En un siècle de présence de la Légion étrangère en Indochine, de 1883 à 1955, ces paroles du célèbre Boudin ne se sont jamais démenties.
Sur la terre jaune, la Légion a écrit quelques unes des plus belles pages de son histoire, tant durant la conquête à Sontay, à Bac-Ninh où à Tuyen-Quang, que lors du coup de force japonais du 9 mars 1945 et de la retraite vers la Chine après une résistance héroïque. La guerre d'Indochine, de 1945 à 1954, " contre les viets " chanteront les légionnaires parachutistes du 1er BEP, lui ouvrira les portes de l'épopée.
Les drames y côtoient les faits d'armes les plus éclatants, les anecdotes les plus truculentes voisinent avec les plus sombres tragédies personnelles issues d'une autre vie. La plaine des Joncs, la " Rafale ", Phu-Tong-Hoa, la route maudite et Cao-Bang, Hoa-Binh et la rivière Noire, Na-San et pour finir, le crépuscule des Asiates à Dien-Bien-Phu... autant d'étapes du chemin de croix légionnaire. Les plus prestigieuses unités et des hommes d'exception sont entrés dans la légende de la Légion en Indochine, mais aussi celles qu'on a appelées un peu péjorativement les " petites unités " du génie, du matériel et du train qui connurent anonymement la sueur d'un labeur ingrat et le sang versé à la manière des anciens.
C'est tout ceci, jusqu'au martyr des prisonniers, que ce livre ambitionne de présenter aux lecteurs.
Le major Horst Roos est un des maréchaux de la Légion étrangère.
Engagé en 1951, il a quitté le service actif après avoir passé quatre décennies sous les armes et en étant alors le sous-officier le plus décoré de l'armée française. Il a participé à la guerre d'Indochine et à la guerre d'Algérie en tant que légionnaire parachutiste, puis sous-officier.
Ses souvenirs sont ceux d'un combattant, des rizières aux djebels. Il a connu le stress du saut opérationnel à Nghia-Lo avec le 2e BEP, l'adrénaline des batailles de la rivière Noire et de Na-San. En Algérie, avec le 2e REP, ce furent les poursuites sans fin des fellaghas dans les djebels, la bataille des Frontières, le plan Challe et la dislocation de l'ALN, le putsch et l'amertume de la défaite. De toutes ces expériences, il s'est forgé une philosophie qui l'a guidé au sommet des honneurs du corps des sous-officiers, jusqu'à devenir président des sous-officiers de la Légion étrangère.
Ce sont ces souvenirs, ceux d'un jeune ouvrier dans une Allemagne dévastée par la Seconde guerre mondiale, mais aussi ceux d'un légionnaire impliqué dans l'établissement de l'ordre nouveau du XXIe siècle, qu'a recueillis Pierre Dufour et que celui-ci nous restitue aujourd'hui.