En 1530, François 1er, veuf de Claude de France, épousait Éléonore, soeur aînée de Charles Quint, fille de Philippe le Beau et de Jeanne la Folle. Née à Bruxelles, elle avait passé la majeure partie de sa jeunesse à Malines (Pays Bas) parmi les fêtes et le luxe de la Renaissance bourguignonne. Veuve de Manuel 1er, roi de Portugal, elle avait dû abandonner dans ce royaume sa fille unique et elle ne se consola jamais de cette séparation. Son mariage avec François ler fut conclu comme gage d'alliance entre la France et l'Espagne, et Eléonore s'attacha à tenter de rapprocher son frère qu'elle adulait et son époux qu'elle aimait, bien qu'il la négligeât. Pour la première fois, une biographie " moderne " lui est consacrée, appuyée sur des sources sérieuses et des documents de première main.
Exemplaire mais singulier du pouvoir des familles dans les villes moyennes du Sud-Ouest, à la fin de l'Ancien Régime, entre Révocation et Révolution. Dans cette ville dominée politiquement et économiquement jusqu'en 1685 par des familles protestantes, la monarchie se trouve dans l'obligation, à la fin du XVIIe siècle, de promouvoir de nouvelles élites municipales, catholiques. Ce contexte particulier favorise l'ascension d'un petit nombre d'hommes appartenant à quelques réseaux familiaux aux ramifications tentaculaires. Ces familles, qui monopolisent le pouvoir municipal pendant de longues années, sont essentiellement bourgeoises. Celle des Gontier de Biran émerge du lot commun par son niveau de fortune et par son poids politique local et régional. Elle fournit à la ville un maire sur deux pendant tout le XVIIIe siècle et confisque à son profit d'autres lieux de pouvoir. Si elle n'a pas de véritable stratégie de carrière nationale, elle assure localement le relais entre le service de l'Etat et le pouvoir des familles les plus notables dont elle est l'émanation. A la fin du siècle, l'un de ses fils, le philosophe Maine de Biran, concrétise sur le plan national les ambitions intellectuelles et politiques de la " dynastie ".
Après avoir consacré tant de colloques à toutes les formes de «la vie de château», les Rencontres d'Archéologie et d'histoire en Périgord ne pouvaient faire l'économie de «la mort au château». Lieu de pouvoir, celui-ci obéit à un processus de ségrégation spatiale, sociale, symbolique, qui en fait le théâtre d'une dramaturgie aux multiples facettes, dont quelques-unes seront ici ressuscitées. Mourir au château, c'est d'abord, entre repentances et pénitences, se présenter nu devant Dieu. Et c'est ensuite abandonner sa dépouille aux vivants et laisser à leur discrétion funérailles, hommages et autres solennités. Rituels dont le déploiement affirme, du plus modeste repaire noble au palais du monarque, l'inscription d'une lignée dans un territoire, la force des liens entre seigneurs, vassaux et tenanciers, et l'affirmation, jusqu'à nos jours, d'une sociabilité aristocratique de la différence jusque dans la mort. Mourir en grand roi, tel Louis XIV à Versailles, ou bien en souverain d'une minuscule principauté, tel Charles III de Monaco, n'est qu'affaire de hiérarchie. Mais mourir en reine ? Peu d'entre elles, telles la princesse Fatima bint al-Ahmar à Grenade au xiie siècle ou Anne de Bretagne, deux fois reine de France, ont été honorées à l'aune de leur naissance et de leur puissance. La mort fulgurante de Marie-Thérèse d'Autriche, épouse de Louis XIV, ne lui laissa pas le temps de dicter ses dernières volontés - en avait-elle d'ailleurs d'autres que de sauver son âme ? Mourir au château n'est pas toujours mourir philosophiquement dans son lit, tel Montaigne ! La violence est à l'origine même de l'univers castral : guerres féodales des chansons de geste, vengeances familiales, emprisonnements, mouroirs sous lambris pour tant de soldats de la Grande Guerre... Que d'âmes errantes et de spectres qui nourrissent les légendes familiales et reviennent avec entêtement sur les lieux de leurs crime ou de leur martyre ! Une visite au château de Montréal à Issac résume admirablement pour les lignées qui s'y sont succédé depuis le xiie siècle, les Saint-Astier, Peyronencq, Pontbriand, du Chesne et Faubournet de Montferrand, la victoire de la chapelle sur le donjon, exaltée par la présence d'une épine de la Sainte Couronne, pieusement conservée depuis la fin de la guerre de Cent ans.
Pour la première fois depuis 1984, les Rencontres d'archéologie et d'histoire en Périgord n'ont pu se dérouler en septembre 2020 en raison de la pandémie.
Exceptionnel et dramatique, cet arrêt forcé a malgré tout permis de mesurer l'ampleur des découvertes issues de nos publications sur l'histoire des châteaux, soit une trentaine d'ouvrages. C'est pourquoi le conseil scienti??ique de notre association a estimé que le moment était venu d'honorer le Périgord dont les collectivités territoriales soutiennent depuis ses origines notre démarche scienti??ique désormais unique en Europe. Cet ouvrage en est le fruit, à partir d'une rétrospective des contributions publiées depuis les quinze dernières années. Elle offre des études spéci??iques sur des châteaux périgourdins saisis dans leur singularité exemplaire : ainsi de Biron, Thénac, l'Herm, Bridoire, Campagne, Montaigne, Puyguilhem, La Force... et du castel de Garrigues à Bergerac. Que leurs auteures et auteurs soient remerciés pour avoir accepté de réactualiser certains aspects de leurs travaux liés aux avancées de la recherche, notamment en archéologie.
Les Rencontres d'archéologie et d'histoire en Périgord ont déjà consacré des colloques où les animaux étaient associés à l'histoire des châteaux, du xe jusqu'au xxie siècle. Mais, cette fois, dans cet ouvrage, ils occupent le devant de la scène et ils le méritent amplement depuis que des travaux récents leur ont donné, au sein des sociétés châtelaines, un rôle éminent, utilitaire et ludique, esthétique et symbolique. C'est pourquoi ce livre se présente à la façon d'un parcours animalier dont les allées conduisent à des lieux châtelains : les parcs avec leurs ménageries et leurs pigeonniers ; les pièces d'apparat avec leurs immenses tapisseries aux bestiaires familiers, exotiques et imaginaires ; les cabinets de curiosités si bien nommés et tellement accueillants à l'étrangeté animale, maritime et terrestre ; enfin, les bâtiments eux-mêmes, ressources inépuisables de sculptures animalières.
Tout compte fait, c'est à une chasse aux trésors de la gent animale que vous invite cet ouvrage !
Quel enfant n'a rêvé, à travers les contes de fées, les romans de cape et d'épée, les bandes dessinées ou les films de Walt Disney, de vivre dans un château ? Des tours qui tutoient le ciel, des souterrains obscurs où brillent des trésors, de fougueux chevaliers qui sauvent des princesses endormies, tout y parle d'aventures, de gloire, d'amour, de liberté. Mais au-delà de ce vert paradis d'images enfantines, la réalité historique est tout autre, dont ces XXIVe Rencontres se proposent de donner quelques illustrations.
Dès le haut Moyen Age, la noblesse châtelaine s'est souciée de l'éducation de ses enfants, en conformité avec leur naissance, leur sexe et leur établissement futur. Ainsi, pendant des siècles, le château a été l'espace privilégié de reproduction et d'éducation des élites nobiliaires. Bonheurs pour certains - on songe aux pages émues de Montaigne guidé par un père aimant, ou celles d'un Talleyrand et sa grand-mère au château de Chalais.
Tourments pour d'autres - René de Chateaubriand au château de Combourg aussi sombre que l'humeur de son géniteur. Les situations varient selon les familles et selon les époques. Mais du gouverneur aux précepteurs, aux maîtres d'équitation et de danse, ou aux professeurs de musique et de dessin, le château est alors un espace concret de formation des futurs châtelains, envoyés ensuite dans des collèges ou des académies militaires.
Les filles le quittent aussi pour le couvent ou les pensionnats religieux. Les jeunesses au château sont alors éphémères, mais les vacances, qui réunissent frères et soeurs, cousins et cousines, font oublier les contraintes scolaires. Mémoires et correspondances témoignent avec mélancolie de ces temps heureux. Après la Révolution, la noblesse du XIXe s. se "réinvente", entre nostalgie d'Ancien Régime et nécessaire adaptation.
Revenue sur ses terres, elle réaffirme, entre les vieux murs ancestraux, ses valeurs immémoriales, et nombre d'hommes et de femmes prennent la plume, telle la comtesse de Ségur, pour en assurer la transmission.
Autour de l'An Mil s'opère, en Occident, une lente reconstruction d'une Justice qui confère toute autorité à des notables locaux pour le règlement de conflits dont la plupart ne dépassent pas les horizons des villages. Autant d'accommodements qui s'ancrent dans les us et coutumes des habitants. En France, la situation évolue rapidement en raison de l'emprise croissante de la monarchie et de ses gens de justice. Comment oublier l'image, tant de fois reproduite dans les manuels d'histoire, d'un Louis IX, futur saint Louis, exerçant sa fonction de roi justicier sous le grand chêne ombragé de son château de Vincennes ? Cet ouvrage, issu des recherches les plus récentes, montre que la réalité fut différente et que, jusqu'à la Révolution de 1789, nombreux sont les seigneurs qui continuent d'exercer leur pouvoir judiciaire. Les uns pour le pire, les autres pour la relative tranquillité de leurs tenanciers, même si nous avons gardé en mémoire la silhouette démesurée et sinistre des fourches patibulaires à l'orée des bois ou au sommet des collines. Enfin, fidèle à la longue durée qui préside à nos Rencontres d'archéologie et d'histoire en Périgord, cet ouvrage présente des bouleversements ultérieurs du système judiciaire, contemporains des XIXe et XXe siècles.
Si les châteaux se dé??inissent uniformément, au long du dernier millénaire et indépendamment des évolutions de leur architecture et de leur environnement comme des lieux emblématiques de pouvoir et d'autorité, les révolutions - sans majuscule - ne revêtent nullement une signi??ication univoque et intemporelle. C'est seulement au XVIIIe siècle que s'est produite l'extension du terme 'révolution' hors du champ de l'univers et du domaine politique. Celui-ci fut mis en valeur, de manière éclatante, à partir de 1789 dans la continuité des expérimentations des révolutions anglaises de 1648 et 1688. Les contributions de cet ouvrage re??lètent ces différences d'approches avec, pour point de départ, le rôle des châteaux conçus comme des creusets d'innovations architecturales depuis leur mise en défense médiévale jusqu'aux transformations d'une modernité fondée sur la marche continue du progrès et l'aisance de propriétaires, soucieux de bien être ou d'ostentation...À leur tour, ces bouleversements castraux ont pu servir de cadre aux manifestations révolutionnaires sous la forme de journées décisives pour le cours de la Révolution : ainsi des événements qui se sont déroulés à Versailles et à Vincennes, étudiés dans cet ouvrage. Ces infortunes de quelques grandes demeures royales se sont abattues sur maints châteaux seigneuriaux, punis, voués à disparaître ou dévolus à d'autres fonctions qui s'apparentent à des révolutions : ici, le château est devenu une prison ; là, il se transforme en un lieu d'industrie. Les exemples abondent de ces transformations propres au XIXe siècle en attendant l'éclosion touristique du XXe siècle et des conquêtes patrimoniales liées à la protection, à la sauvegarde, voire au choix sentimental d'une personnalité d'exception : c'est ainsi que cet ouvrage réserve une place privilégiée à Joséphine Baker et à son ancien château des Milandes en Périgord.
De l'audace, toujours de l'audace! Il en avait déjà fallu, il y a quelques années, pour envisager le château comme lieu de plaisir et de divertissement. Il en fallait plus encore pour oser sortir du château comme seul lieu de pouvoir ou de savoir, descendre jusque dans ses caves et consacrer tout un colloque à envisager le cadre de vie noble sous l'angle d'une activité longtemps considérée comme «ignoble», la cuisine. On sait que les métiers de bouche tels que tripier, boucher ou pâtissier ont longtemps été des activités dépréciées, du moins par les hommes d'Église. Ils voyaient le cuisinier comme un être sale et impur, et l'ont même accusé de cruauté envers les animaux. Cette opinion est «naïvement» exprimée vers l'an 1000, disait Jacques Le Goff, par l'évêque Adalbéron de Laon soucieux de mettre en valeur, par un jeu de contraste, l'état de clerc : les hommes de Dieu sont exemptés de travaux serviles, «ils ne sont ni bouchers ni aubergistes» et, heureux hommes, «ignorent la cuisante chaleur d'une marmite graisseuse» [...].
La cuisine n'est pas un objet de recherches anecdotique, et la cuisine au château moins encore que toute autre : [...] la cuisine, cachée au regard, est un des creusets où se crée la politique du prince et où se montre son aptitude au bon gouvernement. (Danièle Alexandre-Bidon).
Tentant en diable, ce titre prend toute sa place au sein des Rencontres d'histoire et d'archéologie du Périgord dédiées à l'étude des châteaux européens dans la longue durée de leurs vie et survie millénaires, du X e au XXI e siècles. Le choix de ce thème laissait présager une quête spirituelle capable de l'emporter sur les préoccupations défensives et offensives des bâtisseurs de châteaux, mais c'était sans compter sur l'implantation et la multiplication des chapelles castrales qui occupent une place de choix dans cet ouvrage et témoignent de l'emprise du sentiment religieux sur la vie quotidienne des châtelains et de leurs familles.
Par contre, point de traces aussi marquantes de la présence du diable, mais l'on sait que celui-ci se loge dans les détails et ceux-ci ne manquent pas dans cet ouvrage tantôt pour conjurer la peur du Mal, tantôt pour ne pas résister à sa tentation... A la façon de Martin Luther jetant son encrier à la tête du diable qui ne cesse de l'importuner au château de la Warburg où l'Electeur de Saxe le retient prisonnier pour mieux le protéger des menaces du monde extérieur depuis son excommunication et sa mise au ban de l'Empire.