Nous avons tenu à garder de cet échange avec Sam Szafran, qui eut lieu en 1999 dans son atelier, son caractère propre, sans rien modifier de son vocabulaire, de sa syntaxe, sans effacer ses écarts, ses excès, ou toute incorrection de ton, de style ou de grammaire. C'était là respecter la singularité de l'artiste, en faire saisir la complexité, entre raffinement et grossièreté, en faire réentendre la voix, et retrouver la cadence. Samy, le gamin des rues, était le familier des Halles avant leur destruction, quand elles étaient encore le repaire de la faune brutale des vendeurs, voleurs et prostituées. Petit à petit, lentement, il a élaboré une peinture à la sensibilité raffinée, d'une grande érudition. Le barbouilleur, ignorant tout de l'enseignement de sa pratique, deviendra l'un des plus grands peintres de son temps.Jean Clair
«Le film est le type même de l'oeuvre qui réclame un style. » R. B.Pendant quarante ans, Robert Bresson a accordé nombre d'entretiens à la presse française et étrangère, à la radio et à la télévision. Ses réponses aux multiples questions, de toutes sortes, apportent d'importantes précisions sur ses films, son art et l'évolution de sa pensée. Et elles accompagnent, devancent, prolongent ses Notes sur le cinématographe.Interrogé par Yvonne Baby, François-Régis Bastide, Michel Ciment, Serge Daney, Pierre Desgraupes, Jean Douchet, Jean-Luc Godard, André Parinaud, Georges Sadoul, Roger Stéphane ou Serge Toubiana, entre autres, Robert Bresson parle avec passion, simplicité, détermination et humour de tous les éléments d'un film qui, savamment combinés, font du cinématographe un art à part entière.
De l'âge de 19 ans jusqu'à sa mort du sida en 1990, à 31 ans, Keith Haring a consigné dans ses carnets ses réflexions sur son travail, son succès commercial, ses rencontres, son homosexualité, ses lectures, et sur ses contemporains. Icône du Pop Art, internationalement reconnu à 24 ans, Haring savait que ses journaux seraient un jour publiés. Certains textes trahissent cette conscience de soi juvénile. Ses déclarations sans détour aident en particulier à comprendre la sexualité qui imprègne son art. Elles en disent long sur son esthétique, sa créativité, ses méthodes de travail, sa compétition avec les autres artistes, son ouverture aux expériences nouvelles, son amour des enfants, son dévouement à ses amis et sa lutte acharnée contre la maladie.Les textes sont classés par année.Une introduction élogieuse de l'historien de l'art Robert Farris Thompson (Yale) met son oeuvre en contexte.
Christian Boltanski vient de disparaître. Ce livre d'entretiens s'est achevé quinze jours auparavant. Il avait décidé de tout, du titre, de la couverture, de l'ordre des chapitres. Il semblait heureux de ce texte qu'il avait minutieusement relu et corrigé. Il ne faut pas y lire la moindre dimension testamentaire. Christian était habité par une force de vie peu commune, il riait tout le temps, il était très drôle, et ce fut une joie de faire ce livre avec lui. Il était comme on dit «un bon vivant», même si son oeuvre, dans ses différents registres et ce, depuis l'origine, était hantée par la mort. L'éphémère, la finitude, la fragilité, le hasard constituent en un entrelacs serré l'arche de ses pensées.L. A.
Dans cet ouvrage devenu «culte», Warhol concocte un pot-pourri irrévérencieux et drôle de ses points de vue sur l'art et la société.Avec un mélange de sérieux et de dérision, il procède à la remise en question des valeurs sacrées de la civilisation américaine et développe des théories originales sur des sujets que l'on n'avait pas l'habitude d'explorer au moment où est paru le livre.Sous une apparente frivolité, il dévoile les idées fondatrices de sa pratique artistique, par exemple sa conception toute personnelle de la beauté.L'ouvrage se construit sous forme de dialogues imaginaires entre A et B, abordant à bâtons rompus, et sur un mode provocateur, les thèmes en apparence les plus disparates.
Les architectes Patrick Bouchain (le Lieu Unique, La Grange au Lac ou le théâtre Zingaro) et Philippe Chiambaretta (le Centre Pompidou francilien, Réenchanter les Champs-Élysées ou le Stream Building), qui détonnent dans le milieu par leur formation et leurs pratiques, offrent une réflexion sur la nécessaire réinvention des pratiques architecturales. Le lecteur découvrira un «bricoleur» et un «ingénieur» réunis dans une vision collaborative de l'architecture, à la croisée des arts et des sciences, sous-tendue par une forte conscience des enjeux environnementaux. Une complicité intellectuelle et des complémentarités qu'ils expérimentent en coconcevant La Source Vive, nouvelle salle de musique de chambre à Évian.
«Je pense cinéma, je vois cinéma, mon imagination est cinéma.»
Alain Veinstein rencontre Sam Szafran de 2008 à 2011. Alain Veinstein souhaite entendre l'artiste sur son amitié avec Alberto Giacometti. Mais très vite, celui qui refuse toutes les interviews, se confie. Szafran parle de son enfance, de son « expérience juive », qui appelle, selon lui, le retrait et la solitude, puis de la peinture qui sauve ce jeune enfant coupable d'avoir survécu par miracle à la guerre.
Jean Clair dit de son oeuvre que « c'est l'une des plus secrètes et les plus poétiques de ce temps ». Ecorché vif, artiste du vertige, Sam Szafran se livre ici pour la première fois. Entretiens avec Sam Szafran est l'unique témoignage de cet artiste des ateliers, des imprimeries, des escaliers ou des plantes, qui aux fusains noirs et luisants à mêlées les poudres colorées des pastels. On y croise Yves Klein, Alberto et Diego Giacometti ou Henri Cartier-Bresson et la peinture.
Un cahier hors texte en couleur permet de mieux apprécier l'oeuvre de l'artiste.
Magnum, coopérative de photographes créée en 1947 à Paris et New York, rassemble quelques-uns des «grands noms» de l'histoire de la photographie. Témoins des bouleversements du XXe siècle, ses membres ont réalisé des images emblématiques. Chaque année, ils élisent de nouveaux associés. Ensemble, ils tentent de distinguer les «meilleurs» de leurs confrères. Mais comment définir ce qui fait un «bon» photographe ? Les membres de Magnum ne cessent de débattre et de s'interroger sur leur métier. Au fil des générations successives et des crises qui secouent la coopérative, c'est ainsi tout un «art d'être photographe» qui se dessine.Ce livre propose pour la première fois un voyage approfondi dans l'histoire de l'agence Magnum, à partir de l'étude d'archives longtemps ignorées.
Peintre majeur du XIXe siècle, Eugène Delacroix a hésité entre une carrière d'homme de lettres et de peintre. Fervent épistolier, diariste, critique d'art, voire romancier et poète dans sa jeunesse, Delacroix a écrit toute sa vie. Rassemblant un choix inédit de lettres, d'extraits du Journal, de textes théoriques et de manuscrits littéraires, le volume offre aux lecteurs, en s'appuyant sur des travaux récents, une approche renouvelée de l'artiste. Nous suivons ainsi ses réflexions, ses doutes, comme son ambition quant à son travail. Delacroix fut également un homme profondément ancré dans son époque, témoin attentif de la création artistique - en témoignent ses impressions à la découverte du théâtre de Shakespeare, sa passion pour Lord Byron ou son aversion pour les créations de Giuseppe Verdi -, mais aussi sensible aux correspondances entre les arts, fidèle à l'idéal qu'il portait en lui. Classés en six chapitres chronologiques, les textes de cet ouvrage font alterner des extraits du Journal, de nombreuses lettres écrites par ce correspondant prolixe - avec George Sand, Charles Baudelaire, Théophile Gautier ou avec ses amis de jeunesse auxquels il demeura fidèle -, publiées chacune dans son entier, ainsi que des manuscrits préparatoires aux articles que le peintre fit paraître, notamment dans la Revue des deux-mondes, dont il fut un collaborateur régulier. Chaque chapitre s'ouvre par une courte introduction ; les textes font l'objet de quelques lignes en préambule, permettant de replacer les écrits dans leur contexte. Cet ouvrage permet à un large public de découvrir un Delacroix écrivain, encore méconnu, et de comprendre quelques secrets de sa création artistique. Il offre également de percevoir la richesse et la diversité créatrice du XIXe siècle. Écrits réunis par Catherine Adam-Sigas, Ariette Sérullaz, Dominique de Font-Réaulx et Marie-Christine Mégevand, sous la direction de Dominique de Font-Réaulx.
Figure admirée ou détestéc, toujours controversée, Gustave Courbet est l'un des peintres majeurs de la seconde moitié du XIXe siècle. Son oeuvre se développe à partir de la querelle du «réalisme» pour devenir une perpétuelle source de scandales et de malentendus : Courbet s'est affirmé comme un artiste qui interpelle la société de son temps - voilà ce que sa Correspondance révèle aujourd'hui, à travers cinquante ans d'échanges épistolaires qui conduisent de l'adolescence franc-comtoise aux jours tragiques de la Commune et de l'exil.
Qu'il écrive à sa famille, à ses amis écrivains ou journalistes, aux hommes politiques du second Empire et de la IIIe République, Courbet impose sa personnalité complexe, ses coups de colère et son humour corrosif. La voix qui se fait entendre au long de ces quelque 600 lettres est celle d'un écorché-vif, qui n'hésite pas à parler de la douleur de la création et de l'âpreté des questions d'argent, si bien que l'on pénètre dans un monde fascinant, plein de contradictions, où se confondent les plus hautes exigences artistiques et un sens de la provocation véritablement nouveau. De défi en défi, les lettres de Courbet sont le complément indispensable de ses tableaux.
Cet ouvrage, enrichi d'une substantielle introduction et de nombreuses annexes, constitue par son ampleur une somme irremplaçable et largement inédite, un passionnant document de référence pour aborder et comprendre la vie artistique, culturelle et politique du XIXe siècle.
Cet ouvrage donne à lire l'ensemble des écrits de Magritte. Il réunit des textes publiés de son vivant, y compris les interviews, ainsi que les textes inédits dont Magritte envisagea un jour la publication. Sont également rappelés, dans l'ordre chronologique, les tracts, manifestes et autres écrits que Magritte, sans en être l'auteur, contresigna. Bien qu'il exclue la correspondance privée, même publiée, ce recueil retient cependant un petit nombre de lettres dont l'importance théorique ou la forme poétique justifiait la présence dans ce corpus.Divers «propos», c'est-à-dire des paroles non datées, des conversations rapportées, quelles qu'en soient la rigueur de l'expression et la fidélité du souvenir, y figurent également, ainsi que des textes qu'il a été impossible de dater avec une approximation suffisante.Enfin, on trouvera le rappel de «textes épars» - tirés d'articles et de livres monographiques auxquels la relative abondance de citations de Magritte confère un caractère peu ou prou anthologique -, ainsi que les textes apocryphes prêtés à Magritte.
R. Combas apporte à l'aube des années 1980, une nouvelle peinture figurative. Présent sur la scène artistique dès 1979, il est le créateur d'un mouvement que Ben appela La Figuration libre. Dans son essai, le philosophe M. Onfray présente l'artiste comme un peintre compagnon de route et de fortune de Dionysos, le Dieu des vignes, de la folie et de l'ivresse et l'inventeur de la tragédie.
Proche des Surréalistes et pionnier de l'abstraction lyrique, Wols (1913-1951) fuit le régime hitlérien et s'installe en France au début des années 1930.
Le 3 septembre 1939, il est emprisonné avec d'autres Allemands dans un camp d'internement français. Il porte avec lui un sac de toile grossière, bourré de livres, d'albums et de petits papiers couverts d'aphorismes à partir desquels s'esquisse son projet de s'exprimer par le mélange intime de ces trois éléments : textes choisis par lui, textes de lui et dessins. Dans ces écrits, il est question de tout et de rien : de l'existence, de l'amour, de l'argent, de Dieu, du monde, de l'art, des femmes et des voitures.
Ironique, cynique, poétique ou mélancolique, écho direct de ses dispositions d'esprit, de ses influences, de ses images mentales et de sa culture philosophique, les notes de Wols nous offrent un accès direct à sa pensée. C'est en puisant dans les archives privées de la famille que l'historien d'art Hans-Joachim Petersen a pu rassembler, transcrire et compiler les notes de l'artiste et les accompagner de fac-similés, de photographies, d'aquarelles et de dessins afin d'établir un volume complet et illustré, en grande partie inédit.
Jean Pigozzi est une personnalité hors norme. Héritier de la firme Simca, il est le plus grand collectionneur au monde d'art africain contemporain et partage sa vie entre Paris, Londres, New York, Genève, Le Panama et le cap d'Antibes. Sa collection compte les plus grands chefs-d'oeuvre de Chéri Samba, de Seydou Keïta, de Romuald Hazoumè ou encore de Frédéric Bruly Bouabré, dont sont reproduites ici quelques pièces majeures.Élaboré à partir d'entretiens menés par Catherine Grenier pendant plusieurs années, cet ouvrage brosse un portrait intime, dans lequel Jean Pigozzi évoque son enfance, sa passion de la photographie, sa collection mais aussi sa relation à l'art et à ses amis célèbres.
En une dizaine d'années frénétiques qui passent comme un songe - un songe aussi éveillé qu'électrique-, Andy Warhol mène à New-York et dans le monde une singulière guerre des images qui bouleverse les us et les coutumes de l'art héroïque comme ceux des mass-médias. Les peintures, les films, les photographies, les textes, les dessins qu'il produit par centaine sont ses armes - des armes d'autant plus efficaces qu'elles semblent d'abord inoffensives. Toujours, parfois à contretemps, les explosions se succèdent. La ligne de front qui se dessine depuis la Factory offre un profil ambivalent caractéristique de l'artiste : elle passe par le positif comme par le négatif, par l'intérieur ou l'extérieur, le dehors et le dedans, le haut et le bas, l'underground et le grand monde. Popisme est la chronique turbulente et lumineuse, cocasse et sérieuse, de cette guerre conduite à la vitesse de la pensée la plus féconde qui permet à Warhol, seul au milieu de la foule, de triompher de tous les malentendus sans les dissiper. «C'est un regard rétrospectif sur la vie que nous menions, mes amis et moi - sur les peintures, les films, les modes et la musique, sur les superstars et tous ceux qui constituèrent la scène dans notre loft de Manhattan, connu sous le nom de Factory.» Andy Warhol
L'Art au large, nouveau titre de la collection « Ecrire l'art » réunit pour la première fois l'ensemble des textes de Jean-Hubert Martin écrits depuis les années 1970. Son exposition Les Magiciens de la Terre (1989, au Centre Pompidou et à la Grande Halle de la Villette) a connu un retentissement international. Pour la première fois, des artistes vivants venant de tous les continents étaient exposés aux côtés d'artistes occidentaux.
Sont publiés ici pour la premières fois notes et réflexions prises au cours de ses nombreux séjours en Afrique, en Chine, au Népal, etc., à la découverte de nouveaux artistes pour la préparation des Magiciens de la Terre. Les questions anthropologiques, qui étendent le terme d'exotisme au monde occidental, sont au coeur de sa réflexion, retournant ainsi la façon de voir les choses. Le regard de l'Occident sur le monde fait face à la vision que le reste du monde a de l'Occident.
Autre façon de mettre en relation, non plus des territoires mais des temporalités, il crée au Château d'Oiron (un des châteaux de la Loire) le premier cabinet de curiosités contemporain en invitant des artistes tels que Boltanski, Sarkis, Spoerri., à dialoguer avec le patrimoine.
Une histoire de la galerie d'art fondée en 1966 par Daniel Templon accompagnée d'entretiens du galeriste à propos des artistes qu'il a représentés, de l'évolution de l'art contemporain ainsi que du marché de l'art.
En guise de suite à«Notes sur le cinématographe», cet ouvrage réunit des entretiens que le cinéaste à donnés à la presse française et étrangère, écrite, radiodiffusée et télévisuelle. Des conversations avec J.-L. Godard, L. Malle, R. Stéphane, F. Weyergans, etc.
«Deux balles de tennis est le produit de ce que j'appellerais une littérature du vagabondage, de la déambulation, une écriture qui se plaît à sauter d'un sujet à l'autre, dans un apparent désordre, au coeur de ce qui pourrait sembler une incohérence mais qui en réalité construit progressivement une cohérence. Je suis peintre et la peinture imprègne mon écriture, qui est par conséquent visuelle sans pour autant être descriptive. Je parcours en pèlerin mes souvenirs qui se mêlent, s'entrecroisent, terminent en portraits.» Eduardo Arroyo