L'Escadron blanc fait revivre l'aventure exemplaire d'un bataillon de légionnaires à la poursuite d'un rezzou, en plein coeur du Sahara. On retrouvera dans ce beau roman épique, où la cruauté du désert évince les charmes de l'exotisme, l'illustration parfaite des drames coloniaux, tels qu'ils furent en vogue dans les années trente.
Joseph Peyré, maître incontesté du genre, a su réunir magnifiquement le réalisme tragique et l'idéalisme héroïques.
Bataillons noirs nous plonge dans l'ambiance coloniale du Soudan français de 1895, cette zone du Sahel où l'armée française paye, aujourd'hui encore, de la vie de ses soldats sa lutte contre le terrorisme.
On y découvre une colonne légère de militaires français et indigènes piégée par l'ennemi - Modi Touré, fils de Samory et ses sofas, musulmans esclavagistes qui sèment la terreur parmi les paysans, les tribus nomades et les tirailleurs - dans le village ravagé de Diamé. Les villageois ont trouvé refuge dans la montagne, conduits par la femme du chef.
Celle-ci tremble pour ses fils : Serpent gris envoyé demander de l'aide aux Français, Serpent Noir, engagé comme tirailleur, Serpent Blanc sacrifié et Serpent Jaune traître par amour. Chacun jouera sa partition en attendant les secours.
Nulle idéalisation de l'armée dans ce roman d'aventures paru sous forme de feuilleton en 1941. Les officiers souffrent : manque de reconnaissance, d'expérience pour certains, privations, fièvre... Isolés, ils combattent autant l'ennemi invisible que leurs propres fantômes. Les soldats indigènes, à leurs côtés, sont un soutien véritable.
En éclaireur, Bataillons noirs fait écho à Frère d'âme de David Diop. Joseph Peyré y devance le devoir de reconnaissance revendiqué ces dernières années et insiste, bien avant l'heure, sur le travail de mémoire et de gratitude réciproque, entre la France et l'ancien Soudan.
Les ombres des alpinistes morts en voulant conquérir le Cervin reviennent hanter, dans les années 30, l'aventure du guide Jos-Mari et de sa cliente Kate qui comptait sauver son couple en défiant avec son mari la montagne... {(Publié en 1939.)}
La pluie ruisselait. Un falot jaune cherchait les hommes. Avec les autres, le Chef à l'étoile d'argent se leva de la boue. J.P.
Ces récits ne sont pas du temps d'aujourd'hui mais d'avant juillet 1936, du temps de ma vie d'Espagne. J.P.
Un homme enjamba le parapet, sauta sur les rochers en contre-bas de la terrasse, se dissimula quelques secondes au pied du mur de soutènement qui se dérobait aux vues du Fort, écouta. Mais aucune des formes parmi lesquelles il était tombé, et qui faisaient corps avec la pierraille dont elles imitaient la couleur, n'avait bougé. J.P.
Brécourt n'a pas eu son combat. Mais, n'ayant pas reçu cette grâce dont le dieu des armées voulut au dernier jour, et pour le consoler, donner au moins l'espoir à son coeur de soldat, il a été recueilli, Sahara éternel, par son désert resté intact..