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MONIQUE BACCELLI
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"Je demande pardon aux morts et à leurs familles, je m'excuse auprès de ceux qui ont perdu leur maison et leur bétail, mais je crois que les Allemands et les fascistes y ont laissé des plumes. Non qu'on y soit vraiment pour quelque chose et qu'eux soient absolument nuls. Ce fut l'affaire de la Langa, avec sa terre, sa pierre et son bois, l'affaire de la grande Langa, notre mère. "
Exhumé près d'un demi-siècle après son écriture, ce texte daté de 1946 est le tout premier récit autobiographique de Beppe Fenoglio. Il nous entraîne sur les chemins tortueux empruntés par les membres des foulards bleus de la Résistance italienne, aux côtés d'une chienne fidèle qui veille en véritable louve sur lui et ses compagnons d'armes. Abordant de front la cruauté des hommes en temps de guerre, sans jamais omettre l'infinie solidarité des habitants des campagnes envers les partisans, son témoignage compose un puissant hymne à la liberté, qui s'élève pour résonner bien au-delà des collines de la Langa. -
LES ARBRES de Mario Rigoni Stern ont la même beauté austère que les personnages de ses livres. Il n'en parle pas seulement comme un botaniste nourri de culture classique qui connaît toutes les vertus des arbres et de leurs fruits : il accroche aussi à leurs branches comme les boules d'un sapin de Noël, souvenirs d'enfance et de guerre, histoire de cet Altipiano au climat rude dont il est originaire. « ... et si, à la fin, j'ai réussi à vous communiquer un peu de mon amour des arbres, j'aurai le coeur plus léger ».
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Un Moby Dick moderne.
Le destin de l'Humanité au XXe siècle résumé en quatre jours, dans les 4 km de largeur du détroit de Messine.
1943. Andrea Cambria, jeune soldat de la marine royale italienne, rentre dans son village natal de Sicile pour veiller son père au lendemain de l'Armistice.
Longeant les côtés calabraises désertées par les fascistes, il découvre un pays méconnaissable, transformé par la guerre, où il croise des peuplades quasi mythologiques : enfants de Naples traquant les derniers solats allemand, femmes sirènes rêvant d'être déniaisées, pêcheurs réduits à la famine, soldats éclopés vivant parmi les ruines du pays...
Le héros est finalement confronté à une créature marine monstrueuse, l'Orcaferone, qui donne la mort et incarne la décadence de l'Italie après la guerre.
Ce livre-culte de la littérature européenne, qui a coûté 25 années de travail à son auteur, voit le jour en français pour la première fois, après quinze ans de travail et une histoire éditoriale unique au monde. -
Cette conférence de 1927 constitue une voie d'accès originale à l'univers fascinant de James Joyce. De son amitié avec ce dernier, rencontré à Trieste en 1906, Italo Svevo confie la genèse : ignoré par la critique et en mal de lecteurs, il abandonne l'écriture et entre dans la fabrique de vernis de son beau-père. Il prend alors des cours d'anglais à l'École Berlitz de la ville, où Joyce, de vingt ans son cadet, enseigne. De là naît une amitié, qui se traduira par des conseils et encouragements mutuels. Joyce sera d'ailleurs la clé de voûte du rayonnement européen de l'oeuvre de Svevo. Mais Svevo donne aussi une interprétation brillante de l'oeuvre même. Celui qui aurait inspiré Léopold Bloom, le héros principal de Ulysse, nous en livre ici une poétique inspirée et inspirante.
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Sentiers sous la neige
Mario Rigoni Stern
- LA FOSSE AUX OURS
- Revue Arpentages
- 19 Septembre 2000
- 9782912042279
" là-haut, la montagne est silencieuse et déserte.
La neige qui est tombée en abondance ces jours-ci a effacé les sentiers des bergers, les aires des charbonniers, les tranchées de la grande guerre et les aventures des chasseurs. et c'est sous cette neige que vivent mes souvenirs. " " on trouve rarement pareille cohérence entre l'homme qui vit et l'homme qui écrit, pareille densité d'écriture. " primo levi.
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Barbara Balzerani a été l'une des femmes à occuper un poste stratégique au sein des Brigades rouges. Dans l'enceinte de la prison haute sécurité où elle a été incarcérée pendant de nombreuses années, elle a pris le temps d'interroger son parcours, ses origines ouvrières, de réexaminer les réflexions philosophiques qui l'ont conduite à un tel engagement. Car avant d'être l'histoire d'une génération politique ou celle d'une organisation armée, Camarade lune est bien celle d'une femme que ses origines ne sauraient réduire à telle ou telle catégorisation. En ressort la colère de celle qui est née pauvre dans un monde inégalitaire, l'entêtement désespéré de celle qui ne se résout pas à être simplement une femme dans un univers dominé par les hommes, ainsi que l'espérance d'une insurrection contre l'ordre établi rendue soudain possible par le surgissement des événements de 1968.
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L'ensemble des poèmes de Cristina Campo ont été traduits pour la première fois par Monique Baccelli et publiés en 1996 dans « Les Cahiers d'Arfuyen ». C'est cet ouvrage qui est aujourd'hui réédité dans la collection « Neige » où il a sa vraie place Cristina Campo (1923-1977) déclarait qu'elle avait peu écrit mais aurait aimé avoir moins écrit encore.
Deux livres posthumes ont suffi à la faire découvrir, Gli imperdonabili (1987) et La Tigre Assenza (1991). La critique s'est enthousiasmée pour cette « trappiste de la perfection », cette « fleur indéfinissable et inclassable », cette « créature de feu, violente, extrême », mais aussi « exquise et insaisissable comme une dame italienne de la Renaissance ».
Elle qui, du fait d'une grave malformation cardiaque, n'avait pu mener à bien sa scolaritéc'est avec passion qu'elle s'est nourrie des oeuvres de Dickinson et Hofmansthal et a traduit des auteurs comme Mansfield, Woolf ou Zambrano. Mais c'est dans le courage et l'intransigeance d'une Simone Weil qu'elle a trouvé l'âme soeur.
Habités par une quête spirituelle brûlante, les poèmes du Tigre Absence saisissent le lecteur d'une beauté étrange, à la fois vibrante et hiératique. Nul mot ne définirait mieux cette voix que ceux qu'elle décernait à la poétesse américaine Marianne Moore, « simple, rare, subtile, royale, vertigineuse, limpide, patiente, rigoureuse, décidée, austère, essentielle, ferme, érudite et discrète ». -
Dans l'âpre mélancolie des collines du Piémont vivent des hommes à la parole rare, liés à la terre comme par une condamnation sans appel. La rudesse des jours embrume souvent leurs yeux de rage. C'est dans cet univers qu'Agostino passe de l'adolescence à l'âge d'homme. Il ne faut pour cela que quelques saisons, terrible intervalle entre le décès d'un père et celui d'un frère, jeune séminariste consumé par la faim et la maladie.
Agostino, lui, travaille chez un métayer. Le pain est amer d'être conquis sur une terre avare. Pourtant, avec la dignité d'un héros de tragédie antique, Agostino affronte son destin, ce mauvais sort qui court comme un venin dans les veines des habitants des collines, éprouve les corps, durcit les coeurs et finit par ne plus arracher d'autres réactions aux hommes que l'injure et la violence, aux femmes que le silence et la prière. La seule véritable joie dans la vie d'Agostino sera son amour pour Fede, une fille de ferme. Ce bonheur qui lui échoit métamorphosera un temps sa servitude, lumière fugace, avant que la fatalité ancestrale ne reprenne ses droits.
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Le secret c'est de tout dire !
Gianni Giovannelli
- Éditions Allia
- Moyenne Collection
- 7 Janvier 2021
- 9791030413304
«Les Salemi, notamment, acceptaient tous les travaux saisonniers et, la période d'essai passée, ils étaient pris aussitôt de violents maux de tête, de syndromes dépressifs ou de rages de dent. Et l'entreprise ne les revoyait plus jusqu'à la fin de leur contrat. Ils arrondissaient leur salaire avec quelques petits travaux au noir ou la vente à la sauvette de ballons, piazza Duomo. Je me sentais vraiment bien dans ce 'petit monde moderne', où l'on empruntait de l'argent sans jamais le rendre et où on se roulait affectueusement l'un l'autre. Mais qui carottait qui??» Giovannelli expose sans fard l'existence erratique de Salvatore Messana. De la Seconde Guerre mondiale aux années de plomb, cet énergumène fait preuve d'un zèle remarquable pour mener l'inverse d'une vie bien rangée.
Ce personnage inoubliable est, dès son plus jeune âge, davantage porté sur la magouille que sur la religion, et fait ses gammes en volant des camions, entre deux balades en vespa. Séducteur invétéré, il découvre les charmes de l'adultère avec la belle Marcella, avant de répondre à l'appel du grand large pour éviter les ennuis, de la Turquie au Brésil. Véritable maître en matière de combines véreuses, son désaveu constant de la discipline le mène à fréquenter tant les gangsters milanais que la classe ouvrière. L'occasion pour lui d'affermir une bonne fois pour toute son dégoût du travail...
Pour ne jamais travailler, rien de mieux que de connaître à la lettre le Code du travail. Passé maître dans l'art de la perception d'indemnités de licenciement, il plumera ses chefs les uns après les autres, avec une grâce éminemment savoureuse. Difficile de ne pas s'enthousiasmer pour un tel individu, chez qui la lutte des classes prend des allures de partie de Monopoly, où le jackpot n'est finalement jamais très loin de la case prison?!
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" C'est un texte extraordinaire, un peu comme si Jean Moulin avait échappé à Barbie et nous avait laissé le témoignage de ses tortures et de sa tentative de suicide.
Bolis était un des chefs de la Résistance à Gênes, il a été arrêté en février 1945 par des fascistes aux abois enragés par leur proche défaite. Bolis n'est pas identifié, mais on se doute de l'importance de la prise : après les sévices habituels, Bolis, pris en main par le chef des tortionnaires, ne parle pas. Mais, jour après jour, les tortures deviennent plus raffinées ; à demi mort, il craint toujours de craquer et il décide de se suicider avec une lame de rasoir qu'il a camouflée.
Le récit devient alors insoutenable, mais il faut le soutenir, il faut lire ces pages, non par voyeurisme sadique mais pour aller au bout de l'expérience de vie, pour tirer la leçon de ce supplice que s'inflige Bolis : faire ce qu'aucune bête n'aurait fait, comme dit Saint-Ex à propos de Guillaumet naufragé dans les Andes. " Michel Polac, Charlie Hebdo.
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Voici l'acte de naissance de la restauration du patrimoine. Un manifeste. L'auteur livre ici le fruit de sa riche expérience au contact des oeuvres d'art, qu'elles soient picturales, sculpturales ou architecturales. Ayant soin de respecter à la fois l'histoire et l'esthétique de l'oeuvre d'art, il préconise avant tout d'en restituer la lisibilité et ce qui, en elle, la constitue en tant qu'oeuvre.
Et il donne non seulement toute son importance à ce qu'elle fut dans son époque mais aussi à la manière dont elle a traversé l'histoire. Il suggère de conserver les traces du passage du temps, la patine, et de laisser voir, de près, l'acte de restauration lui-même.
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Les deux vieilles filles
Tommaso Landolfi
- Éditions Allia
- Petite Collection
- 20 Mars 2009
- 9782844853028
Lilla et Nena, deux sexagénaires qui ont passé toute leur vie dans le giron maternel, voient leur existence changer le jour où leur singe Tombo, « souvenir sacré » de leur frère mort, est accusé de manger les hosties et boire le vin sacré du couvent voisin. Après une véritable enquête policière, Nena découvre, horrifiée, que son singe est bel et bien le coupable, allant jusqu'à compisser dans l'autel ! Se sentant trahie, elle prononce la sentence : « Il doit mourir ». Elle fait alors appel à Monseigneur Tostini qui la confirme dans sa décision : pour lui aussi Tombo a « souillé le Christ ». Ce qui n'est pas l'avis du jeune prêtre, Don Alessio, arrivé au cours de la discussion. Pour lui le singe est innocent, du moins « il n'est pas coupable », « le péché ce sont les hommes qui l'ont inventé ». Le débat s'engage alors entre les deux ecclésiastiques sur l'indulgence à accorder à l'animal, puis dérive très vite vers des thèmes graves, voire existentiels tels que la culpabilité le l'homme, la foi ou la liberté. Malgré la défense du jeune prêtre, Tombo sera exécuté avec une épingle à chapeau par ses maîtresses qui, tout en le caressant, devront s'y reprendre à plusieurs fois.
Cette histoire tragi-comique sert de prétexte à Tommaso Landolfi pour dénoncer l'emprise de l'Eglise et des valeurs conservatrices que ses représentants ne cessent de défendre. Pour mieux la ridiculiser, et non sans humour, il n'hésite pas à déplacer le problème autour de la moralité non pas d'un être humain, mais d'un singe, faisant de celui-ci le véritable héros de cette histoire.
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L'embuscade, roman posthume achevé en 1958 et publié en 1978, s'inscrit dans la veine guerrière de Fenoglio. Il retrace un épisode, parfaitement circonscrit, de la guerre civile qui opposa, au cours de l'été 44, partisans badogliens et fascistes. La ville de Valla qu'il faut reprendre à l'occupant acquiert une valeur mythique pour le petit groupe de résistants qui se cache dans les collines de Langhe et vit une pesante attente, coupée de quelques combats meurtriers. Cette alternance de moments paroxystiques et de temps morts permet à l'auteur de camper, avec le talent qu'on lui connaît, des personnages contrastés, de provenances diverses, luttant également pour des raisons diverses.
Bien qu'inachevé, ce roman n'offre aucun blanc, progresse par une suite de flash-back percutants et se referme harmonieusement sur lui-même.
La précision et la sobriété stylistique propres à Fenoglio font de ce texte - dont il disait à son éditeur, en dépit de sa modestie : «Ou je me trompe, ou ce livre est d'un grand intérêt» - l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature contemporaine.
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À Palerme, retiré dans son palais, l'auteur du Guépard aimait à donner des conférences privées devant un public choisi. Principalement consacrées aux écrivains anglais, elles furent publiées après sa mort. Lampedusa s'y dévoile comme un fabuleux conteur, plein d'humour et d'érudition. L'essai qu'il consacra à Lord Byron compte parmi les plus développés et les plus aboutis de ces textes.
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La vie et la pensée de Leopardi
Sergio Solmi
- Éditions Allia
- Petite Collection
- 17 Octobre 2019
- 9791030411546
Sa connaissance profonde du personnage l'autorise à en parler comme d'un compagnon de pensée : Solmi réussit à faire réfléchir les textes les uns par rapport aux autres, dévoilant l'unité non pas doctrinale mais l'essence de la pensée de celui qu'il désigne parfois par son prénom, Giacomo. Même la présentation de la correspondance de Leopardi éclaire son ancrage poétique dans le monde. Solmi montre qu'il s'agit toujours d'une oeuvre se faisant, d'un cheminement qui s'esquisse à même ses errements face à son destin misérable et dont le Zibaldone reste la preuve la plus éloquente. Tout ce qui fait que l'oeuvre de Leopardi jouit d'une délicieuse et si profonde indétermination est esquissé dans un style fluide qui témoigne d'une expérience approfondie de la vie de l'oeuvre.
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Shakespeare
Giuseppe Tomasi di Lampedusa
- Éditions Allia
- Petite Collection
- 4 Février 2016
- 9791030400816
Parmi les milliers d'études qu'ont suscitées la personne et l'oeuvre de Shakespeare, il en est certainement peu d'aussi réjouissantes que celle de Lampedusa, texte d'une conférence donnée devant quelques amis dans son palais sicilien. Par son absolue liberté de ton, son humour plein de désinvolture, son art consommé de la digression - qui s'appuient sur une connaissance et un amour profonds de l'oeuvre -, l'auteur du Guépard a réussi à faire de ce bref essai l'une des meilleures invitations qui soient à la lecture de Shakespeare.
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On sait que Stendhal a passionnément aimé l'Italie. Lampedusa lui rend hommage en retour avec ce texte aux qualités toutes stendhaliennes : vivacité du trait, sens du raccourci, profondeur masquée sous l'ironie et indépendance du jugement.
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Côté ombre raconte la tentative de libération intellectuelle et affective d'un adolescent, Holl, par l'apprentissage du métier de forgeron et la découverte des livres, après ses onze années de souffrances dans la famille rurale de son père. Roman du passage et de l'entre-deux, Côté ombre a pour décor un monde en pleine mutation, que le narrateur Holl doit apprendre, par la langue, à s'approprier pour y trouver une place. Ecrit à la première personne, le roman d'Innerhofer, au style âpre et fort, plonge le lecteur dans les méandres d'un esprit désorienté, au coeur d'une quête douloureuse et rageuse vers la liberté. Pour Innerhofer, qui considérait la langue comme son lieu d'asile, nommer était une libération.
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Et si un jour on voulait donner une décoration à ceux qui sont tombés, ce n'est certainement pas nous, les juifs rescapés, qui la refuserions ; mais qu'on ne frappe pas de médailles différentes, qu'on n'imprime pas de diplômes spéciaux : que ce soient les médailles et les diplômes des autres soldats : "soldat cohen.
Soldat levi. soldat abramovic. soldat chaim blumenthal, âgé de cinq ans, tombé à leopoli, au milieu des siens, qui, les mains attachées derrière le dos, défendait encore la cause de la liberté et témoignait pour elle".
Giacomo debendetti.
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Tu ne sais donc pas que je suis un grand homme
Leopardi/Giacomo
- Éditions Allia
- Petite Collection
- 28 Mars 2002
- 9782844850867
En attendant divertis-toi.
Crois-tu que je me divertisse plus que toi ?assurément non. et pourtant, pendant ces derniers jours j'ai mené, et continue de mener une vie fort distrayante. mais tiens pour certaine cette maxime reconnue par tous les philosophes, qui pourra te consoler dans de nombreuses circonstances le bonheur et le malheur de chaque homme (hors les douleurs du corps) sont absolument égaux à ceux de n'importe quel autre, dans quelque condition ou situation que se trouve celui-ci ou celui-là.
Et c'est pourquoi, pour être précis, le pauvre, le vieux, le faible, le laid et l'ignorant éprouvent autant de joie et de peine que le riche, le jeune, le fort, le beau et le savant ; parce que chacun dans son état se fabrique ses biens et ses maux, et que la somme des biens et des maux que chaque homme peut se fabriquer est égale à celle que se fabrique n'importe quel autre.
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Beppe fenoglio (1922-1963) est né et a vécu à albe, dans les langhe, une région du piémont.
Après avoir été résistant, il travaille dans une entreprise viticole en même temps qu'il se consacre à son oeuvre. souvent incompris de son vivant, il est aujourd'hui considéré comme un des plus grands écrivains italiens.
Dans son journal de l'année 1954, fenoglio évoque, entre autres, sa vie quotidienne à albe, sa passion de la traduction et sa dure condition d'écrivain. avec les epigrammes, beppe fenoglio exprime son désamour pour sa ville d'albe, dominée selon lui par le pouvoir de l'argent et le culte de l'apparence, à la manière de martial, albe, sous sa plume, se transforme en une rome en miniature.
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« Résistant, comme poète, est un mot absolu » écrivit un jour Beppe Fenoglio, qui se rêvait soldat dans l'armée idéale de Cromwell, avec la Bible dans sa musette et son fusil en bandoulière et qui dut en partage affronter la sordide réalité du fascisme. Au croisement de l'autobiographie, du témoignage et de l'aventure romanesque, Le Printemps du guerrier, livre d'hommes et de paysages en guerre, relate avec une exigence morale sans faille et à travers les nobles yeux de Johnny - jeune recrue piémontaise - la déroute pathétique de l'armée royale italienne ; le gris-vert de l'occupation allemande et les rumeurs du débarquement allié ; Rome ville ouverte, Mussolini à Salò et le maquis pour la Résistance...
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Une dame, grande et grosse comme ça (je n'exagère pas), avec des moustaches, je ne l'oublierai jamais, et que Dieu puisse ne jamais lui pardonner, apprenant que je vais à l'école allemande, m'explique à moi, avec toute la rancoeur dont elle était capable, à moi, qui ne mesure pas plus d'un mètre, qu'elle est une opprimée et que je suis un oppresseur, ce qui m'a tellement bouleversé que je me suis cru obligé de devenir moi aussi à tout prix un opprimé, et je crois y avoir assez bien réussi. Donc, à bas l'Autriche, l'envahisseur, le crétin et le goinfre, et ça avec tout l'enthousiasme d'un gamin qui joue encore aux Indiens, souffrant mille morts de devoir aller à l'école allemande, et doté d'un complexe d'infériorité, je ne te dis que ça.
Artiste sans oeuvre, Roberto Bazlen (1902-1965) a toujours négligé de livrer ses écrits à la publication. On recueillit à sa mort ses "notes sans texte", qui comprennent ces pages consacrées à sa ville natale. Bazlen fait revivre Trieste et ses contradictions : ville entourée d'une campagne slave, gouvernée par des Autrichiens, mais où l'on parle italien. Ville provinciale et pourtant "caisse de résonance" de la culture européenne où une bourgeoisie riche et cultivée poursuit un rêve d'italianité sans y croire, pendant qu'une administration ennuyée entretient péniblement un autre rêve : celui d'un Empire déjà condamné par l'Histoire.
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Pigozzi rêve de faire décoller sa Fiat. Pelagatti est convaincu que le Christ est un extra-terrestre. Scalabrini adore lancer des objets en l'air, et voir. Primavera a un rapport dramatique aux allumettes. Pierini ne fait que du calcul mental. Vacondio s'attend au carambolage de la planète. Sauro prend la tension des gens en rase campagne. Naldo voit des Albanais partout, même chez sa femme...
Parodiant les vies de saints du Moyen Age, l'écrivain Cavazonni dresse 31 portraits d'idiots contemporains. Des gens atypiques, dont la vie tourne autour de l'astre tragique d'une obsession. Les paresseux et les croyants peuvent lire et méditer un seul portrait par jour, et tenir ainsi un bon mois. Et même se reposer le dimanche. Les autres font comme ils veulent.