Nous sommes au début du siècle dans l'État de Bahia. Les Turcs - ainsi appelle-t-on les immigrants venus de pays Ottomans tels que la Syrie ou le Liban - s'y sont installés récemment. Parmi eux, il y a Jamil, qui rêve de fortune et d'amour. Raduan, un philosophe séducteur qui parle aussi bien qu'il bat les cartes. Et Ibrahim, un veuf éploré que sa fille, laide et acariâtre, ne cesse de poursuivre afin de le remettre sur le bon chemin. Et si la solution était de trouver un prétendant assez cupide pour épouser la jouvencelle en échange du commerce de son père ?
De maisons closes en bars enfumés, nos trois personnages parlent des femmes, de sexe et d'amour. Dans un pays où les hommes se battent et s'entretuent pour quelques cacaoyers, où l'on peut devenir quelqu'un au mépris de sa condition sociale, nos trois Turcs rêvent et avec eux, le peuple brésilien.
« J'ai essayé de raconter dans ce livre, avec un minimum de littérature au profit d'un maximum d'honnêteté, la vie des travailleurs dans le sud de l'État de Bahia. » Jorge AmadoLe « Domaine Fraternité », dans une plantation de cacao au Sud de Bahia. Des ouvriers agricoles s'entassent dans des cases malpropres, exigües et humides. Dans ce monde rythmé par les cacaoyers, objets bénis et haïs en même temps, les distractions sont rares : un peu de tafia, des femmes, des chants mélancoliques, des danses ancestrales au-dessus d'un feu.
C'est là que débarque Sergipano, un jeune homme déclassé suite à la mort de son père, contraint à la vie ouvrière par un destin tragique et vicieux. « Loué » une misère par le Colonel Mané-la-Peste, être bedonnant exploitant le malheur pour mieux renflouer ses poches, il mène une vie besogneuse. Dans ce monde coloré où le langage est cru, direct, sans fioritures, il va faire l'expérience de la fraternité qui lie entre elles des âmes sans espoir, courageuses et authentiques.
Jorge Amado signe avec Cacao un roman engagé dans lequel se confrontent deux mondes que tout sépare. Évoquant la naissance de la conscience de classe, il décortique, dans un style métissé et maîtrisé, les difformités de la condition humaine.