Parce qu'il a choisi la révolte plus que la révolution, Albert Camus (1913-1960) nous a laissé une oeuvre toute de netteté et d'" affirmation visible ", éclairée par le soleil de son Algérie natale.
Toujours à l'écoute des événements de son temps, il n'a jamais oublié de rappeler à l'homme ses vraies valeurs. Acteur de son époque, il n'a jamais cessé de raconter la beauté du monde. Essayiste, dramaturge, romancier, journaliste, il a obtenu en 1957 le prix Nobel de littérature. Porteur d'un humanisme sans illusion ni mensonge, il croit en la puissance de la vérité. Raisonnant avec son coeur, il n'en cultive pas moins une conscience exigeante.
Refusant tous les dogmes, il plaide pour une innocence de l'homme et un monde solidaire. En un mot, il est plus que jamais notre contemporain nécessaire, et son oeuvre nous parle d'aujourd'hui.
«Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux.» Après son échec à la Navale, Antoine de Saint-Exupéry (1900-1944) envisage une carrière d'architecte. Inscrit aux Beaux-arts, il abandonne après quelques mois. Écrivain presque par accident, il consacre toutes ses forces à un ouvrage qui ne prend jamais forme et s'abîme en mer, un 31 juillet 1944, aux commandes de son Lightning P38. Dans cette biographie, Virgil Tanase nous dresse de l'auteur du Petit Prince et de Vol de nuit un portrait dégagé de sa légende. Celui que sa mère appelait «le Roi-Soleil», au fil des jours, en essayant simplement, comme il le dit «de faire au mieux», a construit une oeuvre et s'est forgé un destin. Celui d'un homme persuadé que la vie ne vaut que par le sacrifice qu'on en fait au nom d'un devoir d'absolu.
« La vie peut être immensément belle lorsque nos agissements sont bons et justes. » Écrits « à la hâte » et « probablement gâtés », c'est lui qui le prétend, les romans de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881) n'en font pas moins un des auteurs les plus importants de l'histoire de la littérature. Sa vie, si semblable à celle de ses héros, peut faire prendre sa biographie pour une de ses oeuvres de fiction : enfance difficile, participation à des mouvements progressistes russes, déportation au bagne, errance à travers l'Europe, épilepsie, alcoolisme, penchant pour le jeu... Les épreuves qu'il provoque sans les chercher sont terribles autant lorsqu'elles le supplicient que lorsqu'elles le flattent. Il les accepte toutes, avec l'espoir qu'elles pourraient l'aider à percer l'énigme qui l'obsède et qui nous concerne tous : « L'homme est un mystère. Il faut l'élucider et si l'on passe à cela notre vie entière, il ne faut pas dire que nous avons perdu notre temps. Je m'occupe de ce mystère car je veux être un homme. »
Petit-fils de serf et fils d'un boutiquier en faillite, Amon Tchekhov (1860-1904) commence à écrire pour gagner de quoi finir ses études de médecine, et continue à le faire parce que ses " balivernes ", lui rapportent plus que ses malades. Persuadé qu'il n'a rien à dire, il se tourne vers le théâtre, et laisse à ses personnages la charge d'assumer des propos qui ne sont pas les siens. Quand sa bonne étoile lui assure enfin des revenus suffisants et un succès qu'il croit immérité, Tchekhov, déjà très malade à moins de quarante ans, arrête presque d'écrire, persuadé qu'après sa mort tout le monde l'aura oublié. Ce livre est le récit de la vie, banale et fabuleuse. d'un homme qui haïssait le mensonge et la violence, leur préférant l'amour et la liberté la plus absolue.
«Rappelez-vous que lorsque vous quitterez cette terre, vous n'emporterez rien de ce que vous avez reçu - uniquement ce que vous avez donné.» Francesco d'Assisi, en français François d'Assise (1181 ou 1182-1226), est le fils aîné d'une riche famille de drapiers. Après une jeunesse dissipée durant laquelle il fait le coup de poing contre la noblesse locale, connaît la prison, entonne des chansons provençales, commet le péché de chair, il finit par tout abandonner pour répondre à la voix entendue à Spolète, qui lui demande de «réparer son Église en ruine». Devenu mendiant, il fonde l'ordre franciscain, et applique à la lettre la règle qu'il s'est fixée : «Vivre dans l'obéissance, sans rien en propre et dans la chasteté.» Considéré comme le précurseur du dialogue interreligieux, celui que François Cheng appelle le «Grand Vivant» est canonisé deux ans après sa mort par le pape Grégoire IX.
Belle et fantasque, meurtrie ou triomphante, à la fois réelle et sublimée, Zola est la fille d'Ana et de Mircea, un couple de dirigeants du Parti communiste roumain.
A travers le récit de sa vie - ou plutôt de ses vies, réelles ou fantasmées -, à travers le récit des vies de tous ceux qu'elle côtoie, l'auteur brosse une large fresque de l'histoire de la Roumanie et, au-delà, de toute l'Europe, des années 1930 à nos jours, de la montée des fascismes à l'effondrement du bloc communiste. En imbriquant les histoires de personnages aux facettes multiples, clans leurs allées et venues entre Est et Ouest, en mêlant fiction et réalité, Virgil Tanase développe une construction romanesque originale et éblouissante.
Une grande saga à la démesure du XXe siècle.
Notre revue vise àmontrer que la Seine et le Danube sont proches, et pas seulement leurs sources.
En dépit de la diversité linguistique, la littérature européenne a des origines communes, qu'elles soient grecques, latines ou judéo-chrétiennes. Le soi-disant communisme n'a jamais réussi à provoquer une division irréversible entre l'Ouest et l'Est. Le capitalisme ne réussira pas non plus.
Notre projet se poursuit : faire une revue culturelle européenne sans complexe et sans démagogie.
Virgil Tanase et Dumitru Tsepeneag consacre le dossier de ce deuxième numéro au romancier roumain Sorin Titel.
Des textes d'auteurs contemporains bulgares et hongrois compléteront le volume.