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Langue française
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Les voix de deux amants s'entrelacent dans une nuit de ferveur. Dans ce huis clos, se mêlent l'amour et la mort, la peur et le désir, la passion et la tendresse. Au rythme hypnotique d'une conversation fiévreuse, le lecteur entre dans l'intimité du couple et se laisse emporter dans un voyage initiatique où les symboles se multiplient : feu, serpents, oiseaux et l'antique combat entre bien et mal.
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Une révolution dans la pensée
Jean-François Billeter
- Allia
- Petite Collection
- 22 Août 2023
- 9791030417340
Une révolution dans la pensée, le nouvel essai de Jean François Billeter, parachève la série de ceux qu'il a publiés aux éditions Allia depuis quelques années. Il comporte trois parties : «I. Un nouveau paradigme», «II. Pascal et la connaissance du sujet», «III.
La suite de l'histoire». -
Louis-Ferdinand Céline, le trésor retrouvé
Jean-Pierre Thibaudat
- Allia
- Petite Collection
- 20 Octobre 2022
- 9791030417203
«Ils m'ont rien laissé... pas un mouchoir, pas une chaise, pas un manuscrit», se plaignait Louis-Ferdinand Céline. En 1944, l'écrivain fuit vers l'Allemagne. Des manuscrits disparaissent de son appartement, parmi lesquels plusieurs inédits. Au début des années 1980, Jean-Pierre Thibaudat entre en possession d'une caisse, un mètre cube de papiers... de la main de Céline. Des documents de toute sorte, dont les mythiques manuscrits. Une condition était posée : ne rien divulguer avant la mort de Lucette Destouches, veuve de Céline.
Au début du mois d'août 2021, leur découverte est rendue publique à la suite d'un imbroglio judiciaire. Le dépositaire accidentel d'archives de l'un des plus grands mythes littéraires du XXe siècle livre ici la véritable histoire de ce trésor retrouvé. -
Note sur la suppression générale des partis politiques
Simone Weil
- Allia
- La Tres Petite Collection
- 6 Octobre 2023
- 9791030430417
Ce réquisitoire balaie d'un revers de main la démocratie telle qu'elle a cours. Et, ose-t-on ajouter, telle qu'elle a encore cours. Son argumentation repose sur des réflexions philosophiques qui traitent de l'organisation idéale de la collectivité en démocratie, notamment le Contrat social de Rousseau. La raison seule est garante de la justice, et non les passions, nécessairement marquées par l'individualité. Or, les partis, puisqu'ils divisent, sont animés par les passions en même temps qu'ils en fabriquent. Ils défendent leurs intérêts propres au détriment du bien public. Pour Simone Weil, il faut se garder comme de la lèpre de ce mal qui ronge les milieux politiques mais aussi la pensée tout entière. Contre les passions collectives, elle brandit l'arme de la raison individuelle.
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Schizophrénie numérique : de l'intelligence artificielle à l'exploitation attentionnelle
Anne Alombert
- Allia
- Petite Collection
- 7 Avril 2023
- 9791030429671
Les technologies numériques ont envahi nos existences à travers des dispositifs que leurs créateurs ne semblent plus maîtriser. Et si le mythe d'une intelligence artificielle réalisée par la révolution numérique ne servait qu'à dissimuler ses conséquences désastreuses ? Comment sortir de cette schizophrénie numérique ? Ce ne pourra être en opposant une fois de plus humain et machine.
Au contraire : il nous faut prendre soin de nos milieux numériques et ne pas laisser une poignée d'acteurs privatisés s'en emparer. Cet essai nous invite à transformer les technologies qui contrôlent nos cerveaux connectés en technologies réflexives et contributives. Pour, enfin, transformer le poison en remède. -
Dénonçant un illusoire droit au travail qui n'est pour lui que droit à la misère, Lafargue soutient qu'une activité proprement humaine ne peut avoir lieu que dans l'oisiveté, hors du circuit infernal de la production et de la consommation, réalisant ainsi le projet de l'homme intégral de Marx.
Un classique toujours autant lu, plus que jamais d'actualité.
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La narratrice est atteinte d'une maladie auto-immune, autrement appelée maladie de compagnie, «compagne fidèle», dira-t-elle ironiquement, qui la diminue. Le corps s'attaque lui-même en tentant de se défendre, les virus s'engouffrent dans la brèche d'une immunité réduite. Hors de moi dit la rage de la malade qui refuse de se soumettre à cette condition. La narratrice analyse avec lucidité la souffrance, dissèque la maladie, ses effets sur l'humeur, la résistance qu'elle tente de lui opposer. Elle restitue l'impuissance de la pensée face à l'obsession de la maladie. Loin de sombrer dans la résignation et la tristesse, ce récit est porté par l'énergie de la colère qui redonne toute sa vigueur au sujet exsangue.
Jusqu'à ce qu'apparaisse, inattendu et renaissant, le désir.
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Le Mont analogue, l'oeuvre maîtresse de René Daumal, ne sera découverte qu'après sa mort.
Dans ce récit, le poète du Grand Jeu embarque le lecteur dans un voyage initiatique vers le Mont Analogue, mystérieux et invisible sommet, objet de tous les fantasmes. Pierre Sogol, curieux monsieur, convainc le narrateur de l'accompagner dans une quête qui les conduira à traverser le Pacifique, avant d'accoster à l'énigmatique Port-des-Singes. Ils entreprendront de gravir le Mont, sans atteindre le sommet : Daumal mourra avant d'avoir terminé son récit.
Mythique, inaccessible, le Mont Analogue demeurera un mystère pour l'auteur et ses lecteurs. Horizon lointain et pénétrant, le Mont, par sa puissance allégorique, fascinera plusieurs générations d'artistes et inspirera à Jodorowski sa Montagne sacrée.
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Fragments posthumes sur l'2ternel retour
Friedrich Nietzsche
- Allia
- Petite Collection
- 5 Octobre 2017
- 9791030407594
À l'âge de 19 ans, Friederich Nietzsche (1844-1900) est bouleversé par la lecture du Monde comme volonté et comme représentation de Schopenhauer. Afin de se rapprocher de Wagner, il devient professeur de philologie grecque à Bâle. En 1871, il publie La Naissance de la tragédie. À compter de 1879, frappé par la maladie, il entame une vie d'errances.
L'hypothèse de l'éternel Retour, vécu dans l'instant, naît dans son esprit. En 1883, il entame la rédaction de Ainsi parlait Zarathoustra.
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Que faisons-nous quand nous voyons ? C'est ce que Bonnard et Giacometti peuvent nous aider à comprendre parce qu'ils ont eux-mêmes cherché à le comprendre.
Quant à P., il est l'auteur du récit de la création sur lequel s'ouvre la Bible. Il a eu l'intuition du pouvoir créateur du langage mais, en le réservant à Dieu, il a commis un impair dont les conséquences se sont étendues jusqu'à nous. En remontant son histoire, nous découvrons quelque chose d'important sur une part de nous-mêmes. -
''Il y avait dans les plus humbles maisons une sorte d'aisance dont on a perdu le souvenir. Au fond on ne comptait pas. Et on n'avait pas à compter. Et on pouvait élever des enfants. Et on en élevait. Il n'y avait pas cette espèce d'affreuse strangulation économique qui à présent d'année en année nous donne un tour de plus. On ne gagnait rien ; on ne dépensait rien ; et tout le monde vivait.» Cet essai de Charles Péguy de 1913 nous plonge dans le passage à l'ère moderne. Mêlant à ce portrait pamphlétaire d'une société en mutation des souvenirs d'enfance, l'auteur pressent la crise, le règne absolu de l'argent et de la bourgeoisie. Les anciennes valeurs, honneur et travail, font désormais place à la valeur financière. De l'ouvrier au paysan jusqu'à l'enseignant, l'argent obsède, corrompt.
Faire la classe n'est plus une mission mais une obligation professionnelle et lucrative. Et ce qui se passe dans la cour des petits est le reflet des changements survenus dans celle des grands. Car ces hommes qui cherchent à gagner plus en travaillant moins ne font que se précipiter vers un naufrage. Mais la mécanique est en marche, tout retour en arrière impossible. -
On se persuadera à la lecture du texte jubilatoire de Stevenson, Une apologie des oisifs, où défile une galerie d'excentriques britanniques de la plus belle eau, que la paresse et la conversation - au même titre que l'assassinat - méritent de figurer parmi les beaux-arts.
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C'est sur le plateau d'Arménie qu'Ossip Mandelstam commence à rédiger ces Nouveaux poèmes, qui recouvrent la période vagabonde du poète. L'exil lui redonne courage dans les mots, dont il manie avec dextérité le chant. Ce recueil exprime au mieux son désir d'une langue universelle: le russe est relié sous sa plume à une atmosphère hellénistique mais aussi aux poètes persans qu'il lit en traduction française, aux auteurs allemands et à Dante. D'une grande spontanéité, ces poèmes allient le pouvoir du mot, considéré comme une forme autonome, et sa capacité, marié à d'autres, à égréner des images fortes et lumineuses. Outre des allusions éparses à la vie quotidienne, ils fourmillent de sous-entendus politiques et religieux. Ils sont des miroirs à visage double.
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«Si la police peut paraître partout semblable jusque dans les détails, il ne faut pas finalement se méprendre : son esprit est moins dévastateur dans la monarchie absolue, où elle représente la violence d'un souverain qui réunit en lui l'omnipotence législative et exécutive, que dans les démocraties, où son existence, soutenue par aucune relation de ce type, témoigne de la plus grande dégénérescence possible de la violence.»
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Contraint de quitter Beyrouth-Ouest dans un pays déchiré par la guerre civile, un adolescent s'installe avec sa mère et sa soeur dans un bungalow exigu d'une station balnéaire.
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L'atomisation de l'homme par la terreur
Léo Löwenthal
- Allia
- La Tres Petite Collection
- 8 Septembre 2022
- 9791030415070
C'est toujours par la terreur que la pensée totalitaire s'immisce chez l'individu. Avec ce texte paru en 1946 dans la revue Commentary, Leo Löwenthal préfigure la philosophie du totalitarisme.
Alors que le progrès technologique lui a appris à suivre aveuglément des procédures, l'homme moderne, esseulé et déraciné, est devenu vulnérable. Les fascistes furent les premiers à exploiter politiquement cette pauvreté spirituelle. La terreur détruit les liens, confisque passé comme avenir, et expose aux manipulations. Frappées de stupeur, obnubilées par leur survie, les populations se retrouvent dans un état de dépendance infantilisant. Aujourd'hui, ni le terrorisme d'État, ni le terrorisme tout court, n'ont disparu. La lecture de Löwenthal s'impose, afin de briser enfin l'engrenage de la terreur... -
Dans le courant des vers libres, des poèmes se succèdent.
Ils tissent le récit d'un conflit à la fois général et intérieur. Et si tout est ambivalent, il n'en faudra pas moins tout dire. Le serein comme le sombre, l'équilibre et le déséquilibre, le scintillement et la blancheur mortuaire...
Dans la ville, les sensations se heurtent au malaise, à la violence et à la solitude de l'existence.
Puis, doucement, tout s'illumine. La beauté des gestes, du corps féminin, la magie des noms, des visages, apportent quelques nuances d'apaisement... Toujours empreint de l'impossibilité de dire, les mots deviennent abandon à la sérénité et au brouillard.
Face à la perte inéluctable, les poèmes de L'Imparfait du subjectif rappellent que l'imagination reste le refuge le plus sûr. -
Pour étancher la soif, qui est une soif d'absolu, deux possibilités se présentent : la boisson et la drogue. Les uns boivent par peur de penser, d'autres par crainte de ne pas trouver plus sot que soi. Mais comment en sortir ? Le mystérieux «personnage de derrière les fagots» pourrait bien détenir la clef de l'issue : un « véritable mode d'emploi de la parole ». Des jeux de langage réjouissants se déversent à flots continus dans ce récit inclassable, entre la pataphysique de Jarry et la Divine Comédie de Dante. De page en page, le lecteur va de surprise en surprise, et l'auteur de dénonciation en dénonciation, celle des faux semblants et du bas matérialisme. Du cercle de la soif, le lecteur plonge dans les paradis artificiels, avant de retrouver « la lumière ordinaire du jour ».
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Le Cabinet de curiosités se compose de huit nouvelles brèves, qui s'inspirent chacune d'un dessin de l'auteur, reproduit en amont du récit. L'image accède ainsi à un statut tout à fait particulier, puisque c'est le texte qui vient l'illustrer et non l'inverse. Elle devient paradoxalement la garante de l'histoire qu'elle inspire. Ce petit volume original, au contenu aussi inquiétant que poétique, voire parfois ésotérique, témoigne d'une même invention et d'un même sens de l'humour noir que L'Autre Côté. Alfred Kubin est là, il nous ouvre son carton à dessins et nous entraîne dans ses souvenirs et ses rêveries, berceaux de l'illusion désertés par la raison.
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Van Gogh le suicidé de la société
Antonin Artaud
- Allia
- Petite Collection
- 7 Janvier 2021
- 9791030413519
«C'est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l'entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l'honneur humain.
C'est ainsi que la société a fait étrangler dans ses asiles tous ceux dont elle a voulu se débarrasser ou se défendre, comme ayant refusé de se rendre avec elle complices de certaines hautes saletés.
Car un aliéné est aussi un homme que la société n'a pas voulu entendre et qu'elle a voulu empêcher d'émettre d'insupportables vérités.» Van Gogh ne s'est pas suicidé. La société s'en est chargée. Avec toute la véhémence dont il est capable, Antonin Artaud impute à cette dernière le mal dont a souffert le peintre et accuse les psychiatres, en l'occurrence le Dr Gachet, d'avoir poussé Van Gogh au suicide. Il replace la prétendue folie de Van Gogh dans son contexte, en tant que produit d'une construction sociale. La «lucidité supérieure» propre à l'artiste, et commune à l'auteur et à son sujet, lui permet de faire la part belle à la fougue du génie, force contestataire en soi et facteur de marginalisation.
«Il y a dans tout dément un génie incompris dont l'idée qui luisait dans sa tête fit peur, et qui n'a pu trouver que dans le délire une issue aux étranglements que lui avait préparés la vie.» Cet état de supplicié, Artaud lui-même l'a vécu. Nul mieux que lui ne saurait le transmettre. Qu'il soit poète ou peintre, l'artiste se voit enfermé dans un asile, comme Artaud le fut, ou incapable de s'intégrer dans une société qui confond génie et tare psychologique. Et quand Artaud aborde la peinture proprement dite, c'est comme si lui-même s'emparait du pinceau ou, au demeurant, du couteau. C'est tranchant, expressif, cinglant. Il sait trouver le mot frappant, convaincre, emporter avec lui le lecteur. Les «épiphanies atmosphériques» des toiles de Van Gogh deviennent une réalité tangible, ses «chants d'orgue» une musique audible. Dans une évocation vertigineuse d'une toile à valeur testamentaire, Le Champ de blé aux corbeaux, Artaud ravive la symbolique attachée à ce noir charognard de mauvais augure.
Jamais il ne s'agit de descriptions («décrire un tableau de van Gogh, à quoi bon !») mais d'impressions fugaces qu'Artaud sait partager à coups d'expressions fulgurantes. La forme même de ce texte enlevé, empruntant les sentiers de la prose poétique, reflète le souci d'Artaud de faire état de ses propres expériences face à l'oeuvre. Son rythme entre parfaitement en résonance avec les empâtements nerveux et tourmentés du peintre.
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Sous ses allures d'essai modeste, De l'habitude est un manifeste ambitieux,
d'une intrépidité qui détonne dans un univers de précautions et de prolégomènes
interminables. Telle est l'audace de cet auteur d'une vingtaine d'années qui publia en 1838 une thèse d'une quarantaine de pages comme personne n'oserait plus en publier aujourd'hui. Audace d'un texte qui s'attaque à tous les sommets de la pensée philosophique, sans qu'aucune majuscule ne l'effraie. La Nature, l'Esprit, la Liberté sont ses compagnons de route dans une familiarité qui d'abord nous étonne, puis nous séduit et nous conquiert. Parce qu'il s'en approche libéré de toute appréhension, de toute réticence rhétorique, de toute précaution stylistique, sans s'alourdir de références, Ravaisson retrouve l'ambition pure de la philosophie, comprendre les mystères du monde et des hommes, en livrer le secret ou l'effleurer grâce à une intuition furtive. Audace enfin du choix d'un sujet a priori mineur, l'habitude,
et qui devient la pierre angulaire d'une réflexion de portée métaphysique. Ravaisson choisit ce thème ordinairement synonyme de répétition et de monotonie et en révèle la puissance métamorphique et libératrice. Comprendre la loi de l'habitude,
c'est pénétrer dans la logique de la nature en imitant le mouvement du réel. "Démêler la liberté sous le mécanisme", tel est paradoxalement le rôle de cette étude de l'habitude.
Renversant les représentations pesant sur la question de l'habitude, Ravaisson nous déleste de celles qui pèsent sur l'existence tout entière. L'écriture de Ravaisson témoigne de cette accélération de l'intelligence, qui n'est précisément qu'un des effets de l'habitude dont il décrypte pour nous les vertus dynamiques.
L'habitude accélère, exalte, intensifie. Ainsi contre toute attente, Ravaisson esquisse la possibilité d'une forme d'intelligence débarrassée
de l'inertie inévitable de la conscience. L'étude de l'habitude nous enseigne que sortir du champ de la conscience permet plus d'efficacité ("L'action devient plus libre et plus prompte, elle devient davantage une tendance qui n'attend plus le commandement
de la volonté"). Le sujet retrouve l'efficace de la nature dans cette seconde nature que l'habitude crée en lui. Cet éloge d'une spontanéité, d'une intériorisation inconsciente qui seconde la conscience, puis la précède, conduit Ravaisson à accorder sa confiance en une intuition, "acte inexplicable d'intelligence et de désir", plus efficace que l'intellect prisonnier de ses propres catégories.
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Une réflexion passionnée et passionnante qui ravira les break dancers, les valseurs du dimanche, les amateurs de tango musette, de cucaracha, de bourrée bretonne, de boogie woogie, les noctambules de la zumba, mais aussi ceux qui n'aiment pas danser, les indécollables de la tapisserie comme les amateurs de philosophie.
Adoptant un rythme qui n'est pas celui de l'utile, la danse est une action poétique.
L'homme a découvert le plaisir pris dans le rythme, dans l'enivrement des sens jusqu'à épuisement. Observez le ballet des doigts du pianiste, le mouvement de la toupie, tout est danse. La sensibilité particulière du conférencier nous fait sentir cette poésie de l'arbitraire. On assiste en acte autant à une philosophie de la danse qu'à une danse de la philosophie. -
Stilettos, sweat en néoprène Marc Jacobs, mini-short fluide en mousseline, chignon bas. La mode a ceci d'original qu'elle ne confère nulle utilité pratique aux choses utiles, en l'occurrence se chausser et se protéger du froid. Elle est fondamentalement arbitraire. Et c'est ainsi qu'elle exerce pour Simmel son empire. Elle n'est pas un besoin vital mais un besoin social. Ou, plutôt, elle résulte de deux besoins sociaux contradictoires : l'instinct d'imitation et l'instinct de différenciation. L'homme manifeste dans le choix de ses vêtements son appartenance à un groupe. Il s'adapte à travers eux au rôle que lui assigne la communauté dans laquelle il vit. Mais dans le même temps, il ressent le besoin de se différencier, d'accuser au cur de la société son individualité. Adopter un style d'une autre communauté, c'est d'emblée se détacher de son groupe d'origine. En raison de la variété de ses contenus, la mode d'aujourdhui affirme sa singularité par rapport à celles d'hier et de demain. Mais elle le fait d'autant mieux qu'elle marque ainsi la différence de classes. D'après Simmel, la classe moyenne serait la plus sensible à ses caprices. Prompte au changement, elle se reconnaît dans ce qui est le moteur de la mode : créer un présent sans cesse mouvant, comme toute marchandise.
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Un tel manifeste en faveur de l'abstention serait aujourd'hui impensable. Pour autant, il ne cherche point à favoriser le désengagement mais à dénoncer la mystification du système électoral qui pare de la légitimité du vote les extorsions des puissants. Selon Mirbeau, les institutions demandent à l'électeur son aval pour l'abêtir. Or, Mirbeau le prend à partie sur l'absurdité de sa contribution au grotesque spectacle de sa quête aux suffrages. Avec humour et dérision, il attente à la respectabilité des institutions, dénonce «la protection aux grands, l'écrasement aux petits». Sans visée utopique, cette critique radicale nous lègue les armes capables de nous défaire du conditionnement qui annihile le plus faible ; une vision juste, qui nous dérange encore plus de 120 ans plus tard !