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Il a beau être cinéaste et non pas acteur ni humoriste, le narrateur du jour et l'heure ressemble à guy bedos comme deux gouttes de fiel et deux pincées d'arsenic. son succès est derrière lui, il en veut à la terre entière, n'est plus tout jeune et songe sérieusement à en finir bientôt avec la vie. sa seule condition : choisir le jour et l'heure. mais il n'a pas prévu qu'en laissant traîner les pages où il exprime sa colère et son ressentiment, ses pulsions suicidaires et ses dernières pensées amoureuses, chacun de ses enfants aura le loisir à tour de rôle de les découvrir, de les lire, de lui répondre.
Pour son premier roman, aussi décapant et incorrect que l'on pouvait l'espérer, sinon l'imaginer, bedos a donc choisi le livre à plusieurs voix : un père, son fils, ses filles.
Oui, ce personnage attachant et insupportable, terriblement lucide sur le monde qui l'entoure, proche et lointain, possède bien le ton et la force de son auteur, mais aussi bien sûr, et surtout, un vrai désespoir de juif new-yorkais qui serait né accidentellement en algérie, avant-guerre.
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Comment se raconter en racontant les autres ?
Comment choisir les meilleurs moments de sa vie, les plus doux et les plus durs, les plus joyeux et les plus graves ?
Comment se découvrir ? Comment livrer des secrets toujours enfouis ?
Le défi était à la hauteur du personnage : Guy Bedos.L'homme nous surprendra toujours, l'auteur qui s'affirme de livre en livre depuis Mémoires d'outre-mère prouve ici, en traçant le portrait de vingt-cinq personnes attendues ou inattendues, que ses choix ne sont pas dus au hasard, qu'en réunissant la distribution idéale, il nous révèle non seulement qui sont ses amis et ses ennemis, ses amours et ses colères mais surtout qui il est, lui, inclassable et irrésistiblement drôle, comme il l'a toujours été.D'Aragon à Signoret, de Sagan à Coluche, d'Isabelle Adjani à Michel Rocard, de Jean-Loup Dabadie à sa chère Sophie Daumier, on se dit en refermant ce portrait de groupe que seuls les absents ont vraiment tort de ne pas y figurer. -
Évidemment, ce ne sont pas des mémoires. Pas de souvenirs d'acteur, pas de traversée du demi-siècle, tout le monde n'est pas beau, tout le monde n'est pas gentil. Pour la première fois, Guy Bedos écrit à la première personne l'histoire de la personne la plus importante de sa vie : sa mère. Leur histoire, leur lien. Sa haine et son amour. Il a peut-être deux ans, trois tout au plus, en Algérie, et il voit sa mère frapper son père avec un marteau. Le livre commence comme ça, dans cette brutalité. Aujourd'hui, le petit garçon de deux ou trois ans en a soixante-dix. Et sa mère est toujours, à quatre-vingt-dix ans, terriblement vivante, terriblement présente. Guy aimerait autant qu'elle disparaisse avant lui. Il n'en est pas très sûr. D'où ce besoin d'écrire ce livre-là, retenu sans doute depuis très longtemps. Ce livre qui raconte tout ce qu'il n'a jamais osé raconter de son enfance et son adolescence, de sa jeunesse mais de sa vie d'homme aussi.
C'est un livre où Guy Bedos s'est tout permis, tout autorisé, sans le moindre scrupule mais sans aucune complaisance. C'est un livre qui plaira à tous ceux qui l'aiment mais aussi à ceux qui ne l'aiment pas. Mémoires d'outre-mère nous font découvrir un homme écorché à vie, un blessé grave qui n'a pas trop envie de guérir et surtout et enfin, ce n'est pas lui qui le dira, un écrivain.