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Théâtre
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Philosophe stoïcien auteur de nombreux traités, proche de l'empereur Néron - dont il fut le mentor avant de connaître la disgrâce et d'être poussé au suicide -, Sénèque est aussi un extraordinaire auteur de tragédies. Ses pièces, d'une exceptionnelle noirceur, sont une «galerie des horreurs» réunissant les pires transgressions:infanticide, parricide, matricide, zoophilie, inceste, sacrifices humains, démembrement, énucléation, cannibalisme...En choisissant d'évoquer crûment ces atrocités, Sénèque s'interroge en stoïcien sur les conditions de leur surgissement:comment en vient-on à commettre de tels crimes?Tout en affirmant l'entière responsabilité de l'individu dans ses actes, Sénèque dresse un portrait sans concession d'une société héroïque foncièrement corruptrice, peuplée de faux héros prisonniers de leurs passions, incapables d'affronter la contradiction ou l'injustice sans sombrer dans la violence.Dénonçant les rois-tyrans et les puissants dont l'avidité et l'orgueil ravagent le monde, les tragédies de Sénèque font l'éloge des humbles, des adeptes discrets d'une sobriété heureuse. Par-delà leur noirceur, elles offrent à nos regards un horizon salvateur.Avec un dictionnaire mythologique (personnages et lieux).
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Une nouvelle traduction du grand mythe grec de Phèdre qui, à travers une langue toujours inspirée et résolument moderne, transpose dans notre époque la violence qui déchire les personnage.
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La peste ravage la ville de Thèbes, royaume d'oedipe et de son épouse Jocaste. Punition divine, car l'assassin du roi Laius, le premier mari de Jocaste, n'a jamais été retrouvé. oedipe décide de mener l'enquête. Mais, victime d'une malédiction - l'oracle de Delphes lui a prédit qu'il tuerait son père et épouserait sa mère -, ne serait-il pas lui-même le responsable des malheurs de Thèbes?
Tableaux sanglants, détails morbides : Sénèque fait de l'histoire d'oedipe une tragédie baroque avant l'heure, mais aussi un traité de stoïcisme en acte, où il s'interroge en philosophe - comment en vient-on à commettre pareilles transgressions? comment concilier liberté individuelle et fatalité du destin?
Oedipe est le héros tragique absolu : monstrueux, excessif mais infiniment digne de pitié.oit.
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Octavie est une Oeuvre d'exception: c'est le seul exemple intégralement conservé d'un genre exclusivement romain, la tragédie "prétexte" dont le sujet est emprunté à l'histoire nationale et non à la légende. Même si les manuscrits qui nous transmettent la pièce l'attribuent au philosophe Sénèque, l'identité de son auteur nous est inconnue: il s'agirait d'un contemporain de Néron, proche de la cour impériale.En même temps qu'une oeuvre littéraire forte, une tragédie destinée à la récitation publique et à la lecture, l'Octavie est un exceptionnel document historique sur la période néronienne: ce drame nous donne à lire une remarquable analyse de la tyrannie.
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Si Sénèque est resté longtemps méconnu comme auteur de théâtre - ses tragédies étant aujourd'hui encore trop souvent lues comme des oeuvres littéraires et philosophiques -, le grand dramaturge latin a pourtant été une source d'inspiration majeure pour le théâtre européen de la Renaissance. Sans lui, pas de Shakespeare, pas de Calderón, pas de Corneille, pas de Racine. Florence Dupont l'a retraduit en latiniste inspirée, conservant au texte cette clarté spectaculaire et cette fureur poétique qui ont tant fasciné Antonin Artaud.
Au sommaire : Phèdre, Thyeste, Les Troyennes, Agamemnon, Médée, Hercule furieux, Hercule sur l'oeta, oedipe, Les Phéniciennes.
Depuis le début du XXe siècle, les tragédies de Sénèque n'avaient pas été traduites en vue de la scène et Sénèque reste aujourd'hui méconnu comme auteur de théâtre. Son théâtre est lu comme un texte littéraire ou philosophique. Pourtant, le théâtre de Sénèque, à la Renaissance puis à l'âge classique, a été admiré et imité par tous ceux qui ont réintroduit la tragédie en Europe, parmi lesquels Shakespeare, Calderón, Corneille ou Racine.
Sénèque perdit son prestige au début de l'âge classique au profit des tragiques grecs, sans doute parce qu'il avait incarné, à la Renaissance puis à l'âge baroque, la liberté républicaine et la résistance stoïcienne à la tyrannie. À l'origine de cette image, sa biographie, qui en fait un martyr de la liberté. Né entre 2 av. et 2 ap. J.-C. à Cordoue et mort en 64 ap. J.-C. à Rome, il fut exilé en Corse sous Claude et contraint au suicide sous Néron. Sa richesse et sa naissance en faisaient un représentant de l'élite sénatoriale. À son théâtre furent donc attribuées des significations politiques : les Italiens du trecento par exemple, voyaient dans le roi Atrée de Thyeste la figure d'un tyran de Toscane ; pour les Hollandais persécutés à cause de leur foi, le massacre du peuple d'Ilion dans Les Troyennes devint l'image de la répression catholique contre les protestants. L'absolutisme monarchique censura donc ce théâtre politique et discrédita son inspirateur. En France, Sénèque est une victime du règne de Louis XIV. Dans la première préface à sa Médée, en 1636, Corneille se réclame explicitement de Sénèque ; après 1660, il ne sera plus question que d'Euripide. En 1677, Racine prétendra s'être inspiré seulement d'Euripide pour écrire Phèdre, alors qu'il reprend à la pièce de Sénèque la scène d'aveu, absente de la tragédie grecque.
Les tragédies de Sénèque mettent en scène des personnages qui sortent des limites de l'humanité pour se transformer en héros monstrueux. L'action de ses pièces suit un scénario unique, toujours le même, qui est une donnée du code tragique. Ce scénario définit un trajet de l'homme au monstre. Au début de l'action, le héros est écrasé sous un malheur surhumain, le dolor, qui devrait l'anéantir ; il a alors le choix entre sombrer et disparaître ou surmonter son dolor en entrant dans le furor. Ce furor s'apparente à une colère vengeresse qui lui permet de retrouver son identité et sa noblesse et donne au héros la force de se libérer des limites morales de l'humanité, en le faisant agir selon des modèles monstrueux qui lui viennent de sa mémoire familiale ou personnelle : Atrée fait manger ses propres enfants à son frère Thyeste, comme Tantale avait sacrifié son fils Pélops pour offrir un banquet aux dieux. Phèdre avec sa passion pour Hippolyte, homme sauvage, suit les traces de sa mère Pasiphaé, amoureuse du taureau. Ce crime que le héros accomplit pour triompher du dolor est un nefas, un crime inexpiable qui fera de lui l'égal des héros du passé et l'intègrera dans une généalogie mythique créée par la tragédie.
Cette dimension surhumaine du scénario tragique a permis une redécouverte de Sénèque au XXe siècle par Antonin Artaud et son "théâtre de la cruauté" : "Le plus grand auteur tragique de l'histoire, un initié aux secrets qui mieux qu'Eschyle a su les faire passer dans les mots. Je pleure en lisant son théâtre d'inspiré, et j'y sens sous le verbe des syllabes crépiter de la plus atroce manière le bouillonnement des forces du chaos." Après lui, d'autres ont célébré la beauté et la puissance du style de Sénèque.
Encore faut-il que celui-ci nous soit accessible dans une traduction qui garde au texte sa force théâtrale. Or, les tragédies de Sénèque sont trop longtemps restées prisonnières des traductions universitaires destinées essentiellement aux latinistes, et dont le charabia pompeux ou le néoclacissisme en alexandrins décourageaient toute lecture littéraire ou toute tentative de mise en scène moderne. La traduction de Florence Dupont, publiée pour la première fois en 1991 par l'Imprimerie Nationale, est la seule qui, à ce jour, offre un texte "lisible", et surtout "jouable" tout en respectant absolument la lettre latine. Elle se veut claire, précise, sans effet "à l'antique" et sans connivence culturelle qui exclurait un public populaire ou scolaire.
Cette traduction a depuis servi de support à de nombreuses représentations par des troupes professionnelles et amateurs, et certaines pièces de Sénèque ont été mises au programme des concours et examens dans la traduction de l'Imprimerie nationale. Actuellement cette édition et sa réimpression sont épuisées : les gens de théâtre utilisent des photocopies et les universitaires (lettres, littérature comparée, théâtre) se plaignent de ne pas pouvoir enseigner plus facilement ce théâtre romain. Une réédition de cette traduction était donc indispensable au plus vite.
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Cette nouvelle traduction des oeuvres théâtrales de sénèque est une invitation à redécouvrir le grand dramaturge latin dissimulé par l'oubli ou l'usage scolaire, quoiqu'il ait été la source du théâtre européen à la renaissance - sans lui, pas de calderon, de shakespeare, ni de racine -, ou qu'il ait, plus récemment, suscité la passion d'antonin artaud.
Florence dupont le traduit en latiniste inspirée afin de conserver au texte sa clarté spectaculaire et sa fureur poétique. sacrifices et destructions sont accomplis, chantés et déplorés dans une langue précise et somptueuse qui fait du théâtre de sénèque le plus rayonnant soleil noir de la tragédie.