Dans le Brésil du Nord-Est, le picaresque Antonio Balduino incarne la peine et les rêves du peuple noir. Enfant perdu, mauvais garçon, boxeur professionnel, initié des « macumbas », travailleur sur les plantations de tabac, docker, employé de cirque, Antonio cherche toujours « le chemin de la maison ». Il a des amours - irréelles - avec la blanche Lindinalva et une liaison avec la trépidante Rosenda Roseda. Une grève lui permettra de découvrir ce qu'est la solidarité et donnera un sens à sa vie : la lutte pour la libération.
Dans la préface écrite en ouverture du premier volume de la présente édition, Jorge Amado présente ainsi ce grand roman qui est l'un des plus importants de toute son oeuvre :
«Les Souterrains de la libertéracontent la lutte du peuple brésilien contre la dictature de l'Estado Novoqui domina le Brésil de 1937 à 1945.
Je constate avec joie que pendant plus de cinquante ans de vie littéraire - mon premier livre a été publié en 1931 - un fil conducteur irréductible parcourt l'oeuvre que j'ai réalisée et dispersée dans le monde. Cette unité découle de la fidélité de l'auteur au peuple brésilien et à sa lutte invincible pour la liberté. Je peux dire - et j'en suis fier - que mon oeuvre de romancier a pour héros le peuple brésilien : j'ai cherché, et je crois avoir réussi, à fixer dans mes livres le visage de mon peuple, à raconter sa vérité et à garder vivant son espoir.» Jorge Amado, né en 1912 dans la province de Bahia, est un romancier maintenant aussi populaire dans le monde entier qu'en son propre pays. Il a déjà publié auxÉditions Le Temps des Cerises :Du miracle des oiseaux et Suor.
«Le Pays du Carnaval n'est pas un livre d'images, de stéréotypes aux couleurs de carte postale sur fond de samba, de clichés de voyage pour Européens ou Américains. Si le roman commence par l'arrivée au Brésil en bateau, c'est à une autre époque que la nôtre, à la fin des années vingt. Parmi les passagers revenant de l'Europe prodigue en mirages et génératrice du complexe séduction-détestation, c'est un Brésilien, Paulo Rigger, qui va découvrir son pays. Le Brésil des contradictions, du métissage, des riches propriétaires terriens et des intellectuels, des femmes, de la vitalité populaire. Où est le visage, où est le masque dans cette population en quête de son identité ?Jorge Amado a dix-huit ans quand il écrit Le Pays du Carnaval. C'est le premier roman d'un tout jeune journaliste prêt à s'engager dans les combats politiques. Publié en 1931 au Brésil, le livre n'avait pas alors été traduit en langue étrangère. Puis d'autres romans l'avaient recouvert. Jorge Amado a enfin accepté qu'une version italienne (1985) et une version française en soient données.»Alice Raillard.
Le « Domaine Fraternité », une plantation de cacao au sud de Bahia. Des ouvriers agricoles s'entassent dans des cases malpropres. Dans ce monde coloré et rythmé par les cacaoyers, seuls le tafia et les femmes distraient les coeurs modestes. C'est là que débarque Sergipano, un jeune homme déclassé suite à la mort de son père. « Loué » une misère par le Colonel Mané-la-Peste, être bedonnant exploitant le malheur pour renflouer ses poches, il fait l'expérience de la fraternité qui lie les âmes sans espoir, courageuses et authentiques. « L'un de ces rares écrivains qui ont su incarner l'âme métisse et réputée insaisissable du Brésil. » L'Express
Dans un coin abandonné et désert des entrepôts de Bahia, grand port brésilien, vivent en marge de la société de nombreux gamins surnommés les «Capitaines des Sables». Vêtus de guenilles, sales, quasi affamés, lâchant des jurons et fumant des mégots, ils sont en vérité les maîtres de la ville, ceux qui la connaissent totalement, ceux qui totalement l'aiment, ses poètes. Ils volent, participent à toutes sortes de mauvais coups, et si habilement que la police ne peut jamais les prendre sur le fait.Leur chef s'appelle Pedro Bala. Ses lieutenants sont le Professeur (parce qu'il aime lire), Patte-Molle, le Chat, Sucre-d'Orge, Coude-Sec, etc. Un jeune prêtre, l'abbé José Pedro, s'intéresse à eux, essaie de les ramener dans une voie meilleure. S'il réussit à se faire aimer d'eux, il ne parvient pas à les amender et n'aboutit qu'à se faire très mal voir de ses supérieurs. C'est l'existence mouvementée, dramatique et poétique à la fois, de cette bande de petits chenapans qui unissent la ruse et l'audace des hommes faits à l'innocence et au charme des enfants qu'évoque le roman de Jorge Amado.
Un navire emporte vers les terres à demi barbares d'Ilhéus, au sud de Bahia, le capitaine Joao Magalhaes, Margot, Juca Badaro, Antonio Vitor et bien d'autres encore. Une chanson les accompagne, triste comme un présage de malheur, qui dit qu'ils ne reviendront jamais parce que, là-bas, la mort les attend derrière chaque arbre. Hommes, femmes et enfants, ils convergent de toutes les régions du Brésil, ils ont peu de traits communs sauf celui d'avoir tout laissé dans l'espoir de faire fortune avec les cacaoyers, en gagnant sur les impénétrables forêts de cette immense contrée bordée par l'Océan. Tout l'ouvrage de Jorge Amado est le récit - magnifique - des sanglantes rivalités qui opposent entre eux, dans leur lutte pour la conquête de terrains vierges à défricher, les fazendeiros, ces planteurs de cacao des terres du bout du monde.
1925 à Ilhéus, petite ville côtière et cacaotière au sud du Brésil. Lorsque la cuisinière du bar Le Vesuvio démissionne à la veille d'un important repas d'affaires, Nacib, le patron, n'a d'autre choix que trouver la perle rare. Il embauche alors la sublime Gabriela, envoûté par son odeur de girofle et de cannelle et, pour mieux la garder, finit par l'épouser. Mais Nacib est un homme extrêmement jaloux et Gabriela, loin d'être femme à se laisser mettre en cage. Fort heureusement pour elle, à Ilhéus aussi la civilisation est en marche, et dans son sillage, un parfum de changement, un vent de liberté.
« Un livre majeur, lyrique et vif, où Jorge Amado abandonne le communisme ébouriffé et naïf de sa jeunesse au profit d'une luxuriance ironique, d'une splendeur épique, drôle et barbare. » Le Monde
À Salvador, où la boutique aux miracles fait office d'université populaire, le maître Pedro Archanjo dispense des cours. Autodidacte, il écrit aussi des livres qui incommodent l'élite locale. Vingt ans après sa mort, en 1968, il devient l'objet de vénération des universitaires quand un éminent ethnologue américain, prix Nobel de surcroît, débarque au Brésil se targuant d'être spécialiste de son oeuvre.
On assiste alors au grand cirque médiatique qui célèbre la mémoire de ce héros en même temps qu'on le vide de son engagement politique. Avec sa sensualité et sa verve habituelles, Jorge Amado rend hommage à la culture bahianaise tout en pointant du doigt les contradictions politiques de son paysÀ Salvador, où la boutique aux miracles fait office d'université populaire, le maître Pedro Archanjo dispense des cours.
Autodidacte, il écrit aussi des livres qui incommodent l'élite locale. Vingt ans après sa mort, en 1968, il devient l'objet de vénération des universitaires quand un éminent ethnologue américain, prix Nobel de surcroît, débarque au Brésil se targuant d'être spécialiste de son oeuvre. On assiste alors au grand cirque médiatique qui célèbre la mémoire de ce héros en même temps qu'on le vide de son engagement politique. Avec sa sensualité et sa verve habituelles, Jorge Amado rend hommage à la culture bahianaise tout en pointant du doigt les contradictions politiques de son pays
En plein coeur de la vieille Bahia, une ancienne bâtisse coloniale, apparemment comme les autres, au n° 68 de la Montée-du-Pelourinho. Quatre étages. Un escalier obscur. Le bistrot de Fernandes sur le devant. Dans les cent seize chambres, plus de six cents personnes, sans compter les rats. Isaac, dona Risoleta, la douce Linda, le Noir Henrique, Artur dont la machine a broyé les deux bras, qui mendie et fait peur aux enfants, l'agitateur Alvaro Lima... c'est tout un monde prétendu sans hygiène et sans morale que Jorge Amado met en scène dans ce seul lieu qui évoque l'arène du théâtre antique et où s'élevait autrefois le piloris destiné aux esclaves. Un monde malade, révolté, misérable, qui sue de la suor des opprimés, dégage une odeur de chambre de défunt, mais qui aime et reste la vitalité même, et saura peut-être un jour bouleverser sa condition, pourtant la plus désespérée.
À vrai dire, ce roman et Les terres du bout du monde, qui lui est antérieur, ne forment qu'une seule histoire : celle des terres du cacao du sud de Bahia. Dans ces deux livres, j'ai essayé de retracer avec impartialité mais non sans passion le drame de l'économie cacaoyère, la conquête de la terre par les colonels féodaux au début du siècle, puis le passage des terres entre les mains avides des exportateurs il n'y a guère. Et si le drame de la conquête féodale est épique et celui de la conquête impérialiste seulement mesquin, la faute n'en incombe pas au romancier. Joaquim dit que l'étape à venir sera pleine d'héroïsme, de beauté et de poésie, et je le crois.Jorge Amado.
«Ils ne se lassaient pas d'admirer le fleuve [...] Non seulement Marta et Vicente, mais tous les autres, qui venaient de ces pays où, faute d'eau, la terre était desséchée et stérile, où seuls résistaient les animaux les plus farouches - et l'homme, le plus farouche de tous. Appuyés à la balustrade, ils parlaient peu. L'essentiel de la conversation consistait à faire des projets pour Sao Paulo. Personne ne s'attendait à ce que l'argent fût facile. Mais ce qu'ils espéraient, c'est qu'il existât, et que la terre ne fût pas aussi aride, aussi difficile à obtenir que celle qu'ils venaient de quitter.» Chassés de la plantation après sa vente, des colons entament un exode à travers le sertao aride vers le mythique Sao Paulo, parcourant les chemins de la faim - une singulière épopée.
Un narrateur cynique et ironique essaie de démêler le vrai du faux dans une histoire abracadabrantesque. Qui pouvait bien être le commandant Vasco Moscoso de Aragão, débarqué un jour en grande pompe dans la paisible ville de Piripiri peuplée de retraités en attente du jugement dernier ? Était-il, comme certaines mauvaises langues l´affi rment, un simple fi ls de commerçant, ou ce vieux loup de mer, capitaine au long cours ? La ville se divise. On argumente, réfute, s´exclame, s´esclaffe, se dispute, se sépare. Au grand dam du narrateur, simple serviteur de l´illustre mystère. Jusqu´au jour où le fier et digne capitaine se voit obligé de prendre les commandes d´un bateau transportant d´importants passagers. La vérité fi nira-t-elle par éclater aux yeux de tous ? Titres honorifi ques et mariages bourgeois en prennent pour leur grade, et Amado de rendre hommage, encore une fois, aux fi lles de petite vertu et au peuple métissé d´un Brésil ardent.
Antonieta Esteves Cantarelli, riche veuve et personnalité influente à Sao Paulo, est de retour dans son bourg natal de la province de Bahia, d'où elle a été chassée il y a trente ans alors qu'elle n'était qu'une chevrière connue sous le nom de Tieta. Elle est bien accueillie et devient la porte-parole de la population qui refuse l'installation d'une usine chimique dans la région.
Dans les années 1920, dans l'Etat de Bahia, au Brésil, le jeune Jamil rêve de fortune et d'amour. Ibrahim, un veuf éploré, propose à qui épousera sa fille de reprendre son commerce. En compagnie de Raduan, un joueur de cartes, les trois hommes conversent sur les femmes et l'amour. Un roman sur l'immigration syro-libanaise au Brésil.
1940, Rio de Janeiro, sous l'Estado Novo, dictature militaire proche de l'idéologie nazie. Le poète académicien Antônio Bruno vient de mourir, laissant une place vacante à l'Académie brésilienne des lettres. Le colonel Agnaldo Sarnpaio Pereira, grand admirateur du IIIe Reich, se voit déjà élu à l'unanimité. Mais deux espiègles immortels vont lui imposer un autre candidat, fervent défenseur de la démocratie : le général Waldomiro Moreira. Commence alors une lutte sans merci. Espionner l'ennemi, soudoyer les alliés pour gagner cette guerre, tous les moyens sont bons.
Jolie et rayonnante, cuisinière émérite, dona Flor est très aimée. On la plaint aussi parce qu'elle a épousé Vadinho, vaurien, joueur et coureur. Le roman s'ouvre au moment du carnaval et sur la mort inattendue de Vadinho, après sept ans de mariage. Dona Flor se console assez vite en épousant le très respectable docteur Teodoro. Mais cette existence calme et ordonnée prend fin le jour où dona Flor trouve Vadinho étendu nu sur le lit. Invisible à tous, l'homme s'est réincarné pour la seule dona Flor et entend bien jouir de ses droits conjugaux...
Pris dans le tohu-bohu des idées et des illusions de ce siècle, Jorge Amado, Bahianais attaché à son «pays du cacao», n'a cessé de bourlinguer de par le monde. Il a beaucoup vu, beaucoup retenu des pays et des hommes. Rendu au port, Amado considère ses engagements sans regrets ni reniement.Car ce livre d'une vie est surtout celui du goût de vivre d'un homme. La vitalité prodigieuse de Jorge Amado, sa passion de l'amitié, ses éclats de joie, le rire, l'amour, l'érotisme animent continûment ces pages. Ce ne sont pas les notes quotidiennes d'un journal, pas des mémoires, mais un ouvrage sans exemple : un livre fait de «nouvelles» où les grands de ce monde, ses familiers et nombre d'inconnus sont devenus les personnages d'un roman où l'on retrouve chez l'écrivain de quatre-vingt ans maître de son art les qualités qui lui ont valu son succès à l'Est comme à l'Ouest, selon les pôles de cette Histoire personnelle.Une histoire dont la mort n'est pas absente. Jorge Amado le dit simplement : «Je veux seulement conter quelques histoires, certaines drôles, d'autres mélancoliques, comme la vie. La vie, ah, cette brève navigation de cabotage !»
Pris dans le tohu-bohu des idées et des illusions de ce siècle, Jorge Amado, Bahianais attaché à son «pays du cacao», n'a cessé de bourlinguer de par le monde. Il a beaucoup vu, beaucoup retenu des pays et des hommes. Rendu au port, Amado considère ses engagements sans regrets ni reniement.Car ce livre d'une vie est surtout celui du goût de vivre d'un homme. La vitalité prodigieuse de Jorge Amado, sa passion de l'amitié, ses éclats de joie, le rire, l'amour, l'érotisme animent continûment ces pages. Ce ne sont pas les notes quotidiennes d'un journal, pas des mémoires, mais un ouvrage sans exemple : un livre fait de «nouvelles» où les grands de ce monde, ses familiers et nombre d'inconnus sont devenus les personnages d'un roman où l'on retrouve chez l'écrivain de quatre-vingt ans maître de son art les qualités qui lui ont valu son succès à l'Est comme à l'Ouest, selon les pôles de cette Histoire personnelle.Une histoire dont la mort n'est pas absente. Jorge Amado le dit simplement : «Je veux seulement conter quelques histoires, certaines drôles, d'autres mélancoliques, comme la vie. La vie, ah, cette brève navigation de cabotage !»
Jorge Amado est l'un des rares écrivains de notre temps dont l'oeuvre est universelle. Le succès de ses trente romans traduits en un nombre incalculable de langues tient à l'universalité d'un thème : le combat pour la liberté et la dignité de l'homme. Albert Camus, commentant Bahia de Tous les Saints, écrivait, dès 1939, dans Alger-Républicain : «Qu'on ne s'y trompe pas. Il n'est pas question d'idéologie dans un roman où toute l'importance est donnée à la vie, c'est-à-dire à un ensemble de gestes et de cris, à une certaine ordonnance d'élans et de désirs, à un équilibre du oui et du non et à un mouvement passionné qui ne s'accompagne d'aucun commentaire.» Amado a réussi à se faire écouter partout en ne parlant que d'un canton de l'immense et lointain Brésil, le sien : les terres de Bahia. Aujourd'hui, pour la première fois, il revient sur ses pas. Racontant sa vie, il parle de ses livres. Ou l'inverse. Car ce sont toujours les romans qui fournissent leur point de départ à ces conversations avec Alice Raillard, interlocutrice privilégiée par sa longue amitié avec Jorge Amado et sa femme Zélia Gattai et par la connaissance intime des oeuvres dont elle fut souvent le traducteur.
À Bahia, où la misère humaine s'exploite comme une vulgaire marchandise, la petite Tereza est vendue par sa tante au Capitão, un monstre de cruauté et de dépravation qui abuse des fillettes qu'il achète. Des années plus tard, elle trouve naïvement refuge dans les bras d'hommes qui finiront toujours par la quitter, pour une raison ou une autre. Désabusée, il ne lui reste que sa sensualité pour survivre, une arme inoffensive contre la Peste Noire qui s'abat soudain sur le pays.
It surprises no one that the charming but wayward Vadinho dos Guimaraes-a gambler notorious for never winning--dies during Carnival. His long suffering widow Dona Flor devotes herself to her cooking school and her friends, who urge her to remarry. She is soon drawn to a kind pharmacist who is everything Vadinho was not, and is altogether happy to marry him. But after her wedding she finds herself dreaming about her first husband's amorous attentions; and one evening Vadinho himself appears by her bed, as lusty as ever, to claim his marital rights.