On ne sait où ni quand cela a commencé, ni si une issue est possible, sachant que le mot finir est notre compagnon d'effroi. Ne persiste que cette embrasure d'instants que nous serrons dans l'avancée. Nous y émergeons quelquefois hors limite, quand l'imprévisible libère le foyer des suffocations et au devant éclairci se fait pure respiration ; même lorsque le passé s'épaissit en lourde traîne de lambeaux. La voix de Nicolas Cendo est lente et profonde ; sans doute composée d'importance. Sans être bruyante, c'est une langue est incisive et inquiète ; nette et bien que peu bavarde faite d'allusives intranquillités.
"Il a fait aujourd'hui très beau, un reste de bleu trouble encore la cime des eucalyptus. Par la fenêtre qui voudrait retenir le ciel, rien ne paraît de tout ce qui s'est dispersé, si ce n'est le calme terrible de l'air."
Fidèle à sa manière, Nicolas Cendo évoque, dans une langue à la fois fine et inquiète, toutes sortes de marges (rivages maritimes, extrémité du jour, fin de saisons), d'où celui qui regarde, fiévreux, vigilant, prend conscience, au gré des passages et des pertes, d'une menace sourde, universelle. Dans ces textes brefs, l'heure, la mémoire, le paysage, les voix, sont sur le point de se dissoudre. Quelque chose d'indistinct, de peu sûr, néanmoins, est à poursuivre en chaque instant, jusqu'à rejoindre une sorte d'épuisement, de relâchement s'exprimant sous forme de chant. Avec le peu de mots qui lui reste, le poète tente ainsi, dans ce dernier recueil, d'approcher le fond, s'obstinant à sonder l'autre versant, plus étroit, plus vertigineux soudain, au moyen de l'instrument dérisoire de la langue.
Recueil de courts poèmes en prose faisant revivre des sensations fugaces et des instants éphémères au fil des saisons : le mouvement de la brise, le coucher du soleil ou encore un vol d'étourneaux.
Entièrement engagé dans l'aventure cubiste, Juan Gris est le seul artiste qui développera son oeuvre sous cette seule bannière.
Bien qu'ayant adhéré plus tardivement que Braque et Picasso à cette esthétique, son parcours est un des plus exemplaires et singuliers de l'histoire de ce mouvement. Déployée sur une courte durée, entre 1911 et 1927, son oeuvre s'impose aujourd'hui comme l'une des plus rigoureuses, qui a su investir l'austérité cubiste d'une profondeur et d'une poésie inégalées. Quatre-vingt oeuvres et de nombreux documents sont réunis dans cette exposition visant à mettre en lumière l'originalité et l'importance de ce grand artiste dans l'histoire de la peinture du XXe siècle.