Après une enfance éprouvante, Jane Eyre entre à 18 ans comme préceptrice au manoir de Thornfield Hall, pour s'occuper de la pupille du riche maître des lieux, Edward Rochester. Immédiatement conquise par le manoir perdu entre landes et bruyères, la jeune fille va égarement succomber au charme du sarcastique et ténébreux châtelain, malgré leur différence d'âge et de fortune. Des sentiments qui ne tarderont pas à être partagés.
Mais Thornfield Hall et son maître abritent un lourd secret.
À Middlemarch, petite ville de province à l'époque victorienne, les vies se croisent et se lient. Progrès scientifiques, industriels et sociaux s'apprêtent à bouleverser le quotidien. Dorothea Brooke, esprit jeune et libre, en quête d'émancipation, cherche son bonheur dans l'épanouissement intellectuel en épousant l'érudit Casaubon, qui cache mal un manque d'entrain. Tertius Lydgate, médecin idéaliste, s'engage dans une relation avec la vaniteuse Rosamond Vincy et met en péril ses ambitions. Comment s'épanouir au sein d'un mariage voué à l'échec? Peut-on s'affirmer malgré le regard de la société et ses carcans?Entre intrigues entrecoupées et amours contrariées, la grande romancière britannique dresse une fresque sociale sarcastique et une féroce étude de moeurs dans un foisonnement de personnages et de rebondissements. Une exploration grandiose et minutieuse de la nature humaine, de ses illusions et ses tourments, de ses sentiments et son insatiable désir.
«De tous mes livres, c'est celui-ci que je préfère», écrivait l'auteur de David Copperfield. Dans ce roman initiatique peuplé de personnages hauts en couleur, Dickens retrace le parcours semé d'embûches d'un jeune garçon chassé du domicile familial par la cruauté de son beau-père, et offre un tableau saisissant de la société anglaise du début du XIXe siècle. Admiré par les plus grands écrivains, de Charlotte Brontë à Sigmund Freud, en passant par Tolstoï et Kafka, ce récit largement autobiographique est le chef-d'oeuvre de Charles Dickens et l'une des oeuvres les plus célèbres et attachantes de la littérature anglaise.
Roman de l'enfance et de l'adolescence, histoire d'une éducation, aventure psychologique et morale de portée universelle, Les Grandes Espérances, avant-dernière oeuvre achevée de Dickens, surprend par sa fraîcheur, le renouvellement constant de l'invention, le comique. Le héros-narrateur, Pip, passe de l'enfance dans un village, où il est apprenti-forgeron, à une adolescence fastueuse et dissipée à Londres. Les moments pathétiques alternent avec les instants cocasses. L'histoire du forçat enrichi et condamné à mort est digne de Victor Hugo. La présence des rêves, ou de certaines scènes fantastiques, comme la vue soudaine des gibets à l'entrée de la ville, donne au roman sa dimension poétique.
«Et l'incorruptible Professeur marcha lui aussi, détournant les yeux de l'odieuse multitude des hommes. Il n'avait pas d'avenir. Il le dédaignait. Il était une force. Ses pensées caressaient des images de ruine et de destruction. Il marcha, frêle, insignifiant, râpé, misérable... mais terrible dans la simplicité de son idée qui voulait appeler la folie et le désespoir à régénérer le monde. Personne ne le regarda. Il alla son chemin, insoupçonné et funeste, tel un fléau dans cette rue peuplée d'hommes.»
Il est difficile de résumer un roman de mille pages qui, sur fond d'un interminable procès, brasse des centaines de personnages, un panorama d'un Londres foisonnant, riche et misérable, et tout un système idéologique. L'histoire est en outre racontée par deux personnages différents, de manière très moderne. La structure démoniaque du procès « Jarndyce contre Jarndyce » sera conjurée, non par l'achèvement final et absurde du procès, mais par la bonté d'un homme, celui qui a précisément le malheur de porter ce nom maudit, et dont la vie aura été vouée à en amender inlassablement les effets destructeurs.
Lorsqu'il achève la publication en feuilleton, en novembre 1837, des Papiers posthumes du Pickwick Club, Charles Dickens (1812-1870) - âgé de vingt-cinq ans et connu sous le pseudonyme de Boz - est au seuil d'une gloire et d'un succès dont il ne se départira jamais plus. En lançant sur les routes de la campagne anglaise un duo donquichottesque composé d'un homme d'affaires à la retraite bedonnant et chauve et de son valet cockney, flanqué d'une troupe fantasque, Dickens réinvente le genre picaresque, célébrant avec nostalgie les coaching days, les beaux jours de la route, des diligences, des auberges et des relais de poste. Par son génie comique, ses joyeux épisodes de farce et de burlesque, ses dialogues truculents et sa tendre ironie à l'endroit des personnages, le texte charme rapidement les lecteurs qui se délectent du vibrant hommage rendu à la beauté idyllique et pastorale du pays anglais - antidote salutaire aux affres de l'ère industrielle et de la modernité. Annonciateur des romans de la maturité, Les Papiers posthumes du Pickwick Club jette à la fois les bases de l'oeuvre littéraire mais aussi celles de l'action réformatrice politique et sociale de son auteur. Chef-d'oeuvre d'humour et classique incontournable, le texte est ici présenté, comme dans les éditions du XIX? siècle, avec les gravures de Hablot K. Browne, dit Phiz, illustrateur et comparse indissociable de Boz. La présente édition propose de découvrir la vie du jeune Dickens, de parcourir l'histoire éditoriale de ce qui fut l'un des plus grands succès de librairie du siècle, dans une Angleterre victorienne en pleine mutation sociale et culturelle, où le divertissement est une affaire sérieuse, où l'art de rire n'est pas l'apanage des puissants.
Adolescent, Walter Scott se réfugiait dans la campagne écossaise pour raconter à un ami d'interminables histoires de chevaliers errants, de batailles, d'enchantements. Il attendra toutefois d'avoir la cinquantaine pour écrire des romans d'aventures médiévales. Ivanhoé (1819), le premier du genre, demeure sans conteste l'étendard de son oeuvre romanesque aux yeux des Français. Rien de plus familier que la figure de ce héros à jamais fidèle à son souverain menacé, Richard Coeur de Lion. Et chacun garde en mémoire la scène du tournoi d'Ashby, avec son cortège de chevaliers masqués, ou l'apparition de Robin des Bois venu prêter main forte à Richard, qui entend bien reprendre son trône à son frère, Jean sans Terre. Retour en arrière avec Le Talisman (1825), qui relate l'épisode des Croisades précédant le retour en Angleterre du roi Richard. Jusqu'à la révélation finale, nul n'est véritablement celui qu'il dit ou paraît être:les héros changent d'identité aussi vite que de déguisement. Déjà Quentin Durward (1823) évoquait deux animaux politiques antagonistes, Louis XI et Charles le Téméraire. À leur époque, le XV? siècle, les valeurs de la chevalerie n'ont plus cours, l'honneur est une vertu oubliée, le monde dépeint par Scott bascule dans la barbarie. Quentin, le jeune archer écossais, l'apprendra à ses dépens; il devra composer avec quantité de complots, de trahisons, d'alliances maléfiques et mortifères. Ces trois oeuvres, ici publiées dans des traductions nouvelles, sont autant d'illustrations d'un mythe, la chevalerie, envisagée de sa gloire à son déclin, du XII? au XV? siècle. Le volume propose, en appendice, de larges extraits d'un article, commande de l'Encyclopaedia Britannica, dans lequel Scott analyse en philosophe la grandeur et la décadence de cette institution.
Sur l'île antillaise de Sainte-Catherine se trouve un volcan en activité, au cratère recouvert d'un lac épais et chaud. Mitchell Wilson, un jeune expatrié américain, y mène des expériences pour le compte du Ministère de l'Agriculture. Mais voilà que la situation politique se dégrade, entraînant Mitchell au coeur des rivalités sanglantes du gouvernement. C'est aussi le moment que choisit la séduisante Johanna, son amour d'autrefois, pour réapparaître dans sa vie et détruire définitivement l'image paradisiaque de l'île. Désormais l'éruption devient inéluctable, car rien ne semble pouvoir contenir les forces de la nature ni les tensions humaines.
Paradis de solitude ou société en miniature, les îles de ce recueil se disputent le statut de territoire pour naufragés. Il y a d'abord cet Américain, expatrié dans les Caraïbes, qui se retrouve à devoir conserver sa mère décédée dans la chambre froide de son hôtel. Et aussi ces deux insulaires qui, malgré eux, fomentent un début de révolution. Sans parler de ce trafiquant de drogue pourchassé par la police, qui plonge dans l'océan avant d'être sauvé par un bateau rempli de réfugiés. Tous affrontent ici des mers incertaines.
Un inconnu - sa malle de voyage indique «Barbox Frères» - descend sur un coup de tête du train à 3 heures du matin sur le quai de Mugby, noeud ferroviaire au sud de Birmingham. Ayant fait la connaissance de M. Lalampe, préposé à la signalisation, et de sa fille Phébé, il s'arrête quelques jours dans cette petite ville pour faire le point sur sa vie et décider d'un nouveau chemin qui le rendra enfin heureux. Quelle meilleure idée que d'essayer chacune des sept destinations qui partent de l'Embranchement de Mugby ? Et si le bonheur se trouvait justement là, au carrefour des voies de chemins de fer ? Un conte malicieux sur la recherche du bonheur et la destinée.
Ce quatrième volume des oeuvres de Dickens dans la Pléiade réunit deux romans comme ils l'ont été à l'origine dans une publication périodique. À cette forme répondent admirablement, dans Le Magasin d'antiquités, les haltes du voyage de la petite Nell et de son infortuné grand-père. Tout différent, Barnabé Rudge s'inspire des émeutes qui déferlèrent sur Londres en 1780. Roman historique? Sans doute, mais surtout roman de la fatalité, qui fait grouiller à nos yeux tout un petit monde avec ses soucis et ses intrigues, pour montrer ce qu'ils deviennent dans la bourrasque.
«Malgré le modernisme de la pensée et de la manière de Dickens dans La Maison d'Apre-Vent et dans les Récits pour Noël et autres, ce roman et ces contes et nouvelles restent des oeuvres marquées par leur époque. Il serait vain de dissimuler que, dans la mesure où ces livres cherchent à défendre et illustrer des valeurs, ce sont celles du coeur plus encore que celles de l'intelligence.
Mais pourquoi chercherait-on à le dissimuler ?Pourquoi le monde d'aujourd'hui refuserait-il d'être touché par la tendresse, la générosité, la délicatesse qui émanent de telles oeuvres, où elles sont servies par un art ferme et mûr ? Notre temps n'est pas friand de vertu, de gentillesse, d'élévation d'âme, de profondeur de sentiment. Il ne serait pas loyal de ne pas souligner que Dickens écrivait en premier lieu pour ses contemporains, pour un public qui en avait le goût. Mais la qualité de sa prose et de son imagination a permis à son oeuvre de triompher de l'épreuve du temps ; on peut espérer que ses éminents mérites littéraires permettront aux nouveaux lecteurs de La Maison d'Âpre-Vent et des Récits pour Noël et autres de lui pardonner d'être en même temps, à l'évidence, un homme de coeur, voire de lui en être reconnaissant.» Sylvère Monod.
La trajectoire de Joseph Conrad, ce sont deux vies successives et apparemment opposées : une carrière de marin qui dure vingt ans (de 1874 à 1894) et lui fait parcourir le monde, puis trente ans de quasi immobilité en Angleterre où va naître son oeuvre.
Il n'en bougera que pour de brefs séjours en France, en Italie, en Suisse, en Pologne, aux États-Unis. Est-il devenu un autre homme, ce " capitaine de marine " qui, comme le note plaisamment son ami le sculpteur Jacob Epstein, " détestait le grand air " ? Ce qui est sûr, c'est que le petit Polonais Konrad Korzeniowski est devenu le grand écrivain anglais Joseph Conrad. Suivant tour à tour cinq pistes - Où Conrad a-t-il voyagé ? Quand ? Comment ? En quelle compagnie ? Pourquoi ? -, Sylvère Monod se livre à une exploration pleine de finesse et de perspicacité, nous donnant à voir l'homme Conrad, sous tous ses aspects.
Mais surtout, il met peu à peu en lumière la relation entre la vie et l'écriture, le marin ayant engrangé dans son subconscient le matériel de l'oeuvre futur, tout entier projeté déjà, sans le savoir, vers ce qui va devenir la grande aventure de la vie de Conrad : la littérature. Car jamais ne se dément l'extraordinaire faculté d'observation, d'enregistrement, d'assimilation, de recréation imaginative de celui qui, du fond de sa campagne anglaise, se souvient de " l'Orient, parfumé comme une fleur, silencieux comme la mort, sombre comme une tombe ".
Premier roman social de l'ère victorienne, le récit des tribulations du jeune héros permet de dénoncer l'hypocrisie des oeuvres de charité et de peindre avec réalisme la misère des bas-fonds de Londres. Dickens alterne et manie avec brio le ton du mélodrame et l'art de la satire.