Azincourt, un joli nom de village, le vague souvenir d'une bataille perdue. Ce 25 octobre 1415, il pleut dru sur l'Artois. Quelques milliers de soldats anglais se retrouvent pris au piège par des Français en surnombre. Bottés, casqués, cuirassés, armés jusqu'aux dents, brandissant fièrement leurs étendards, tout ce que la cour de France compte d'aristocrates se précipite pour participer à la curée. Ils ont bien l'intention de se couvrir de gloire, dans la grande tradition de la chevalerie française. Aucun n'en reviendra vivant. Un désastre grandiose!Avec la verve qu'on lui connaît et son sens du détail qui tue, Jean Teulé nous raconte ces trois jours dantesques où, sous une pluie battante, des milliers d'hommes se sont massacrés dans un affrontement sanglant d'autant plus désastreux que cette bataille était parfaitement inutile.
«Patience, mes filles ! Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie.» Au nord du Cameroun, au sein des riches familles peules et musulmanes, la patience est la vertu cardinale enseignée aux futures épouses. Malheur à celle qui osera contredire la volonté d'Allah ! Entre les murs des concessions, où règnent rivalité polygame et violences conjugales, la société camerounaise condamne ces femmes au silence.Mais c'est aussi là que les destins s'entrelacent. Ramla, arrachée à son premier amour ; Safira, confrontée à l'arrivée d'une deuxième épouse ; Hindou, mariée de force à son cousin : chacune rêve de s'affranchir de sa condition. Jusqu'où iront-elles pour se libérer ?
«J'ai un programme politique. Je suis pour la suppression de l'héritage, de l'obligation alimentaire entre ascendants et descendants, je suis pour la suppression de l'autorité parentale, je suis pour l'abolition du mariage, je suis pour que les enfants soient éloignés de leurs parents au plus jeune âge, je suis pour l'abolition de la filiation, je suis pour l'abolition du nom de famille, je suis contre la tutelle, la minorité, je suis contre le patrimoine, je suis contre le domicile, la nationalité, je suis pour la suppression de l'état civil, je suis pour la suppression de la famille, je suis pour la suppression de l'enfance aussi si on peut.»
La France est noyée sous une tempête diluvienne qui lui donne des airs, en ce dernier jour de 1999, de fin du monde. Alexandre, reclus dans sa ferme du Lot où il a grandi avec ses trois soeurs, semble redouter davantage l'arrivée des gendarmes. Habité par ses plus tendres souvenirs, il va revivre les années flamboyantes de cette vie paysanne qui lui paraissait immuable enfant.Dans ce grand roman de «la nature humaine», Serge Joncour orchestre presque trente ans d'histoire nationale où se répondent jusqu'au vertige les progrès et les luttes qui ont jalonné la fin du XX? siècle. Une instruction magnifique sur notre humanité en péril, à moins que la nature ne vienne reprendre certains de ses droits...
" Mes croyances sont limitées, mais elles sont violentes. Je crois à la possibilité du royaume restreint. Je crois à l'amour ", écrivait récemment Michel Houellebecq. Le narrateur de Sérotonine approuverait sans réserve. Son récit traverse une France qui piétine ses traditions, banalise ses villes, détruit ses campagnes au bord de la révolte. Il raconte sa vie d'ingénieur agronome, son amitié pour un aristocrate agriculteur (un inoubliable personnage de roman - son double inversé), l'échec des idéaux de leur jeunesse, l'espoir peut-être insensé de retrouver une femme perdue.
Ce roman sur les ravages d'un monde sans bonté, sans solidarité, aux mutations devenues incontrôlables, est aussi un roman sur le remords et le regret.
Un matin, tout lâche pour Clara, jeune femme compétente, efficace, investie dans la société de crédit qui l'emploie. Elle ne retournera pas travailler. Amis, amours, famille, collègues, tout se délite. Des semaines, des mois de solitude, de vide, s'ouvrent devant elle. Pour relancer le cours de sa vie, il lui faudra des ruptures, de l'amitié, et aussi remonter à la source vive de l'enfance. Une histoire minuscule et universelle, qui interroge chacun de nous sur nos choix, nos désirs, et sur la façon dont il nous faut parfois réinventer nos vies pour pouvoir continuer.
Si l'oeuvre éblouit, l'homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l'approchaient les pires insanités. Drogué jusqu'à la moelle, dandy halluciné, il n'eut jamais d'autre ambition que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu'il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l'ignoble et le sublime. Il a écrit cent poèmes qu'il a jetés à la face de l'humanité. Cent fleurs du mal qui ont changé le destin de la poésie française.
«- Vu l'ancienneté des faits, il sera sans doute compliqué de les faire établir, et vraisemblablement, votre père ne sera pas condamné...- Alors, il y a des faits plus récents, qui ont eu lieu à Nancy, à Nice, à Paris et à Tende, il y a deux ans. Ce serait peut-être plus facile...- Certainement.- Mais j'étais majeure.- Ça reste des viols par ascendant, madame. Et qui ont eu un commencement d'exécution quand vous étiez mineure. Moi, je vais le faire convoquer dans un commissariat de Strasbourg. Il aura une grosse frayeur.Il sera difficile d'apporter les preuves. Il y aura sans doute un non-lieu...»
« Pendant toutes les années de ma triste jeunesse, Huysmans demeura pour moi un compagnon, un ami fidèle jamais je n'éprouvai de doute, jamais je ne fus tenté d'abandonner, ni de m'orienter vers un autre sujet puis, une après-midi de juin 2007, après avoir longtemps attendu, après avoir tergiversé autant et même un peu plus qu'il n'était admissible, je soutins devant le jury de l'université Paris IV - Sorbonne ma thèse de doctorat : Joris-Karl Huysmans, ou la sortie du tunnel. » Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s'engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l'enseignement, il s'attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu'à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.
Le talent de l'auteur, sa force visionnaire nous entraînent sur un terrain ambigu et glissant son regard sur notre civilisation vieillissante fait coexister dans ce roman les intuitions poétiques, les effets comiques, une mélancolie fataliste. Ce livre est une saisissante fable politique et morale
Il s'appelle Antoine. Elle se fait appeler L. Il est assistant parlementaire, elle est hackeuse. Ils ont tous les deux choisi de consacrer leur vie à un engagement politique, officiellement ou clandestinement, et vont se rencontrer autour d'une question : comment continuer le combat quand l'ennemi semble trop puissant pour être défait ?Dans ce grand roman de l'engagement, Alice Zeniter met en scène une génération face à un monde violent, qui cherche, avec une contagieuse obstination, à en redessiner les contours, et s'empare audacieusement de nos existences ultracontemporaines pour interroger ce que signifie, aujourd'hui, faire de la politique.
Universitaire fraîchement retraité, alcoolique et divorcé, Jean Roscoff ne comprend plus son époque - et elle le lui rend bien. À 65 ans, celui qui se décrit comme un « vieux soiffard guignolesque » est revenu de toutes ses illusions, sauf peut-être celle d'avoir été des bons combats, dans les années 1980, lorsqu'il battait le pavé aux côtés de SOS Racisme.Pour se remettre en selle, Roscoff se lance dans l'écriture du Voyant d'Étampes, un essai sur un poète américain méconnu, mort accidentellement au début des années 1960. A priori, pas de quoi déchaîner la critique. Mais si son sujet était piégé?À travers la chute d'un intellectuel devenu la cible d'une chasse aux sorcières, Abel Quentin livre une satire jubilatoire de notre époque et de son goût immodéré pour les bûchers médiatiques.
Si Jed Martin, le personnage principal de ce roman, devait vous en raconter l'histoire, il commencerait par vous parler d'une panne de chauffe-eau. Ou de son père, architecte connu et engagé, avec qui il passa seul de nombreux réveillons de Noël. Il évoquerait Olga, une très jolie Russe rencontrée lors d'une première exposition de son travail photographique à partir de cartes routières Michelin - «La carte est plus intéressante que le territoire». C'était avant que le succès mondial n'arrive avec la série des «métiers», portraits de personnalités de tous milieux, dont l'écrivain Michel Houellebecq. Il dirait aussi comment il aida le commissaire Jasselin à élucider une atroce affaire criminelle. L'art, l'argent, l'amour, le rapport au père, la mort, le travail, la France devenue un paradis touristique sont quelques-uns des thèmes de ce roman, résolument classique et ouvertement moderne.
Les particules élémentaires Michel, chercheur en biologie rigoureusement déterministe, incapable d'aimer, gère le déclin de sa sexualité en se consacrant au travail, à son Monoprix et aux tranquillisants. Une année sabbatique donne à ses découvertes un tour qui bouleversera la face du monde. Bruno, de son côté, s'acharne en une quête désespérée du plaisir sexuel. Un séjour au « Lieu du Changement », camping post-soixante-huitard tendance New Age, changera-t-il sa vie ? Un soir, une inconnue à la bouche hardie lui fait entrevoir la possibilité pratique du bonheur. Par leur parcours familial et sentimental chaotique, les deux demi-frères illustrent de manière exemplaire la société d'aujourd'hui et la quête complexe de l'amour vrai.
Un «double Nelson», c'est une prise de soumission qui consiste, dans un match de catch, à faire abandonner l'adversaire. Mais on peut aussi s'en servir dans une relation amoureuse. Luc et Edith ont vécu quelques mois d'un amour intense, jusqu'à ce que le métier de cette dernière - engagée dans les forces spéciales d'intervention de l'armée - empoisonne leur quotidien. Et quand, réchappée d'une mission qui a mal tourné, Edith demande à se cacher chez lui le temps de tromper l'ennemi à ses trousses, c'est la vie de Luc qui bascule et son roman en cours d'écriture qui en prend un coup. Ces deux-là qui peinaient à vivre ensemble vont devoir réapprendre à s'apprivoiser...
La légende dit que ceux qui vont à Zagarand n'en reviennent pas. C'est pourtant là que se rend Paul, dévasté par la perte de son fils, après avoir reçu une lettre de sa soeur l'invitant à la rejoindre dans cette oasis du bout du monde.À Zagarand, la vie obéit à d'autres lois que celles qu'il connaît. Harmonie, équilibre et amour y sont les maîtres mots. Grâce à Mathilde, Mayssa, Elias ou Amiane, à des gestes simples et des rituels nouveaux, de puissantes émotions vont bouleverser les certitudes de Paul et lui permettre de réapprendre à vivre.
Thomas Hogan aura pourtant fait l'impossible pour exorciser ses démons intérieurs - les mêmes qui torturaient déjà son père. À quel moment a-t-il basculé? Lorsque Paul, l'ami d'enfance, son alter ego, l'a trahi pour rejoindre la bande de Calvin? Lorsqu'il a découvert le Blue Budd, le poker et l'alcool de poire? Ou lorsque Donna, l'assistante du Doc', l'a entraîné derrière la scierie maudite?
«La vie emprunte parfois de drôles de détours pour vous remettre sur la bonne route.»Chaque vendredi depuis quinze ans, Odette, ancienne costumière de théâtre, passe la journée à Roissy : postée devant le tableau d'affichage des départs, elle s'invente une vie en rêvant à de lointains voyages. Chaque fois, son ami Maurice la conduit dans son taxi avant de la ramener sagement chez elle, aux Buttes-Chaumont. Mais un soir, Odette n'est pas au rendez-vous. Vers où s'est-elle finalement envolée en emportant ses secrets ?Marie-Soleil, sa petite-fille, et Ludovic, un flic mis au placard pour excès de zèle, se lancent à sa recherche à bord du taxi jaune de Maurice. L'improbable trio prend alors la route de la Côte d'Azur pour remonter le temps et démêler une histoire familiale où s'entrecroisent le génocide arménien, la France occupée et des amours impossibles...
Elynn est assez jeune pour avoir la vie devant elle. Pourtant, elle a souvent le sentiment que ses rêves sont de plus en plus loin derrière. Entre son couple qui végète et la réalité quotidienne de son métier d'infirmière, la jeune femme a l'impression de faire du sur-place dans un horizon sans intérêt. Comment en est-elle arrivée là ? Qu'est devenue l'enfant pleine d'envies qu'elle était ? Cherchant à bousculer sa routine, Elynn s'inscrit dans un club de sport. De rencontres inattendues en expériences inédites, ce simple rendez-vous va vite se révéler essentiel et déclencher d'imprévisibles réactions en chaîne. Elynn et ses nouvelles amies vont peu à peu trouver les moyens de forcer les verrous qui les entravent. La cage ne résistera pas longtemps...
De retour de vacances, sur le parvis d'une gare, Édouard laisse derrière lui sa femme et sa valise. Un départ sans préméditation. Une vieille romancière anglaise en est le déclic, la forêt de Brocéliande, le refuge.Là, dans une chambre d'hôtes environnée d'arbres centenaires, il va rencontrer Gaëlle la douce, son fils Gauvain, enfermé dans le silence d'un terrible secret, Raymond et ses mots anciens, Adèle, jeune femme aussi mystérieuse qu'une légende. Et Platon, un chat philosophe.Qui sont ces êtres curieux et attachants ? Et lui, qui est-il vraiment ?S'il cherche dans cette nature puissante les raisons de son départ, il va surtout y retrouver sa raison d'être.
À Vuopio, en Laponie orientale, Elina a trois jours et trois nuits pour pêcher le seul et unique brochet de l'Étang du Pieu. Si elle échoue, elle sera condamnée. Or, un cruel génie des eaux règne sur les lieux. Elina n'a d'autre choix que de pactiser avec les dangereuses forces surnaturelles des marais. Pendant ce temps, l'inspectrice Janatuinen enquête sur un meurtre étrange qui la mène à Elina. Avec l'aide d'excentriques locaux, les deux femmes devront s'associer pour survivre.La pêche au petit brochet, roman virtuose et drolatique, renouvelle la délicieuse folie qui a fait le succès de la littérature finlandaise.
Publier le roman-fleuve de Margaret Mitchell était déjà une gageure, mais faire d'Autant en emporte le vent un film était une pure folie. Des centaines de décors, de costumes et d'acteurs pour un film d'une longueur invraisemblable : un défi qui aurait pu ruiner David O. Selznick, son producteur mégalomane, bien décidé à réussir «le plus grand film de tous les temps». Par-delà les tractations cocasses et les imprévus en tous genres, une question centrale s'invite au coeur des débats qui agitent les États-Unis : qui pour incarner Scarlett ?Dans ce roman trépidant, François-Guillaume Lorrain fait revivre les affres, les plaisirs et le quotidien des protagonistes de cette aventure éditoriale et cinématographique qui marqua l'âge d'or d'Hollywood.
Dans un pays sans nom, les lectures publiques sont la garantie de l'ordre social. Les élus ont ainsi transformé un certain type de livres en outils de parfaite manipulation.1075 est, lui, analphabète. Pour exister, la Société ne lui propose qu'une issue : intégrer l'élite des Gardes au service du système. Ces jeunes gens ont pour unique règle de ne jamais apprendre à lire. 1075 devient le meilleur des Agents. Sa vie bascule pourtant le jour où il croise la route d'une institutrice...
« Raconter Vivian Maier, c'est raconter la vie d'une invisible, d'une effacée. Une photographe de génie qui n'a pas vu la plupart de ses propres photos. » Disparue dans la solitude et l'anonymat, Vivian Maier, Américaine d'origine française, a arpenté inlassablement les rues de New York et de Chicago pour photographier, avec une profonde sensibilité, les plus démunis, les marginaux, ceux qui, comme elle, ont été oubliés par le rêve américain.
Dix ans après sa mort, Gaëlle Josse nous livre le roman d'une vie, un portrait d'une rare empathie, d'une rare acuité sur ce destin troublant, hors norme, dont la gloire est désormais aussi éclatante que sa vie fut obscure.