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collard cyril
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«Ce geste-là : une main qui se referme sur une autre main, m'a fait incroyablement mal ; plus que tu ne peux le penser. C'était, résumé en quelques secondes, tout ce que tu attends et que je ne peux pas te donner. Tout ce qu'exigent tes vingt ans.»
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L'écriture, le soleil, l'amour... C'est à cette triple quête que Sylvain se consacre. Cyril Collard, cinéaste, musicien et écrivain, est décédé en mars 1993.
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« Et puis moi. L'ange sauvage, Serrant le corps d'une gazelle brûlante, J'attends de la colère des Dieux Ou de la beauté des diables Qu'elles envahissent mon monde mourant, Qu'elles extirpent la pourriture Des pores de ma peau sirupeuse Et la jettent en pâture Aux chiens du port, Leur poil comme un duvet de misère Caressé par les mains rugueuses Des marins pressés par le temps.
Et moi l'ange sauvage Je m'avance dans la fumée d'un quai désert, Je découvre des carcasses de métal Et des manèges abandonnés, Pont d'un cargo, Grand nord, mers de glace L'ange sauvage devient ange déchu Et termine simple mortel au coin d'un bar. » C.C.
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« J'ai connu Cyril en 1982. Je te revois dans le bureau sur cour, que l'on m'avait aménagé chez Grasset. Un grand garçon mince et brun, vêtu à la diable d'un tee-shirt et de jeans, avec une boucle à une oreille. Une allure de voyou et un visage d'ange avec ses yeux noirs vifs et brillants, ses fossettes d'enfant et son sourire de lumière. Il m'apporte des textes - un texte composé plutôt, L'Animal, écrit en une prose poétique.Quand je relis L'Animal aujourd'hui, au début de 1994, je comprends à la fois pourquoi j'ai refusé de publier ce manuscrit d'un auteur inconnu et pourquoi j'ai été fascinée par les promesses qu'il contenait. Il annonçait, par éclats, ce qui allait devenir un univers.Refus romantique des compromis : « Je crache, je dégueule cette mélasse de sucre blond et toutes ces demi-mesures, demi-art, demi-drogues, petite bourgeoisie, appartements aux murs de fleurs imprimées. »Sexe et violence ; sperme et sang : réalités inséparables.L'ange sauvage, ange déchu.Un monde enfiévré par le désir et les rencontres.Et l'appel au verbe, seul salvateur : « Alors il faut écrire. » Françoise Verny