Avril 1843, sur la digue de Saint-Louis, John James Audubon, le célèbre naturaliste, s'embarque pour ce qui sera sa dernière expédition. Son but est de capturer le plus grand nombre de spécimens possible pour les immortaliser dans le livre sur les quadrupèdes vivipares d'Amérique auquel il travaille. Lui qui est né Jean-Jacques Audubon à Saint-Domingue et qui a grandi en Bretagne se sent chez lui à bord de l'Omega, qui se fraie un chemin sur les eaux boueuses de la rivière, puisque c'est la langue de Molière qui y domine, mais qui a déjà pris des couleurs d'Amérique.
C'est Étienne Provost, né à Chambly, véritable légende vivante, le plus courageux des coureurs de bois, qu'Audubon a engagé comme guide. Tout ce pan du continent, qui va de la Nouvelle-Espagne aux Grands Lacs, est encore le royaume des Indiens et des trappeurs, et bien sûr celui de toute une faune à l'abondance miraculeuse. Un monde qui est sur le point de disparaître. Il ne faut pas croire que les voyageurs se privent pour autant de piller ses richesses fauniques, tirant sur tout ce qui bouge au nom de la science, ou peut-être tout simplement au nom de l'ivresse que procure à l'homme moderne le maniement des instruments de mort qu'a produits son génie.
Les Crépuscules de la Yellowstone explore les mythes de tout un continent comme on remonte un fleuve, entre ombre et clarté, histoire officielle et légendes diffuses. C'est aussi le périple de son auteur sur les traces d'Audubon, car Louis Hamelin a décidé de refaire le même voyage, en voiture, parmi les VUS qui ont remplacé les bisons sur les chemins du Dakota du Nord. Sa virée se terminera par une brosse d'anthologie au Murray Bar de Livingston, au Montana, en compagnie de Cal Winkler, étoile montante du nature writing et fervent disciple de Jim Harrison.
Irrévérencieux, truculent, poétique, ce nouveau roman de Louis Hamelin révèle un écrivain en pleine possession de ses moyens en même temps qu'un homme qui prend la mesure de son âge et du monde qui l'entoure. En élevant un poignant tombeau en souvenir de toutes ces vies sacrifiées et de nos rêves désormais enterrés sous l'asphalte des autoroutes et des stationnements à l'infini, le romancier nous fait aussi entrer dans sa propre épopée.
Dans cette extraordinaire fresque, premier grand roman sur la crise d'Octobre, Louis Hamelin réinvente l'histoire du terrorisme au Québec et fait le portrait, souvent très drôle, d'une société entre deux époques. Roman historique? Polar? Thriller politique? Tout cela et bien plus encore!
Des fois, Sam, j'ai l'impression que la lumière des faits nous parvient de très loin, comme celle des étoiles mortes. Et que nous nageons en plein arbitraire quand nous essayons de relier les points pour obtenir une figure plausible... Peut-être que les explications que nous cherchons ne sont jamais que des approximations, des esquisses chargées de sens, comme les constellations : nous dessinons des chiens et des chaudrons là ou règne la glace éternelle des soleils éteints.
En 2001, à la mort de son ancien professeur, l'éditeur-poète Chevalier Branlequeue (un nom de plume !), l'écrivain Samuel Nihilo décide de poursuivre les recherches de ce dernier sur la crise d'octobre 1970. Chevalier y a toujours vu l'aboutissement d'une conspiration politique. De Montréal, où commence son enquête, jusqu'au village mexicain de Zopilote, où les chemins de Nihilo et d'un ex-felquiste se croiseront, en passant par l'Abitibi des grands espaces - si somptueusement décrits -, les recherches de Samuel vont rapidement se concentrer sur le rôle joué en 70 par les services secrets, l'escouade antiterroriste et toute une panoplie de personnages pas nets, dont le spectre quasi shakespearien du ministre assassiné !
Si Ti-Luc Blouin est si pressé de se rendre sur la côte ouest, c'est qu'il est à la recherche de son père, un écrivain américain mythique qui vit reclus dans l'île de Mere, au large de Vancouver. Mais il trouvera là bien plus que ce qu'il avait escompté. Hier encore le royaume de la forêt vierge, l'île est aujourd'hui le théâtre de vifs affrontements entre la multinationale qui détient les droits d'exploitation de la forêt et tout ce que l'Amérique compte d'écologistes et de militants.
Après avoir vécu dix ans à Montréal, Éva revient s'installer dans sa ville natale, à Maldoror, en Abitibi, plus précisément dans le chalet de son père, au bord du lac Kaganoma.
Ce qu'elle vient y chercher? Le silence, la paix. Mais il s'avère que ce silence, cette paix, sont des denrées rares et que, comme toujours quand il y a des denrées rares, il se trouve un petit malin pour se les approprier et les revendre, avec profit, aux Américains. Mais qui dit commerce dit développement, et qui dit développement dit arbres qu'on coupe et chemins qu'on ouvre à coups de bulldozer dans la forêt. Que reste-t-il de la paix, alors?
C'est ainsi qu'Éva s'engage dans un mouvement de protestation lancé par des riverains du Kaganoma, qui se mobilisent pour protéger leur trésor. Cette folle aventure l'amènera à former un improbable quatuor avec trois hommes : Dan Dubois, acteur célèbre devenu réalisateur de documentaires dénonçant l'exploitation de la forêt boréale, Lionel Viger, «le Lion de l'Abitibi», flamboyant promoteur et roi nègre local, et son propre père, Stan Sauvé, polygraphe et éditeur en chef du Colon, l'hebdo de Maldoror.
Au sommet de son art, Louis Hamelin fait vivre ici toute une galerie de personnages, qu'il croque avec l'oeil subtil du moraliste, mais sans jamais les juger, en nous les montrant en train de se débattre au milieu de leurs contradictions, comme autant de mouches prises au piège d'une immense toile d'araignée.
Avec humour et ironie, sans exclure la tendresse, Louis Hamelin oppose à la dérisoire sauvagerie des hommes l'immense sauvagerie de la nature, décrite ici dans une prose somptueuse.
Ils sont trois à partager un appartement. Trois hommes marginaux, un peu paumés. Survient alors Dorianne, cette étrange créature de la nuit qui s'incruste dans la vie du trio. Mais c'est sur Vincent que cette véritable ensorceleuse jette son dévolu. La soif insatiable de Dorianne pour le vin rouge laisse cependant présager le pire pour le jeune homme. Égérie de Dyonisos ou de Dracula ? La jeune beauté ne lâchera pas sa nouvelle proie tant qu'elle n'aura pas entièrement consommé sa nouvelle source de plaisir.
Roman urbain et moderne, flirtant avec le fantastique, Ces spectres agités raconte à la fois de façon tendre et brutale une histoire d'amour peu banale.
Il suffit d'un rien pour que notre vie soit changée. Par exemple, qu'un orignal atterrisse sur la banquette avant de notre auto après avoir fracassé notre pare-brise. Imaginez que, la fois suivante, ce soit Betsi Larousse, la starlette du clip, l'idole de l'heure qui se retrouve assise à la même place. Betsi Larousse ou l'ineffable eccéité de la loutre, un roman résolument américain par le ton, la démesure et surtout par cette pureté, cette naïveté, cette grandeur qui sont les marques les plus profondes et les plus visibles de cette neuve Amérique.
Poètes qui se meurent de désir, débroussailleurs qui ont vu l'ours, informaticien pris entre deux feux : qu'ils soient indiens cris ou écrivains, les personnages qui traversent ces dix histoires sont aux prises avec la complexité d'un monde qui n'est que le pâle reflet des beautés réfugiées dans la mémoire. Ils ont des désirs simples ou compliqués, de l'amour à revendre, l'art de se mettre les pieds dans les plats. Naïfs ou rusés, passionnément inadaptés, ils oscillent entre la secrète nostalgie d'une vie libre et les besoins de la tendresse. Dans leur imagination s'empilent les cadavres de loups et les filles de Toronto. La solitude est leur lot commun, ils mordent dans le gras de l'avenir, se promènent de couples embryonnaires en mirages familiaux. Sans cesse, leur tristesse s'alimente à leur joie. Ils sont, en d'autres mots, des vivants bien ordinaires et terribles.
Le romancier Louis Hamelin se fait ici conteur et nous offre des histoires parfois pathétiques, parfois drôles, souvent charnelles, qui nous font voyager de Montréal jusqu'aux territoires les plus sauvages.
Voyager en emportant ses racines, quel beau rêve... Quel cauchemar. On voudrait devenir un autre, mais les racines sont là, elles nous suivent, leur terreau nous colle aux talons: rêves, souvenirs, images des absents, et jusqu'à l'avenir lui-même. Un seul besoin: la lumière. Assis sur mon petit bout de sol natal, je suis une forme qui fluctue. Ce sont les fluctuations de cette entité parfois floue que j'ai essayé de fixer, sans toujours m'en rendre compte, et parce qu'il faut bien écrire, quand on a fait la gaffe de se déclarer d'entrée de jeu écrivain. Comme une plante en pot, j'ai exposé mes feuilles à un soleil de douze mois. Les textes réunis ici se promènent entre la Gaspésie et la Mauricie, lieux des souvenirs d'enfance et de la vérité première, et entre Montréal et Paris, là où, parfois brutalement, j'ai été éjecté dans l'univers. Si mon identité, en tant que représentation d'une créature distincte, existe, elle ne se définit jamais mieux que par ma relation avec mon chat, ne se trouve pas ailleurs que dans ce lac encore sauvage de la Mauricie où, par une chaude fin d'après-midi qui laisse le monde inchangé, je m'immerge jusqu'aux narines et commets quelques brasses, pendant qu'un couple de huards qui refait périodiquement surface me crie après. Voilà. Se fondre dans le monde et, perpétuellement, naître. C'est la seule aventure dont il sera question ici.
Depuis toujours le pôle Nord fascine. Territoire hostile, ce nest quau xxe siècle que les explorateurs atteindront cette destination mythique. Et pourtant, en 1595, le génial cartographe flamand Gérard Mercator publie, dans son atlas mondial, une planche
Ce récit, complètement fictif, mais que le Québec du XXe siècle aurait pu connaître, fait découvrir, par dialogues élaborés, l'état conflictuel des relations entre les Autochtones et les non-Autochtones.
L'auteur s'arrête à trois principaux personnages : la Métisse, son époux et leur fille adoptive, Nipish (fleur). Le destin tragique de cette enfant qui tue un rêve franco-autochtone trouve des explications dans une idéologie dominante de confrontation ethnique.
Ce tableau original d'une autochtonie contemporaine écrit dans une langue sobre, précise et créatrice vous fera vivre de belles aventures.
Nipish, fleur exotique pourtant près de nous, vous est offerte.
Cueillez-la et laissez-vous emporter.
«Je me suis engagé spontanément dans des domaines qui deviendront caractéristiques du modèle québécois, à savoir l´enthousiasme de faire, l´université, le rôle de l´État, le Nord et la langue. J´ai commencé des enseignements dans des matières peu connues: géographie, géomorphologie en milieu froid. J´ai suggéré l´organisation d´un ministère du Nord; un tel outil n´a jamais été créé, mais il aurait été fort utile lors du développement de l´hydroélectricité du Moyen Nord, l´élaboration de la Convention nordique et la conceptualisation de modèles administratifs originaux.» Louis-Edmond Hamelin a consacré sa vie au travail intellectuel tout en continuant des activités physiques étonnantes. Géographe, économiste et linguiste, il a fondé, en 1961, le Centre d´études nordiques interdisciplinaire, à l´Université Laval, où s´est déroulée la majeure partie de sa carrière scientifique. De 1978 à 1983, il fut recteur de l´Université du Québec à Trois-Rivières. On lui doit de nombreuses publications (dont le livre Nordicité canadienne aux Éditions Hurtubise HMH) qui lui valut le prix du Gouverneur général en 1976), ainsi que d´innombrables néologismes.
Octogénaire, ce pionnier des études géographiques et nordiques au Canada décrit son parcours intellectuel, sa carrière et son cheminement personnel où le tout apparaît très lié. Il pose un regard global sur le Québec de l´Est à l´Ouest et du Sud au Nord. Un regard qu´il devient de plus en plus urgent que nous posions nous aussi.