l'exposition Dieu(x), modes d'emploi qui ouvrira ses portes au public le 23 octobre 2012 à Paris, au Petit Palais, cet ouvrage éponyme offre un aperçu thématique de l'un des rares phénomènes humains véritablement universels : le phénomène religieux.
« Divinités », « Au-delà », « Passages », « Cycles », « Cultes », « Voix », « Lieux », « Corps », « Intercesseurs », « Conflits » - autant de fenêtres qui permettent d'appréhender toute la richesse des expériences religieuses ou spirituelles contemporaines.
Conquérant de génie, législateur visionnaire, orateur admirable ou bien arriviste sans scrupule, despote cruel, vaniteux, corrompu: derrière ces portraits si violemment contrastés, tracés de l'Antiquité à nos jours, qui fut le véritable César?Pour répondre, Zvi Yavetz examine les divers César de l'historiographie moderne qui vit naître l'étrange et anachronique notion de « césarisme » - puis, pour découvrir la vérité de l'homme au-delà des jugements de valeur toujours partiaux, il étudie exhaustivement l'oeuvre législative de César.Cette enquête révèle l'ampleur du fossé séparant les actes réellement accomplis des intentions prêtées à leur auteur, le décalage permanent entre l'action et sa perception, et montre l'importance cruciale du rôle que joue l'image d'un homme public.Zvi Yavetz expose enfin comment César lui-même utilisa cette image (que les Romains appelaient « fama ») à ses propres fins, avec succès d'abord, pour en être finalement victime: ainsi ce livre apparaît-il aussi comme la plus moderne des leçons sur ce que peuvent être les limites du charisme en politique.Zvi Yavetz, né en 1925, professeur d'histoire romaine à l'Université de Tel-Aviv, a également enseigné à Oxford, New York et Princeton.
Pourquoi le plus vieux conflit contemporain n'est-il toujours pas réglé, alors que toutes les conditions à sa résolution semblent réunies depuis longtemps ?
En pointant les responsabilités de tous les protagonistes du conflit, Élie Barnavi met en lumière les raisons des échecs à répétition du «processus de paix». Il dévoile également les intérêts géopolitiques qui l'entourent et le parasitent. Au terme de cette mise à plat, il démontre pourquoi seule l'intervention déterminée des États-Unis de Barack Obama serait en mesure d'imposer aux différents belligérants le compromis tant souhaité.
Car ce qui est encore possible aujourd'hui, ne le sera plus nécessairement demain.
Il est des vies en comparaison desquelles la vôtre paraît irrémédiablement banale. La vie de Jean Frydman est de celles-là. Ses chapitres se lisent comme autant d'aventures modernes - la Résistance, la révolution de l'audiovisuel, la lutte à mort contre une multinationale géante, le combat pour la paix au Proche-Orient - aventures où il a joué, et joue encore, un rôle parfois public, souvent discret, toujours déterminant. Ami de plus d'un grand de ce monde mais dédaigneux des honneurs et méprisant jusqu'à la superbe complaisance et compromission, engagé en politique mais sans rien en attendre pour lui-même, curieux et remuant, il est le prototype de l'homme d'action au service de ses idées. Deux idées fixes, qui font la cohérence de ce magnifique et cahoteux parcours : la liberté et la justice.
Pudeur, ou méfiance à l'égard d'une mémoire jugée par définition infidèle, ou réticence à dresser le bilan d'une action inachevée, ou tout cela à la fois, il a fallu se battre avec Jean pour qu'il consente à se livrer au public. Deux de ses grands amis, Joseph Kessel et Romain Gary, avaient en son temps insisté pour lui servir de porte-plume. Qu'il ait enfin cédé à mes instances est une preuve de plus de sa sagesse. Écrit par eux, ce livre aurait été leur ; écrit par moi, il reste le sien.
Élie Barnav
L'Union européenne est-elle en coma dépassé ou ne dort-elle que d'un oeil ? A-t-elle eu raison de s'élargir ? Et ses frontières au fait, quelles sont-elles ? Quels sens peuvent avoir les lois mémorielles pour faire du passé table rase et construire l'Europe de demain dans plus de sérénité ? Les racines de l'Europe sont-elles chrétiennes ? Culturelles ? L'Europe est-elle agitée d'une peur de l'Islam qu'elle n'ose avouer ? Que peut-elle faire face aux flux migratoires ? Com-ment peut-elle espérer compter un jour sur la scène du monde alors qu'elle peine à « se vendre » auprès de ses propres citoyens ? Mais, au fond, qui est l'Europe ?
Conseiller scientifique auprès du musée de l'Europe, Élie Barnavi vit l'Europe au quotidien après en avoir mesuré les ambitions et les limi-tes sur la scène du monde, en tant que diplomate international.
Historien, essayiste à la plume franche et directe, il se penche sur cette création politique unique au monde qu'est l'Union européenne et la passe au crible d'un questionnement radical - qui ne se prive pas d'être "politiquement incorrect". Communauté de valeurs fondée sur la démocratie et l'État de droit, comment a-t-elle pu, peut-elle et pour-ra-t-elle confronter cet idéal fondateur à la réalité de son histoire ?
En tout cas, pour Élie Barnavi, une chose est sûre : l'Europe existe et c'est à elle de prendre son destin en main. Sous peine de se trouver réduite à n'être qu'une machine bien rôdée ronronnant dans un monde globalisé où des géants se préparent à rugir.
Sous la direction d'Elie Barnavi, une équipe internationale s'est réunie pour offrir au public une histoire trois fois millénaire, dont les bornes chronologiques sont celles de l'humanité et les limites géographiques, celles du monde entier : l'histoire des Juifs, de la Genèse au XXIe siècle.
Ce livre se prête aussi bien à une lecture suivie qu'à des consultations ponctuelles. Chaque double page forme un tout composé de trois éléments complémentaires :
- Un texte traitant d'une période, d'un fait socio-culturel, d'un mythe fondateur...
- Une chronologie permettant de situer le fait historique dans le temps.
- Une carte et des illustrations considérées comme des éléments explicatifs.
Publié une première fois en 1992, ce livre est ici augmenté de neuf nouveaux articles dont Les Juifs et l'Eglise, Histoire et mémoire de la Shoah, L'Etat d'Israël : une maturité difficile ou encore Antisémitisme, antisionisme et négationnisme.
Au fil de sa lecture, le lecteur conviendra sans doute que l'ouvrage qu'il a sous les yeux n'est pas un livre de plus, mais le grand livre de l'histoire des Juifs, dont l'ambition est d'immerger l'histoire juive dans l'histoire des nations.
Historien et politologue, professeur d'histoire de l'Occident moderne à l'université de Tel-Aviv, Elie Barnavi a dirigé le Comité scientifique du Musée de l'Europe à Bruxelles (1998-2000), avant d'être nommé Ambassadeur d'Israël en France.
Spécialiste du XVIe siècle européen et de l'histoire contemporaine d'Israël, il est l'auteur notamment de : Une histoire moderne d'Israël (Flammarion, 1988, coll. Champs, 1991) ; et Les Juifs et le XXe siècle, un Dictionnaire critique (Calmann-Lévy, 2000) avec Saul Friedlander.
Denis Charbit, historien, a réactualisé l'ouvrage. Il est l'auteur notamment de Sionismes, Textes fondamentaux (Albin Michel, 1998) et enseigne à l'université de Tel-Aviv.
Elie Barnavi, qui vient d'être révoqué par le gouvernement d'Ariel Sharon de ses fonctions d'ambassadeur d'Israël en France, connaît bien la communauté juive de France et en dresse ici un portrait sans concessions ni faux-semblants. Il aborde de manière directe et virulente les principaux thèmes qui la concernent: son attitude parfois contestable face au problème arabe, ses complexes relations avec la France et Israël, sa situation en France aujourd'hui, notamment sa progressive ghettoïsation et son avenir probable, les courants qui la traversent actuellement (le dangereux retour à l'orthodoxie et le combat contre le judaïsme libéral), la faiblesse de ses instances dirigeantes et en particulier du grand rabbinat. Un tableau inattendu et provocateur qui vient bousculer les idées reçues au sujet de la communauté juive de France.
Né à Paris en 1928 de parents juifs émigrés de Russie, Elliott Erwitt grandit en France et en Italie avant de s'établir aux États-Unis, où il sera remarqué par Robert Capa. En 1953, âgé de tout juste 25 ans, il intègre la prestigieuse agence Magnum et travaillera pour les plus grands magazines américains.
Le musée Maillol retrace les différentes étapes de son oeuvre à travers un ensemble de photographies en noir et blanc, mais aussi en couleurs. Scènes de rue, clichés de personnalités (tels Marilyn Monroe, Truman Capote, Che Guevara, Fidel Castro, Richard Nixon ou Kennedy), photos de chiens les plus improbables, Paris ou New York, etc. Il a une manière d'immortaliser des moments de la vie quotidienne avec un regard qui n'appartient qu'à lui, mélangeant humour et émotion.
À travers une rétrospective complète de son oeuvre, sur des thématiques qu'il a lui-même définies il y a plusieurs années, c'est une invitation à découvrir la sensibilité unique du photographe qui est proposée.
Beaux Arts Éditions accompagne cette rétrospective en replongeant dans la vie et la carrière de ce mythique photographe repéré par Robert Capa et membre de Magnum Photos depuis 1953.
Un ami israélien est une lettre adressée à Élie Barnavi, auteur des Religions meurtrières dans la collection Café Voltaire.
Sur des sujets brûlants comme Israël et la Palestine, le statut des Juifs et la question de l'antisémitisme en France, Régis Debray pose des questions essentielles, avec une acuité et un recul remarquables. Aucune provocation, mais bien plutôt une arme, un style qui accompagne une pensée. Un ouvrage qui ouvre le débat, avec rigueur et avec liberté. Élie Barnavi répond en fin d'ouvrage à Régis Debray.
Inaugurer le " chantier " du musée de l'europe par une réflexion sur les frontières de l'europe, c'est l'objectif poursuivi par ce volume qui mêle grands acteurs politiques de la scène européenne et gens de plume venus de divers horizons - historiens, politologues, économistes, philosophes, écrivains, essayistes, journalistes.
Les voix les plus autorisées de l'union témoignent de la naissance du musée, et cela dans l'esprit de tolérance et de liberté qui est le meilleur de la tradition européenne. tout musée s'inscrivant dans le temps et dans l'espace, quoi de plus urgent que de tenter de définir les paramètres de celui-ci, dès sa mise en place ? ces " frontières de l'europe " n'ont rien d'évident. mouvantes au gré des migrations, des conquêtes et des mentalités, tributaires de l'esprit changeant du temps, lourdement chargées de toutes les passions mêlées de la politique, de la religion, des langues et des cultures, elles se trouvent toujours au coeur des débats de l'europe d'aujourd'hui.
Qui fait partie de l'europe, qui en est exclu et pourquoi ? qui a des chances de l'intégrer un jour et au nom de quoi ? voici posée la douloureuse question de " l'élargissement ". que ce débat se présente sous la forme d'un argumentaire d'essence technique ne doit pas faire illusion : derrière le paravent des " critères de convergence " se dresse une histoire millénaire qui refuse de se laisser passer par pertes et profits.