Contrairement à ce que son titre pourrait laisser croire, cet ouvrage s'adresse aux lecteurs de tous âges. Il encourage une éducation libertaire, proscrivant toute forme de fanatisme ou d'oppression et appelle à la construction d'une société dans laquelle filles et garçons pourraient grandir libres et inspirés par des valeurs d'entraide, d'égalité, et d'amour.
"Aide", "aime et protège", "cultive", "étudie", "n'asservis personne"...
Les grands principes de l'anarchie sont universels et profondément humanistes.
Pour tous les parents, et leurs enfants, anarchistes ou non !
Magnifique !
À partir de 1933, le philologue allemand Victor Klemperer tient un journal dans lequel il consigne toutes les manipulations du IIIe Reich sur la langue et la culture de son pays. Offrant un décryptage inédit de la novlangue nazie qu'il baptise LTI : Lingua Tertii Imperii, ses notes montrent comment le totalitarisme et l'antisémitisme s'insinuent dans le langage courant et s'inscrivent au plus intime de chacun. Par l'adoption mécanique et inconsciente de l'idéologie que véhiculent les mots, les expressions et les formes syntaxiques, cette langue de propagande agit comme un poison. LTI est plus qu'un acte de résistance et de survie, c'est un classique et une référence pour toute réflexion sur le langage totalitaire. Fils de rabbin,Victor Klemperer (1881-1960) fut professeur de philologie et de littérature française avant d'être destitué en 1935 pour être affecté à un travail de manoeuvre dans une usine. Il échappa de justesse à la déportation, puis à la mort lors du bombardement de Dresde. Après la guerre, il redevint professeur d'université dans la nouvelle RDA.
Passionnant et édifiant, ce document incroyable montre comment le régime nazi a détruit les esprits avec une arme, le langage. Un essai qui a des résonnances évidentes avec notre époque !
«chaque 10 janvier de sa vie depuis soixante ans maman reste couchée elle te remet au monde c'est de ça que je veux parler de ça et de rien d'autre» Dans Dix-sept ans, Éric Fottorino évoquait le fantôme qui hantait le début de son roman familial : une petite fille née trois ans après lui et aussitôt arrachée à sa mère, Lina, puis adoptée dans la clandestinité d'une institution religieuse bordelaise. Mon enfant, ma soeur est d'abord la quête de cette inconnue. Ce monologue sensible, long poème en prose, se transforme peu à peu en une sidérante enquête qui conduira le narrateur sur la trace de sa soeur disparue. Éric Fottorino continue sa bouleversante recherche d'identité entamée en 1991 avec Rochelle, et poursuivie depuis avec Korsakov et L'homme qui m'aimait tout bas.
Il faut oser se jeter ainsi dans le vide, tirer le fil de ses plus intimes émotions et en accueillir le vertige... Cette adresse à la sœur inconnue prend la forme d'un récit en vers libres, incarné, intense et au lyrisme pudique, chant psalmodié pour dire la douleur de la mère, vaincre le silence et raconter la vie sans elle. Par l'écriture creuser la déchirure originaire, en interroger le mystère et tisser un lien pour combler la béance, en imaginant une complicité rêvée comme autant d'éclats d'enfance, par-delà l'injustice des vies parallèles. Alors la quête intérieure de cette cadette confisquée se mue en actes, revenir la chercher devient une urgence pour mettre fin à l'attente indicible et tenace, connaître la vérité, restituer une fille à sa mère. Et peut-être, enfin, réparer. Déchirant, sensible, lumineux
Autopsie d'une passion.
- Rentrée littéraire 2023 - Quand j'ai rencontré l'écrivain qui allait devenir mon mari, j'ai cru à une vie possible. Malgré l'ambiguïté de nos rapports mêlant intimement séduction et littérature, l'amour fou existait. Puis tout a basculé. L'inspiration est devenue transgression, jusqu'à rendre la famille dysfonctionnelle. Pendant des mois, j'ai voulu m'échapper, en vain.
Mon histoire est celle d'une femme mariée en proie à l'emprise. La descente aux enfers que j'ai vécue, je devais l'écrire pour qu'émerge la vérité.
Vue comme une éternelle muse, Eva Ionesco a été suffisamment dépouillée de son histoire. Sa voix n'en est que plus forte, et son écriture, depuis son premier roman, est une prise de pouvoir radicale.
Sa vérité, crue, sensible, amoureuse, noire, est là, implacable. La plus belle réponse aux vampires.
Quand, du haut de ses quinze ans, Ortie se retournait sur son enfance, c'était là qu'elle se retrouvait : sur le sofa de Tante Viv, entre ses deux soeurs. Épine, préadolescente aussi brillante que contradictoire, source infinie de portes claquées, qui remplissait 90 % de l'attention de leur sorcière de mère. Et la petite Ronce, qui avait une façon bien personnelle d'occuper les 10% restants. C'est à cette époque-là que tout a vrillé. Là qu'Ortie a commis un impair de catégorie supérieure, qui lui a pavé la voie vers de très sérieux problèmes.
Gros coup de coeur !!
Un merveilleux roman de Fantasy contemporaine qui revisite complètement le genre et qui nous offre un récit absolument époustouflant ainsi que des personnages marquants et attachants.
Superbe !!
14 ans et plus
Ohio, 1860. Silas Bird, douze ans, est réveillé en pleine nuit par trois cavaliers qui enlèvent son père sous ses yeux. Lorsqu'un singulier poney à tête blanche apparaît sur le seuil de sa cabane, Silas n'a plus qu'une idée : partir à bride abattue à la poursuite des ravisseurs. Accompagné d'un ami étrange et fidèle nommé Mittenwool, il se lance dans un périlleux voyage à travers les grands espaces et la nature sauvage amércaine sur les traces de son père... et du secret de sa famille.
Que vous dire à part que ce roman est absolument SUPER !! Dans une ambiance wester, vous plongerez directement en plein coeur de l'Ohio au XIXè siècle, ou vous découvrirez le personnage de Silas, un jeune garçon un peu spécial parti à la recherche de son père enlevé par des truands ! Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir cette merveilleuse histoire.
14 ans et plus
Voici l'histoire que je dois te raconter, Saule. C'est l'histoire d'une famille, d'une maison et d'un pays. Elle commence à la veille d'une guerre planétaire, dans une ferme de hameau qu'on appelle Les Chaumes. Elle s'achèvera un siècle plus tard, au même endroit. Entre ces deux époques, tu verras vivre ici quatre générations hantées par des secrets et des fantômes. Tu verras changer les saisons, les habitudes, les lois et les gouvernements. Tu verras des hommes tomber amoureux, rêver de grandes choses, partir à la guerre et en revenir sans mot et sans gloire. Jusqu'à moi. Jusqu'à toi.
Découvrez la famille Balaguère à travers les générations. Un roman absolument INCROYABLE qui vous fera voyager à travers le temps et l'Histoire - de l'aube de la Grande Guerre à nos jours - grâce à la MAGNIFIQUE plume d'Anne-Laure Bondoux.
J'ai lu ce roman sans pouvoir m'arrêter.
Sublime
«Aimer des femmes d'ici était trop compliqué, elles avaient une famille, un père, un frère, un honneur qui les obligeaient à ne pas brûler les étapes. Voire à faire demitour si elles étaient chypriotes turques comme Aridné.» Quand Ariana apprend que son père a décidé de vendre le 14 rue Ilios, elle reste stupéfaite. La maison familiale est inaccessible depuis l'invasion de Chypre par l'armée turque en 1974. Pourtant, Ariana refuse de se défaire de cet héritage. Avant que les bulldozers ne rasent toute trace du passé, elle convainc une jeune journaliste d'écrire l'histoire de ses grands-parents, le discret Ioannis et la fl amboyante Aridné. Lui chypriote grec, elle chypriote turque. Ils se sont rencontrés dans les années 1960 à Varosha, et pendant que leur amour grandissait, l'île, déjà, se déchirait...
En 1962, Andreas, Chypriote grec, tombe amoureux d'Aridné, Chypriote turque... mais la guerre civile éclate.
Anaïs Llobet, à travers l'histoire d'une ville sacrifiée, nous raconte le déchirement d'une île et de ses habitants. Un récit poignant.
Vice d'un homme, vice d'un ordre, vice d'une époque. Découverte dans les tiroirs secrets d'un secrétaire à cylindre, la correspondance du chevalier de Saint-Sauveur court sur tout le XVIIIe Siècle et dessine l'effarant portrait d'un malfaisant. En exposant les turpitudes de l'infâme libertin et la constance de ses infortunes, la publication de ces lettres participera, espérons-le, au triomphe de la Vertu.
L'écriture virevoltante d'Alain Ayroles, nourrie aux grands classiques de la littérature, nous emballe une nouvelle fois.
Ce théatre des ombres nous emporte dans le siècle des libertains, une franche réussite.
Ruth Orkin (1921-1985) n'a que 17 ans lorsqu'elle enfourche sa bicyclette et inaugure un « bike trip » à travers les Etats-Unis en 1939, de Los Angeles à New York. Sa traversée et son audace assez inhabituelle pour l'époque suscitent la curiosité des gens et de la presse locale qui lui consacre de nombreux reportages. Cette épopée prend les allures pour la jeune femme d'un voyage initiatique au cours duquel elle esquisse les prémices de son écriture photographique. Ses photographies de scènes de rue, de bâtiments découpés par des jeux subtils de lumière, ses images poétiques et touchantes seront montrées pour la pour la première fois en France à l'occasion d'une exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson du 19 septembre 23 au 14 janvier 24.
Partir seule à 17 ans, en 1939, travaerser les Etats-Unis à vélo, ça parait déjà dingue. Mais ramener de ce voyage de telles images, c'est carrément du génie !
On voit avec émotion l'oeil de Ruth Orkin s'aiguiser au fil des pages, et il émouvant de constater que son sens du cadrage et du contraste est quasiment inné...
Un livre merveilleux si vous aimez la photographie !
L'enseignement des classiques grecs et latins est-il un antidote efficace contre la barbarie de notre époque ?
Oui et non, car on a utilisé ces mêmes classiques pour justifier la barbarie. Par exemple, les nazis et les fascistes ont nourri leurs idéologies respectives au nom des racines classiques de l'Occident, afin de prôner la pureté de la race ou bien la virilité romaine. Aujourd'hui, on invoque ces racines pour confirmer la prétendue supériorité de notre civilisation, et pour cautionner les diverses revendications nationalistes, ou encore les développements modernes de l'impérialisme occidental. Les exemples de ce que l'on peut appeler la mauvaise réception de l'Antiquité sont légion : on verra ce psychiatre militaire américain inspiré par les poèmes homériques ; on évoquera le débat sans merci entre Martin Bernal et ses détracteurs ; le bêtisier sur la démocratie dans la Grèce antique ; l'usage et l'abus du mythe d'Antigone, de Hegel à Agamben;
Les controverses sur les statues antiques ; le conflit idéologique entre la Grèce et la Macédoine du Nord sur l'identité d'Alexandre le Grand ; le kitsch gréco-romain de Las Vegas ; les débats anciens et modernes au sujet de l'intégration des étrangers à Rome.
Un essai vif et piquant où règne le goût du gai savoir.
Si l'antiquité continue d'être bien vivante dans notre société elle est malheureusement bien souvent maltraitée par de mauvaises interprétations.
Jubilatoire et édifiant ce livre nous pousse à une meilleure érudition.
« Le portrait originale, scandaleux, inoubliable d'un homme qui essaie de survivre et sombre en même temps. Stahl a du cran, du coeur, un langage très personnel et un sens de l'humour aussi horrible que débridé », écrit Tobias Wolff à propos de "Mémoire des ténèbres". Dans ce texte, son premier et le plus autobiographique, Jerry Stahl retrace avec une sincérité hilarante et douloureuse sa dégringolade à Hollywood sous l'effet dévastateur d'une addiction aux drogues et d'une dépression abyssale. Où l'on découvre que la vie de Jerry est encore plus spectaculaire et insensée que toutes ses fictions.
Récit enervé, féroce, et désespérement drôle des années hollywoodiennes de Jerry Stahl, entre spirale narcotique et absurdité d'un système qui déshumanise tout jusqu'au ridicule.
Aussi noir qu'hilarant !
Partout en Europe, et indépendamment des scandales qui les traversent, les Églises chrétiennes font face à des difficultés majeures et voient de plus en plus de fidèles déserter leurs rangs. On pourrait sans doute s'en réjouir. Après tout, la religion peut être perçue comme une force obscurantiste et réactionnaire, voire archaïque, un obstacle dressé face aux choix rationnels et aux élans émancipateurs de la modernité.
Le célèbre sociologue Hartmut Rosa, lui, suggère une tout autre analyse et s'inquiète des effets de cette crise : que se passe-t-il quand la religion dans son ensemble n'a plus d'écho dans les sociétés démocratiques ? Que perd la société quand la religion n'y joue plus aucun rôle ? Quel est l'avenir d'une démocratie sans religion ? Est-il vraiment sage de renoncer au riche trésor du religieux ?
Avec son acuité habituelle, Hartmut Rosa nous montre que cette situation de crise aiguë coïncide avec le triomphe d'un rapport instrumental au monde né à l'aube de la modernité capitaliste. Ainsi, ce que nous perdrions avec l'effacement de la religion, ce ne sont pas seulement une série d'histoires, de croyances ou de rituels, mais avant tout une capacité à entrer en résonance avec le monde, à le laisser venir à nous et à lui permettre de guérir des traumas que nous lui avons infligés.
Adapté d'une conférence, ce texte est une excellente introduction à la pensée, passionnante, d'Hartmund Rosa.
Face à la frénésie d'un monde moderne qui nous étouffe le sociologue nous propose un retour au spirituel, à la contemplation et à la résonance.
Un texte qui ne peut faire qu'écho avec notre quotidien.
Sur les hauteurs de la colline du Pincio à Rome, niché dans les jardins de la Villa Médicis, un pavillon privé, orné de fresques d'oiseaux, de nymphes et de grotesques, accueillera les amours secrètes de Clélia Farnèse.Fille illégitime du cardinal Alessandro Farnese, épouse du baron Cesarini, maîtresse de Ferdinand de Médicis, Clélia Farnèse, beauté enviée et esprit libre dans un monde d'hommes, incarne la grandeur et la décadence de son époque. Portée aux nues avant d'être jetée en pâture, elle paiera de sa vie son désir de liberté et d'indépendance, sa soif d'art et de culture.Renouant avec la sensibilité italienne de Concours pour le Paradis, prix du Premier roman, Clélia Renucci livre, sur fond de complots et d'ambitions entre grandes familles dans le crépuscule de la Rome renaissante, le roman fascinant et terrible d'une femme dont elle saisit l'intime vérité, close entre les murs du Pavillon des oiseaux.Sélection rentrée littéraire : Les 30 romans préférés des libraires Furet du Nord-Decitre Passionnant et envoûtant. Page des libraires Clélia Renucci nous emporte dans une aventure étourdissante. JDD
Après Concours pour le Paradis (Prix du premier roman, 2018), Clélia Renucci - qui a un don incroyable pour nous raconter de belles histoires - nous embarque à nouveau en pleine Renaissance italienne, au XVIe siècle, pour nous faire découvrir la passionnante Clélia Farnèse.
Un superbe roman historique qui ne laissera personne indifférent.
Quand Homeira s'oppose à ce que son mari prenne une deuxième épouse, elle se voit contrainte de fuir l'Afghanistan en laissant son fils derrière elle... Un récit autobiographique bouleversant Homeira naît en 1980 à Hérat, en Afghanistan, dans une maison où se côtoient trois générations qui tentent de survivre tour à tour à l'occupation soviétique, à la guerre civile puis à la première prise de pouvoir des talibans. Au sein de ce foyer aimant, l'enfant chérit les livres et la liberté, se révolte contre les privilèges accordés aux hommes et les interdits visant les filles. Adolescente, elle va jusqu'à animer une école clandestine dans une mosquée.
Mais plus Homeira grandit, plus la vie s'assombrit. Elle accepte le mariage avec un inconnu, puis finit par fuir son pays. Elle fera de son existence un combat pour l'instruction et pour le droit des femmes.
Portrait d'un peuple qui vit sous la férule des talibans, Danser dans la mosquée est aussi une adresse à son fils dont elle a été séparée. Dans des lettres poignantes, Homeira Qaderi dessine l'espoir de retrouvailles dans un pays délivré de l'obscurantisme.
Danser dans la mosquée se lit vite, sans répit. Homeira Qaderi est une formidable conteuse. Karen Huard, ELLE Traduit de l'anglais par Cécile Dutheil de La Rochère.
Ce récit incroyablement romanesque et pourtant authentique donne à entendre la voix rare et précieuse d'une Afghane, femme de tête et de cœur, âme ardente et libre férue de littérature et chantre de la résistance par l'instruction, qui a bravé les talibans pour s'emparer de son destin avec courage, pugnacité, et continue plus que jamais à se battre pour ses sœurs d'infortune. Entre ombres et lumière, légendes et réalité, ce texte passionnant et follement attachant qui est aussi la lettre d'une mère à son fils se lit comme un témoignage d'espoir farouche, bouleversant, nécessaire.
Ce livre parle d'aujourd'hui, de nos asphyxies et de nos grands besoins d'air. Parce qu'une atmosphère assez irrespirable est en train de devenir notre milieu ordinaire.
Et l'on rêve plus que jamais de respirer : détoxiquer les sols, les ciels, les relations, le quotidien, souffler, respirer tout court.
Peut-être d'ailleurs qu'on ne parle que pour respirer, pour que ce soit respirable ou que ça le devienne. Il suffit de prononcer ce mot, « respirer », et déjà le dehors accourt, attiré, aspiré, espéré à l'appel de la langue.
A l'ami qui m'a offert ce livre, merci !
Une bouée de sauvetage dans ce monde qui suffoque, une bulle d'air en forme de réflexion philosophique...
En bref, une providentielle (et brillante) respiration.
Il me faut tout savoir, les odeurs, les bruits, et surtout la lumière de Tanger, qui se fraye à l'aube un chemin entre les interstices étroits des persiennes, peu importe la place du soleil.
Par ces mots débutent les premiers jours de Manelle au Maroc, au début des années 1950. Par ces mots, toujours, Lina découvre les vingt ans de cette grand-mère qui vient de les quitter, emportant l'ailleurs qu'elle gardait secret. Elle décide de prendre un aller sans retour pour retracer sa trajectoire dans ce pays encore étranger. Derrière le noir et blanc des cartes postales de l'époque, celles dont Manelle disait qu'elles permettaient de tout inventer, la ville d'hier ouvre ses portes au son des voix de Radio Le Caire, des contes de rues et des cafés au-dessus de la mer. Sous statut international, elle abrite l'esprit de la Beat Generation qu'on lui connaît encore aujourd'hui, mais aussi le théâtre d'une résistance de l'ombre contre le protectorat et la naissance des premières associations de femmes luttant pour leurs revendications. Dès ses premiers pas à Tanger, Lina se plonge à son tour dans la fougue et la liberté de celle qui l'a précédée, touchant du doigt sa propre histoire et les mémoires indicibles qui façonnent notre héritage. Et répond ainsi aux questions qui guident chacune de nos pertes : Qui devient-on quand on nous quitte ? Quelle place, au monde, nous donnent ceux qui partent ?
Un premier roman tout en douceur, qui fait de Tanger un personnage et d'une grand-mère aimée, tout juste disparue, un ailleurs à (re)conquérir. À lire pour la délicatesse et la justesse de ses mots.
Octobre 2017. Daesh perd du terrain. Un mystérieux chef de l'organisation islamiste contacte les services français et déclare vouloir faire défection. Victoire Le Lidec, jeune analyste de la Direction générale de la sécurité extérieure, déçue par les perspectives de carrière qui lui sont offertes, décide de frapper fort. Son objectif : instrumentaliser le recrutement de ce transfuge pour monter sa propre opération de contre-terrorisme. La seule personne qui peut l'aider dans cette tâche est son ancien instructeur, Nikolaï Kozel, tombé en disgrâce dans son service à la suite d'un fiasco en Libye. Mais peut-elle encore faire confiance à cet ancien légionnaire au passé trouble ?
Le premier titre de la collection de romans d'espionnage de Gallimard... Et c'est haletant, documenté, bref, on y est !
Pour les amateurs du Bureau des légendes, de John Le Carré, et pour tous les curieux.
Une réussite !
Palmarès des libraires - Livres hebdo 2023Sélection Prix Femina Etranger 2023« Quand j'étais en prison, j'ai reçu un dictionnaire. Accompagné d'un petit mot : Voici le livre que j'emporterais sur une île déserte. Des livres, mon ancienne professeure m'en ferait parvenir d'autres, mais elle savait que celui-là s'avérerait d'un recours inépuisable. C'est le terme sentence que j'y ai cherché en premier. J'avais reçu la mienne, une impossible condamnation à soixante ans d'emprisonnement, de la bouche d'un juge qui croyait en l'au-delà. »Après avoir bénéficié d'une libération conditionnelle, Tookie, une quadragénaire d'origine amérindienne, est embauchée par une petite librairie de Minneapolis. Lectrice passionnée, elle s'épanouit dans ce travail. Jusqu'à ce que l'esprit de Flora, une fidèle cliente récemment décédée, ne vienne hanter les rayonnages, mettant Tookie face à ses propres démons, dans une ville bientôt à feu et à sang après la mort de George Floyd, alors qu'une pandémie a mis le monde à l'arrêt...On retrouve l'immense talent de conteuse d'une des plus grandes romancières américaines, prix Pulitzer 2021, dans ce roman qui se confronte aux fantômes de l'Amérique: le racisme et l'intolérance. Une histoire palpitante, flamboyante et délicieusement agitée. Page des Libraires
La Sentence est un bel hommage aux librairies et à leurs fantômes, ainsi qu'aux vivants qui luttent pour leurs droits. Un excellent roman bourré d'humour aux personnages très attachants !
Pucelle
Après Hamnet, Maggie O'Farrell nous entraîne dans la Renaissance italienne pour redonner vie à une femme libre, rebelle, incomprise. Portée par une écriture d'une beauté inouïe, une oeuvre lumineuse et poignante.
C'est un grand jour à Ferrare. On y célèbre les noces du duc Alfonso et de Lucrèce de Médicis. La fête est extravagante et la foule n'a d'yeux que pour le couple.
La mariée a quinze ans.
Rien ne l'avait préparée à ce rôle. Elle n'était que la troisième fille du grand duc de Toscane, la discrète, la sensible, celle dont ses parents ne savaient que faire. Mais le décès soudain de soeur aînée a changé son histoire.
La fête est finie, Lucrèce est seule dans un palais immense et froid. Seule face aux intrigues de la cour. Seule face à cet homme aussi charismatique que terrifiant qu'est son mari.
Et tandis que Lucrèce pose pour le portrait de mariage qui figera son image pour l'éternité, elle voit se dessiner ce que l'on attend d'elle : donner vie à un héritier. Son propre destin en dépend...
Après Hamnet, Maggie O'Farrell confirme son talent de portraitiste. Le tableau qu'elle nous offre de la courte vie et du très bref mariage de Lucrèce de Médicis est aussi terrifiant qu'il est beau à lire. Un roman captivant !
Roumaine de naissance, française de plume, la princesse Bibesco (1886-1973), l'un des auteurs les plus lus de l'entre-deux-guerres, rivale de Colette et Anna de Noailles, admirée de Marcel Proust, Rainer Maria Rilke et Paul Claudel, fut un personnage flamboyant. Elle traversa le vingtième siècle en ne laissant jamais personne indifférent sur son sillage.
Son originalité séduisait ou agaçait. Jet-setteuse avant l'heure, elle fut une insatiable voyageuse de l'Orient-Express, une intrépide pionnière des airs à bord des premiers avions. Grande séductrice, sa poursuite de l'amour fut passionnée et désenchantée, du roi Alphonse XIII à Henry de Jouvenel. Diplomate de l'ombre, elle fut l'intime de ceux qui font l'Histoire, intriguant subtilement et dangereusement pour défendre les intérêts de son pays et la paix en Europe.
Marthe Bibesco a tout vécu, les tragédies de son siècle, les drames intimes et les trahisons, la célébrité, le luxe inouï et l'exil désargenté à Paris à partir de 1945. Pendant onze ans, elle a été séparée de sa fille unique, enfermée en Roumanie communiste. Jamais elle ne s'est résignée.
Aude Terray est allée sur ses traces en Roumanie, à Londres et à Paris. Elle nous livre un portrait intime d'une femme incandescente et complexe.
Cette aristocrate issue d'une haute lignée traversa le XXème siècle avec un certain aplomb et infiniment de panache.
Loin d'être une simple chronique mondaine cet essai qui se lit d'une traite embrasse la dimension tragique de cet incroyable destin, un pur délice !
Elisabeth Forster fut l'unique soeur de Friedrich Nietzsche, écrivain, philologue, philosophe, être perpétuellement souffrant, vivant dans une solitude totale. De deux ans sa cadette, elle fut sa première lectrice, compagne, admiratrice. Tôt, elle se promet de tout faire pour que brille l'oeuvre de son frère à laquelle elle n'entend rien. En effet, elle fera tout. Le soignera, l'assistera, le portera. Et ira jusqu'à vendre ses écrits à Adolf Hitler, homme que Friedrich eut haï s'il l'avait connu.
Dans ce roman écrit d'un souffle, Guy Boley retrace chaque épisode de leurs vies : leur enfance complice à Naumburg, leur vie conjugale à Bâle où Fritz est professeur et où Lisbeth l'assiste, les week-ends chez les Wagner puis la rupture ; l'affaire Lou-Salomé, le mariage d'Elisabeth avec Bernhard Forster, antisémite déclaré avec lequel elle part en 1886 au Paraguay, fonder la colonie Nueva Germania. Pour revenir trois ans après, au chevet de son frère tombé dans la folie, inconscient, alité, qu'elle dit soigner mais qu'elle va trahir et spolier.
Amour, solitude, vengeance, trahison ; ambition dévorante, génie, haine, héritage, cruauté. Tout y est. Même les dieux qui Là-Haut jouent aux dés. L'équivalent en prose d'un drame shakespearien.
Dans une langue musicale, habitée et au souffle lyrique, Guy Boley nous offre une évocation formidablement incarnée et attachante de Nietzsche.
Un homme meurtri dans son corps mais terriblement vivant, aimant l'art et la beauté du monde, à la puissance créatrice hors norme, un être incandescent, "de la dynamite" pure qui voue sa vie à l'écriture d'une pensée souveraine, iconoclaste et vivifiante. Et la véritable prouesse, en nous parlant de son âme sœur d'abord éblouie et dévouée, est d'en faire notre frère à tous, flamboyant, libre et sans concession mais "aux yeux d'enfant perdu". Car on ne peut s'approcher autant de la lumière sans y perdre l'esprit, brûlé par une telle fulgurance... Alors les ténèbres l'emportent et la cadette possessive s'en saisit pour mieux asseoir sa revanche, arriviste jusqu'à la trahison et à l'obscénité, ajoutant même à la nuit du brouillard...
Quel talent de conteur, quel sens du récit, des grandes envolées et des péripéties : on rit, on est ému, on vibre à ce destin brillant, déchirant, époustouflant !!
Pucelle
Florence, 1557. Le peintre Pontormo est retrouvé assassiné au pied des fresques auxquelles il travaillait depuis onze ans. Un tableau a été maquillé. Un crime de lèse-majesté a été commis. Vasari, l'homme à tout faire du duc de Florence, est chargé de l'enquête. Pour l'assister à distance, il se tourne vers le vieux Michel-Ange exilé à Rome.
La situation exige discrétion, loyauté, sensibilité artistique et sens politique. L'Europe est une poudrière. Cosimo de Médicis doit faire face aux convoitises de sa cousine Catherine, reine de France, alliée à son vieil ennemi, le républicain Piero Strozzi. Les couvents de la ville pullulent de nostalgiques de Savonarole tandis qu'à Rome, le pape condamne les nudités de le chapelle Sixtine.
Perspective(s) est un polar historique épistolaire. Du broyeur de couleurs à la reine de France en passant par les meilleurs peintres, sculpteurs et architectes, chacun des correspondants joue sa carte. Tout le monde est suspect.
Dans ce nouveau roman de Laurent Binet, jeux de dupes et faux-semblants sont érigés en art.
De Vasari à Cosimo de Médicis en passant par Michel-Ange et le pape Paul IV, Perspective(s) nous entraîne dans la poudrière qu'est Florence au XVIe siècle.
Terriblement addictif !
Pucelle
« En 1977, alors que je travaillais à Libération, j'ai lu que le Centre d'éducation surveillée de Belle-Île-en-Mer allait être fermé. Ce mot désignait en fait une colonie pénitentiaire pour mineurs. Entre ses hauts murs, où avaient d'abord été détenus des Communards, ont été « rééduqués » à partir de 1880 les petits voyous des villes, les brigands des campagnes mais aussi des cancres turbulents, des gamins abandonnés et des orphelins. Les plus jeunes avaient 12 ans.
Le soir du 27 août 1934, cinquante-six gamins se sont révoltés et ont fait le mur. Tandis que les fuyards étaient cernés par la mer, les gendarmes offraient une pièce de vingt francs pour chaque enfant capturé. Alors, les braves gens se sont mis en chasse et ont traqué les fugitifs dans les villages, sur les plages, dans les grottes. Tous ont été capturés.Tous ? Non : aux premières lueurs de l'aube, un évadé manquait à l'appel.
Je me suis glissé dans sa peau et c'est son histoire que je raconte. Celle d'un enfant battu qui me ressemble. La métamorphose d'un fauve né sans amour, d'un enragé, obligé de desserrer les poings pour saisir les mains tendues. » S.C.
1934 : les enfants du bagne de Belle-Île-en-Mer se révoltent et 56 d'entre eux parviennent à s'évader. Tous sont repris, battus, humiliés. Tous sauf un : Jules Bonneau (l'autre), alias "La Teigne". Il devra apprendre à "desserrer les poings pour saisir les mains tendues."
Chalandon revient en cette rentrée littéraire avec un roman bouleversant, où rage et fraternité s'entremêlent.
Pucelle